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Le pouvoir Ouattara n’a rien à voir avec l’arrestation de Tiburce Koffi #CIV


Abidjan, le 6-6-15 (lepointsur.com)-Le pouvoir Ouattara depuis Abidjan n’a rien à voir avec l’arrestation de l’écrivain ivoirien, Tiburce Koffi  jeudi 4 juin, au terminal 2 de l’aéroport Charles de Gaulle, à Roissy comme veulent le faire certaines presses.

Tiburce Koffi explique les raisons de son arrestation en France #France

Tiburce Koffi en compagnie de Venance Konan, le 19 janvier 2011 à Paris. © Vincent Fournier pour J.A.

Tiburce Koffi en compagnie de Venance Konan, le 19 janvier 2011 à Paris. © Vincent Fournier pour J.A.

L’arrestation jeudi 4 juin, au terminal 2 de l’aéroport Charles de Gaulle, à Roissy de l’écrivain ivoirien Tiburce Koffi a fait couler beaucoup d’encre et salive. Certains confrères ont vite fait d’accuser le pouvoir Ouattara d’être à la base de l’interpellation de l’ancien proche de l’ex-Président Laurent Gbagbo devenu soutien d’Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010. Pourtant, raconte le confrère panafricain, Jeune Afrique qu’en provenance des États-Unis où Tiburce Koffi était parti, le 22 avril 2015,  rendre visite à sa famille, il se voit refuser l’accès au territoire français par les autorités aéroportuaires. Il lui est signifié qu’il a épuisé les 90 jours que lui autorise son visa. Un visa avec entrées multiples obtenu en janvier 2015, à Abidjan et valable jusqu’à la fin du mois de juin. Mais selon les textes en vigueur, un tel document ne donne droit qu’à 90 jours cumulables de présence sur le sol français.

C’est alors la procédure normale qui s’enclenche. Tiburce Koffi, qui est conduit en cellule de rapatriement, rappelle qu’il est un écrivain engagé, aujourd’hui en délicatesse avec le pouvoir en place en Côte d’Ivoire. C’est alors que les choses s’accélèrent. « Ils ont fait des recherches sur Google et sur Wikipédia pendant que j’étais en cellule, et quand ils ont pu vérifier la véracité de mes dire ils sont venus me faire deux propositions : retourner aux États-Unis ou faire une demande d’asile en France. » L’écrivain, surpris, opte pour la seconde proposition.

« J’ai été bien traité »

« Pendant que tout ceci m’arrivait, je priais et j’étais serein. J’avais la conviction que tout se terminerait pour le mieux », explique-t-il. Les délais pour traiter une demande d’asile peuvent aller de quelques jours à plusieurs années. Mais celle de Tiburce Koffi ne dure que quelques heures, au bout desquelles il reçoit la bonne nouvelle : sa demande d’entrée en France au titre de l’asile politique lui est accordée.

Il peut donc entamer la procédure pour obtenir le droit d’asile.

Un happy end pour l’écrivain qui, avec sa « grande gueule » légendaire, ajoute : « Pendant tout ce temps j’ai été bien traité, les autorités aéroportuaires ont été courtoises, je n’ai reçu ni offense, ni violence. C’est comme ça quand on est dans un pays qui respecte les droits de l’homme. J’étais venu dans l’optique de passer quelques jours à Paris afin de rencontrer mon éditeur et me voilà ‘réfugié politique’. C’est peut-être un signe pour me dire que je ne devais pas rentrer en Côte d’Ivoire« , explique l’écrivain, qui est récemment devenu croyant.

« Je ne fais pas du pouvoir en place mon épouvantail »

Car Tiburce Koffi envisageait de rentrer à Abidjan avant la fin de ce mois de juin, malgré les dissuasions de ses proches qui l’estiment menacé. « Je voulais partir à Abidjan pour voir ce qui allait m’arriver, explique-t-il. On ne peut pas vouloir tuer quelqu’un juste pour un livre qui dérange. À mon niveau, je ne fais pas du pouvoir en place un épouvantail », dit-il, un brin amusé.

Le livre qui dérange s’intitule « Non à l’appel de Daoukro« . Le journaliste y dénonce vigoureusement l’alliance entre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. Un livre qu’il qualifie lui-même de « navet » mais qui, paradoxalement, est le mieux vendu de toutes ses œuvres. Pour le journaliste, une conclusion s’impose : « Si les Ivoiriens se l’arrachent, c’est que mon livre dit des choses qui intéressent et interpellent le peuple, ce qui devrait pousser le régime en place à se remettre en cause. »

Sériba Koné avec Jeune Afrique

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