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Crise au Burkina-Charte de la transition/ Issa Zida rétablit la constitution et demeure toujours Président…


Le lieutenant-colonel Isaac Zida à Ouagadougou, au Burkina Faso, le 14 novembre.ISSOUF SANOG / AFP

Le lieutenant-colonel Isaac Zida à Ouagadougou, au Burkina Faso, le 14 novembre.ISSOUF SANOG / AFP

Voici le portrait robot du futur président de la transition

Abidjan, le 15-11-14 (lepointsur.com)La loi fondamentale avait été suspendue par le lieutenant-colonel Isaac Zida après les manifestations qui ont entraîné la chute de l’ancien président Blaise Compaoré. A Ouagadougou, les militaires expliquent leur choix de rétablir la constitution.

La suspension de la constitution est désormais levée au Burkina Faso. L’objectif, selon le colonel David Kabré, porte-parole du lieutenant-colonel Isaac Zida, est « d’engager le processus de mise en place d’une transition civile dans l’esprit de la constitution du 2 juin 1991et d’envisager le retour à une vie constitutionnelle normale. »

Par ailleurs, a-t-il précisé ce samedi 15 novembre à Ouagadougou, « le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida assume les responsabilités de chef de l’Etat pour assurer la continuité du pouvoir de l’Etat jusqu’à la mise en place des institutions de la transition ».

La Charte de la transition doit être signée ce dimanche

La Constitution rétablie, la signature officielle de la Charte de transition est désormais possible. Elle est prévue ce dimanche. Normalement, pour respecter les règles, le conseil constitutionnel devrait reconnaître la vacance du pouvoir. Blaise Compaoré en exil, le président de l’Assemblée nationale censé assurer l’intérim n’étant pas là, la Charte de transition une fois paraphée va devenir le texte fondateur du fonctionnement de l’Etat du Burkina Faso.

Le lieutenant-colonel Zida va donc assurer la fonction de chef de l’Etat en attendant la désignation du président de la transition. L’armée, l’opposition politique, la société civile travaillent sur un chronogramme précis pour les prochains jours, un calendrier qui prévoit les nominations dans les différents organes : présidence, gouvernement, Assemblée nationale.

lepointsur.com avec Rfi

 

PREAMBULE

Nous, représentants des partis politiques, des organisations de la société civile, des forces de défense et de sécurité, des autorités religieuses et coutumières du Burkina Faso, signataires de la présente Charte :

Nous fondant sur la Constitution du 2 juin 1991 ;

Considérant le caractère populaire de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 ayant conduit à la démission du Président Blaise COMPAORE ;

Considérant le lourd tribut payé par les filles et les fils du Burkina Faso ;

Considérant le combat pour la reprise du pouvoir par le Peuple ;

Considérant la contribution et le comportement patriotiques et républicains des forces de défense et de sécurité qui ont assuré la continuité du pouvoir d’Etat ;

Considérant la nécessité d’une transition politique, démocratique, civile, apaisée et inclusive ;

Considérant le nécessaire accompagnement de la Communauté internationale pour relever les défis majeurs auxquels le Burkina Faso sera confronté tout au long de la période de la transition ;

Considérant notre attachement aux valeurs et principes démocratiques tels qu’inscrits dans la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance du 30 janvier 2007 de l’Union Africaine et dans le Protocole A/SP1/12/01 du 21 décembre 2001 de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance ;

Tirant leçon de notre expérience politique et engagés à construire un véritable Etat de droit démocratique ;

Conscients de l’urgence de doter le Burkina Faso d’organes de transition afin de combler le vide institutionnel dans la conduite des affaires publiques ;

Approuvons et adoptons la présente Charte de la transition qui complète la Constitution du 2 juin 1991 et dont le présent préambule est partie intégrante.

TITRE I : LES VALEURS DE REFERENCE

Article 1 
Outre les valeurs affirmées par la Constitution en son préambule, la présente Charte consacre les valeurs suivantes pour guider la transition, ses organes et l’ensemble des personnalités appelées à la conduire :
– le pardon et la réconciliation ;
– l’inclusion ;
– le sens de la responsabilité ;
– la tolérance et le dialogue ;
– la probité ;
– la dignité ;
– la discipline et le civisme ;
– la solidarité ;
– la fraternité ;
– l’esprit de consensus et de discernement.

TITRE II : LES ORGANES DE LA TRANSITION

Chapitre 1 : Du Président de la transition

Article 2
Le Président de la transition occupe les fonctions de Président du Faso et de Chef de l’Etat. Il veille au respect de la Constitution et de la Charte de la transition.

