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Les jeunes et les tentations trompeuses en plein cycle électoral #conscience


Abidjan, le 19-9-15 (lepointsur.com)-Réveiller la conscience politique et le noble civisme des jeunes devient, aujourd’hui, un devoir impérieux de notre histoire politique, démocratique et développementale. Les jeunes doivent savoir prendre de la distance à l’égard des formes traditionnelles d’expression politique : Ni raideur ni immobilisme…! Juste de la raison!

La période électorale, en effet, est dans la vie d’une Nation, ce moment qui véhicule une forte dose d’émotions et de passions. Il s’agit de désigner une personne à une Dignité, à une fonction, par voix de suffrage, qui est une onction. Alors la tentation est souvent forte d’acquérir cette onction, de l’arracher ou de la conquérir de façon brutale, par la force. Et souvent au péril de la Mère-Patrie, avec comme poison fondamental de délectations monstrueuses: la jeunesse.

 

« Élection présidentielle du 25 octobre 2015/ Les jeunes ne doivent pas être le ciment du tombeau abyssal de la Côte d’Ivoire…! »

Pascal Roy.Ph.Dr

Pascal Roy.Ph.Dr

Quelques études ont été faites par les institutions internationales sur l’intérêt porté par les jeunes à la politique. Les chiffres disponibles laissent entendre que la grande majorité des jeunes n’ont que de pauvres connaissances de ce qu’est le système politique, principalement les jeunes résidant sur le continent africain. Les notions de citoyenneté et de démocratie restent des mots derrière lesquels un grand nombre de jeunes vivants en Afrique ne placent que peu de sens. L’enseignement de ces sujets qui devrait être primordial, reste quasi inexistant ; des modules de cours d’éducation politique devraient être prévus dans le cursus secondaire. Cet appauvrissement en culture politique et démocratique fait de nos jeunes des mets à vils coûts pour les casseroles bouillantes de toutes formes de manipulations et de mesquineries politiciennes.

Quelqu’un qui regarde un match de football pour la première fois et ne connait pas les règles du jeu quittera sans doute le stade déçu. En revanche, une personne qui passe chaque minute libre à jouer au football et en sait tout, savourera chaque minute passée dans le stade. Cela s’applique aussi à la politique. Un jeune qui a connu les vertus des processus démocratiques peut être plus enclin à devenir un citoyen actif. Golombek fait une remarque similaire : «on ne peut pas s’attendre à ce qu’une personne devienne un citoyen actif du jour au lendemain quand elle atteint l’ge de voter : il faut enseigner la culture démocratique et politique dès l’enseignement secondaire et aussi apprendre «sur le tas» travers des expériences quotidiennes : par l’opportunité de participer à des prises de décisions partagées, l’coute d’opinions différentes, l’valuation des options et des conséquences. Ce sont des compétences individuelles qui aident à bâtir la société civile et l’engagement des jeunes au processus démocratique ».

Si les jeunes avaient une culture politique solide, ils ne se laisseraient pas manipuler. En cette veille de campagne  électorale, certains jeunes ivoiriens sont sur le qui-vive pour actionner d’éventuelles violences. Les jeunes sont souvent accusés d’être responsables des troubles, considérés comme les premières victimes des manœuvres politiciennes des candidats. En période électorale, on se précipite pour briguer la magistrature suprême et les gens peuvent faire n’importe quoi pour accéder à ce magnifique poste-là. Les hommes politiques essaient de manipuler surtout les jeunes et d’ »acheter » leurs consciences.

Et pourtant « La jeunesse représente l’avenir ; les jeunes sont les dirigeants de demain », affirment souvent l’élite politique africaine et les militants de la sociécivile. Les dirigeants africains ont d’ailleurs déclaré 2009-2018, Décennie de la jeunesse africaine et adopté en 2006 la Charte africaine de la jeunesse, qui vise notamment à inciter les jeunes à participer aux débats politiques et à la prise de décisions de façon responsable.

pascal roy

Docteur Pascal ROY Philosophe-Juriste-Politiste-Coach politique-Analyste des Institutions, expert des droits de l’Homme et des situations de crises-Médiateur dans les Organisations-Enseignant des Universités-Consultant en RH-Écrivain-Chroniqueur.Ph.Dr

Mais les jeunes d’Afrique ne peuvent plus se contenter de ces belles paroles. Ils ont désormais besoin d’un véritable dialogue avec l’élite politique, comme ils l’ont déclaré en novembre 2012 à Addis-Abeba (Éthiopie) lors d’une conférence de trois jours. À cette conférence sur la participation des jeunes à la démocratie, organisée par la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique, le Programme des Nations Unies pour le développement et l’Institut suédois pour la démocratie et l’assistance électorale, les représentants des jeunes de l’ensemble du continent africain ont résolu de se préparer à des rôles de leadership. Tout en misant sur la promesse de démocratie, ils ont exigé un dialogue constructif avec les dirigeants plus âs et demandé « la participation accrue des jeunes à la gouvernance ».

Il y a deux ans, pendant le Printemps arabe, les jeunes se sont mobilisés pour les droits de l’homme et la justice et ont ainsi chassé du pouvoir les dirigeants autocratiques de l’Égypte, de la Tunisie et de la Libye. Ailleurs, d’autres ont en revanche participé aux guerres destructrices de la Sierra Leone et du Libéria, aux violences post-électorales au Kenya, en Côte d’Ivoire ou à d’autres types de conflit. Comme le montrent ces exemples, les jeunes peuvent soit renforcer soit déstabiliser un régime voire le tissu social. Si on leur en laisse le choix, ils préféreraient être vecteurs de changement social, de consolidation de la démocratie, de développement socio-économique plutôt que fauteurs de troubles, soulignait Shari Bryan, vice-présidente du National Democratic Institute (NDI), organisation américaine à but non lucratif.

