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Après les avoir prises : à quoi servent finalement les mesures restrictives du gouvernement ?


Ce qu’en pensent les populations

CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 5-4-2017) Au lendemain de sa prise de pouvoir en 2011, Alassane Ouattara et son gouvernement ont fortement contribué à replacer la Côte d’Ivoire dans le concert des nations, après plus d’une dizaine d’années d’autarcie. Au niveau économique, ils sont parvenus à ressouder les fondements de l’économie qui battaient de l’aile, du fait de la crise politico-militaire qui durait depuis septembre 2002.

Dans une volonté de bien faire, le gouvernement a voulu que ces différents succès soient accompagnés par des changements de comportement des citoyens. Dans la foulée, plusieurs décisions ont été arrêtées. Notamment, l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Si cette mesure a été applaudie par les populations qui y percevaient une volonté des pouvoirs publics d’assainir l’environnement déjà pollué par la fumée des véhicules, cette mesure n’a eu aucun effet sur les fumeurs qui continuent de fumer dans des endroits publics sans être inquiétés.

Et pourtant, lorsque la décision avait été officiellement annoncée, plusieurs endroits publics dont les maquis, les restaurants et autres boîtes de nuit avaient enregistré dans leurs locaux, des descentes musclées des forces de l’ordre qui veillaient, en ces temps-là, sur le respect scrupuleux de cette mesure d’interdiction du gouvernement. Hélas, ces forces se sont vite affaissées dans le contrôle.

Si la mesure interdisant les automobilistes de prendre des communications téléphoniques fait l’objet d’un strict contrôle aux principaux carrefours de la ville d’Abidjan, de la part des éléments de l’Unité de régulation de la circulation de la police qui veillent au grain, elle reste toutefois inefficace sur de nombreuses voies express de la banlieue de la capitale économique et à l’intérieur du pays, entraînant plusieurs accidents mortels.

Dans la foulée, les mesures relatives à la dépigmentation et à la vente de pains par des marchands, autres que les boulangers, semblent n’avoir pas eu d’échos. Les pains continuent d’être transportés par des particuliers vers les consommateurs avec tous les risques d’intoxication que cela comporte.

Pendant ce temps, les produits éclaircissants continuent d’inonder le marché ivoirien, aux yeux et à la barbe des douaniers. Quant à la mesure interdisant la production, la commercialisation et l’utilisation des sachets plastiques, elle a eu l’effet d’un pétard, après son annonce. Malgré les sévères mises en garde et les ultimatums à n’en pas finir du ministère de l’Environnement, les usines n’ont point fermé et les sachets d’eau continuent d’être vendus sans inquiétude à tous les carrefours d’Abidjan.

Alors que toutes ces mesures ne sont pas encore suivies comme le souhaite le gouvernement, une autre mesure d’interdiction est tombée, au grand dam de plusieurs parents, interdisant aux enfants de moins de 16 ans d’être propriétaires de téléphones portables. Une décision de trop et inopportune, pourrait on écrire sans trop exagéré, quand l’on connait la volonté des pouvoirs publics ivoiriens de promouvoir les Technologies de l’information et de la communication. Comment vouloir une chose et son contraire ?

Nul n’est sans ignorer que la promotion des TIC doit surtout se faire au niveau de cette frange de la population qui sort pratiquement du berceau le téléphone, Smartphone ou encore la tablette en main. Plutôt que de leur interdire l’accès au téléphone, les pouvoirs publics gagneraient à trouver des mécanismes d’éducation qui s’accommoderaient aux bonnes mœurs. Dans tous les cas et en matière de bonnes mœurs, les adultes ne sont pas exempts de reproches.

Mieux, que fait le gouvernement de tous ces enfants à qui les parents ont déjà offert des téléphones portables, des tablettes ou encore des Smartphones en vue de rester proches d’eux et pouvoir les avoir à tout moment et en tout lieu ? A l’évidence, l’on est en droit de se demander finalement, à quoi servent les différentes mesures restrictives, si celles-ci ne sont pas appliquées par les citoyens ?

Idrissa Konaté

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