Ses pouvoirs et prérogatives sont ceux définis par la présente Charte et au Titre III de la Constitution du 2 juin 1991 à l’exception de ceux incompatibles avec la conduite de la transition.

Le Conseil constitutionnel statue en cas de litige.

Son mandat prend fin au terme de la transition après l’investiture du Président issu de l’élection présidentielle.

Article 3
Tout candidat aux fonctions de Président de la transition doit remplir les conditions suivantes :

– être une personnalité civile ;
– être burkinabè de naissance ;
– être âgé de 35 ans au moins et de 75 ans au plus ;
– être compétent ;
– être intègre et de bonne moralité ;
– être impartial ;
– être une personnalité de notoriété publique ;
– n’avoir jamais fait l’objet d’une condamnation ou d’une poursuite judiciaire pour crime ;
– être reconnu pour son engagement dans la défense des intérêts nationaux ;
– avoir une connaissance du fonctionnement des institutions et une expérience de leur gestion ;
– n’avoir pas soutenu le projet de révision de l’article 37 de la Constitution ;
– n’être affilié à aucun parti politique.

Il ne saurait être une personne des forces de défense et de sécurité en activité, en disponibilité ou à la retraite.

Article 4
Le Président de la transition n’est pas éligible aux élections présidentielle et législatives qui seront organisées pour mettre fin à la transition.

La présente disposition n’est pas susceptible de révision.

Article 5
Le Président de la transition est choisi par un Collège de désignation sur une liste de personnalités proposées par les partis politiques, les organisations de la société civile et les forces de défense et de sécurité à raison de trois (3) personnalités au plus par composante.

Article 6
La liste des candidats de chacune des parties mentionnées à l’article 5 ci-dessus est déposée au siège du Collège de désignation sous pli fermé en trois (3) exemplaires dont l’original.

Article 7
La désignation du Président de la transition se fait sur la base des critères ci-après :
– le caractère consensuel de la personnalité au niveau national ;
– la capacité à conduire une nation et à gérer des situations de crise ;
– la capacité à conduire avec neutralité et objectivité les élections présidentielle et législatives ;

Article 8
Le Collège de désignation, qui prend en compte les jeunes et les femmes, se compose comme suit :
– cinq (05) membres représentant les partis politiques ;
– cinq (5) membres représentant les organisations de la société civile ;
– cinq (5) membres représentant les forces de défense et de sécurité ;
– 08 (huit) membres représentant les autorités religieuses et coutumières.

Excepté les représentants des partis politiques, les autres membres du Collège de désignation ne doivent pas être membres de l’organe dirigeant d’un parti politique.

Article 9
La procédure de désignation comporte deux (2) phases : une phase de présélection et une phase de sélection.
La présélection est opérée par le Collège de désignation en vue de retenir trois personnalités.

La sélection est précédée d’un entretien avec chacune des trois personnalités présélectionnées sur les motivations de leur candidature.

La sélection définitive se fait par consensus au sein du Collège de désignation.
Le candidat retenu est investi Président de la transition, Chef de l’Etat par le Conseil constitutionnel.

Article 10
Au cours de la cérémonie d’investiture, le président prête le serment suivant : « Je jure devant le peuple burkinabè et sur mon honneur de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la Constitution, la Charte de la transition et les lois, de tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso ».
Le Président du Conseil constitutionnel reçoit la déclaration écrite des biens du Président de la transition. Cette déclaration est publiée au Journal officiel.
Dans un délai maximum d’un mois suivant la fin de la transition, il reçoit une seconde déclaration écrite. Celle-ci est publiée au Journal officiel, accompagnée des justificatifs éventuels en cas d’augmentation du patrimoine.
Le Conseil constitutionnel, en relation avec la Cour des Comptes, veille à l’application des présentes et est investi de tous les pouvoirs pour établir le patrimoine des personnalités concernées.
Cette disposition s’applique également à tous les membres des organes de transition institués par la présente Charte, à l’entrée et à la fin de leurs fonctions.

Article 11
Lorsque le Président de la transition est empêché de façon temporaire de remplir ses fonctions, ses pouvoirs sont provisoirement exercés par le Premier ministre.
En cas de vacance de la Présidence de la transition pour quelque cause que ce soit, ou d’empêchement absolu ou définitif constaté par le Conseil constitutionnel saisi par le Gouvernement, le Premier ministre assure l’intérim en attendant la désignation d’un nouveau Président de la transition conformément aux dispositions de la présente Charte.

Chapitre II : Du Conseil National de la Transition

Article 12
Le Conseil national de la transition est l’organe législatif de la transition.