Mais la jeunesse africaine n’a pas toujours la possibilité de choisir, d’où son profond mécontentement, son malaise social, son dysfonctionnement citoyen. Si les jeunes ne peuvent pas entrer dans le système, ils risquent d’être tentés de le détruire.  Le chômage et l’exclusion des processus décisionnels leur ôtent tout espoir. L’adoption par les gouvernements africains de nombreux plans et cadres visant à favoriser l’intégration politique des jeunes ne satisfait pas pour autant ces derniers. Les membres, jeunes ou moins jeunes, de l’élite politique comprennent qu’ils doivent dialoguer mais que cela ne se fait pas naturellement. Il faudra une approche structurée, orientée vers l’action, qui donne aux jeunes les moyens d’introduire directement des idées et des solutions dans le système politique. De telles approches ont déjà été suivies. Dans un article publié par les Presses universitaires des Nations Unies, Gregory Lavender rappelait que d’anciens dirigeants africains, tels le Ghanéen Kwame Nkrumah et le Kényan Jomo Kenyatta, ont mis à profit l’énergie créatrice des jeunes lors de l’élaboration de plans de transformation économique, politique et sociale dans les années 1950 et 1960.

Toutefois, ces dernières années, les jeunes d’Afrique, comme ceux d’autres régions du monde, semblent avoir le vent en poupe. Grâce à l’amélioration des moyens de communication, leur influence s’est accrue. Par le passé, les gouvernements africains contrôlaient la plupart des médias numériques et exerçaient ainsi une influence considérable sur l’opinion publique, soulignent Mesdames Resnick et Casale. Avec la popularité croissante d’Internet, cette influence a diminué et a même été neutralisée, pensent certains analystes.

La campagne électorale de 2008 du président américain Barack Obama, principalement coordonnée par les jeunes, a marqué un tournant. Tout comme le Printemps arabe, pendant lequel les jeunes se sont organisés sur Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux. Lors des élections de 2008 au Kenya, ces technologies leur ont permis de localiser et signaler en temps réel les violences électorales.

De plus en plus de gouvernements africains voudraient désormais voir les jeunes s’investir dans la politique. En 2008, le gouvernement rwandais a demandé au NDI d’élaborer un programme pour aider les jeunes rwandais à jouer un rôle important au sein des partis politiques. L’Union du fleuve Mano (Libéria, Sierra Leone, Guinée et Côte d’Ivoire) est dotée d’un Parlement de la jeunesse qui permet, en théorie, aux jeunes de délibérer et de définir leurs priorités afin que leurs gouvernements les prennent en considération.

Les partis qui sont au pouvoir au Kenya, le Parti de l’unité nationale et le Mouvement démocratique orange, ont mis en place un programme national visant à « intégrer les jeunes au leadership d’aujourd’hui et non de demain » en favorisant « le développement communautaire novateur et les projets d’entreprenariat des jeunes ».Après sa réélection en 2012, le Président de la Sierra Leone, Ernest Koroma, a nommé au gouvernement deux jeunes trentenaires – une grande première. Lors de la prestation de serment, les jeunes Sierra-léonais se sont mobilisés pour chanter et danser devant le Parlement en signe de soutien. Le Président Alassane OUATTARA a nommé un trentenaire dans son gouvernement lors de son premier mandat, notre talentueux fier ami et frère diasporique Cissé Abdourahmane et a mis en place un fond d’aide à l’employabilité des jeunes.

La raison humaine devrait pousser les hommes politiques lors des élections  à aller à la recherche de nos nombreux jeunes créatifs et férus de technologies et de technicités afin de participer à la mobilisation électorale par les idées et non par les gourdins. Nous avons besoin de nos jeunes comme acteurs de transformations sociales au sein de leurs communautés et non des pièces maîtresses d’exécution des ruses rusantes et négationnistes des acteurs politiques.

Eveil des consciences / Théby Stanislas à la jeunesse africaine : ''Il ne sert à rien de mourir pour les hommes politiques''.Ph.Dr

Eveil des consciences / Théby Stanislas à la jeunesse africaine :  »Il ne sert à rien de mourir pour les hommes politiques ».Ph.Dr

Sachant qu’une élection constitue un moment fort de l’histoire politique d’un peuple et l’occasion d’une maturation politique, il m’est apparu nécessaire de contribuer, par ce biais de l’écriture, à nourrir la discussion tant avec les décideurs politiques, qu’avec les autres corps de métier impliqués dans ce processus, convaincu qu’une culture démocratique enracinée peut efficacement contribuer à favoriser une vie politique apaisée, la bonne gouvernance et  faciliter le développement qui constitue, du reste, l’un des défis majeurs du continent africain et une des missions prioritaires des gouvernants.C’est pourquoi, d’importants efforts doivent être faits partout pour sensibiliser et inviter les jeunes à une participation citoyenne à la vie politique et démocratique. On attend plutôt des différents candidats à l’élection du 25/10/2015 en Côte d’Ivoire qu’ils exposent, sans faiblesse et avec un acharnement rationnel, les éléments de leurs projets de société qui offrent des perspectives meilleures d’éducation et d’employabilité aux jeunes et non des sentiers mesquins qui débouchent sur des séjours dans les prisons, les hôpitaux, les morgues et les cimetières.

Un point de vue de Docteur Pascal ROY (PhilosopheJuristePolitisteCoach politiqueAnalyste des Institutions, expert des droits de l’Homme et des situations de crisesMédiateur dans les OrganisationsEnseignant des UniversitésConsultant en RHÉcrivain-Chroniqueur)

 

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