Il est composé ainsi qu’il suit :

– Trente (30) représentants des partis politiques affiliés au CFOP ;
– Vingt cinq (25) représentants des organisations de la société civile ;
– Vingt cinq (25) représentants des forces de défense et de sécurité.
– Dix (10) représentants des autres partis.

Sa composition prend en compte les jeunes et les femmes.

Le Conseil national de la transition exerce les prérogatives définies par la présente Charte et au Titre V de la Constitution du 2 juin 1991 à l’exception de celles incompatibles avec la conduite de la transition.

Article 13
Les membres du Conseil national de la transition ne doivent pas être des personnes ayant ouvertement soutenu le projet de révision de l’article 37.

Ils ne doivent pas avoir fait partie du dernier gouvernement dissout de la IVème République.

Son Président est une personnalité civile élue par ses pairs.

Le Président du Conseil national de la transition n’est pas éligible aux élections présidentielle et législatives qui seront organisées pour mettre fin à la transition.

Chapitre III : Du Gouvernement de la Transition

Article14 
Le gouvernement de la transition est dirigé par un Premier Ministre nommé par le Président de la transition.

Il exerce les prérogatives définies par la présente Charte et au Titre IV de la Constitution du 2 juin 1991 à l’exception de celles incompatibles avec la conduite de la transition.

Le Conseil constitutionnel statue en cas de litige.

Le gouvernement de la transition est constitué de vingt cinq (25) départements ministériels.

Sa composition prend en compte les jeunes, les femmes et les syndicats.

Article 15 
Les membres du gouvernement doivent remplir les conditions suivantes :
– avoir la majorité civile ;
– être de nationalité burkinabè ;
– avoir les compétences requises ;
– être de bonne moralité.

Les membres du gouvernement de la transition ne doivent pas être des personnes ayant ouvertement soutenu le projet de révision de l’article 37.

Ils ne doivent pas avoir fait partie du dernier gouvernement dissout de la IVème République.

Article 16
Les membres du gouvernement de la transition ne sont pas éligibles aux élections présidentielle et législatives qui seront organisées pour mettre fin à la transition.

Article 17 
Il est créé auprès du Premier Ministre une Commission de la réconciliation nationale et des réformes, chargée de restaurer et de renforcer la cohésion sociale et l’unité nationale.

Article 18 
La Commission de la réconciliation nationale et des réformes est composée de sous-commissions dont notamment :
– la sous-commission vérité, justice et réconciliation nationale ;
– la sous-commission des réformes constitutionnelles, politiques et institutionnelles ;
– la sous-commission réforme électorale ;
– la sous-commission finances publiques et respect du bien public ;
– la sous-commission gestion des médias et de l’information.

Une loi organique fixe les attributions, la composition, l’organisation et le fonctionnement de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes.

TITRE III : LA REVISION DE LA CHARTE DE LA TRANSITION :

Article 19
Par dérogation aux dispositions prévues par le Titre XV de la Constitution, l’initiative de la révision de la présente Charte appartient concurremment au président de la transition et au tiers (1/3) des membres du Conseil national de la transition.

Le projet ou la proposition de révision est adoptée à la majorité des 4/5ème des membres du Conseil national de la transition.

Le Président de la transition procède à la promulgation de l’acte de révision conformément à l’article 48 de la Constitution du 2 juin 1991.

TITRE IV : LES DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES :

Article 20
La durée de la transition ne peut excéder douze (12) mois à dater de l’investiture du Président de la transition.

Article 21 
Les institutions de la période de la transition fonctionnent jusqu’à l’installation effective des nouvelles institutions.

Article 22
La participation des Burkinabè de l’étranger à l’élection présidentielle, qui sera organisée pour mettre fin à la transition, se fera conformément aux dispositions de la Constitution et du Code électoral.

Article 23
Le mandat des membres du Conseil constitutionnel arrivé à échéance est prorogé jusqu’à la mise en place des institutions de la transition, le cas échéant.

Article 24
La présente Charte entre en vigueur dès sa signature par les parties ci-dessus mentionnées dans le préambule.

Sa promulgation intervient dès sa signature.

Article 25
En cas de contrariété entre la Charte de la transition et la Constitution, les dispositions de la présente Charte prévalent.

En cas de conflit, le Conseil constitutionnel statue.

Fait à Ouagadougou, le, 13 novembre 2014

Les signataires :

Les partis Politiques

Partis affiliés au CFOP

Autre partis politiques

Organisations de la société civile

Forces de Défense et de Sécurité

Autorités religieuses et coutumières

 

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