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41 ans après la chute d’Hailé Sélassié/Sur les traces des derniers Rastas éthiopiens


Abidjan, 14-11-15 (lepointsur.com)-En 1948, l’empereur Hailé Sélassié avait offert aux rastas un territoire de 500 hectares à Sashamané, mais de ce territoire,  il ne reste  aujourd’hui que 7 hectares où vivent 120 mille Rastas. Qui sont considérés aujourd’hui, comme  les derniers Rastas d’Ethiopie.

RASTAA 250 km au sud d’Addis-Abeba,  vivent les derniers Rastas d’Ethiopie. Alex Renia un français d’origine antillaise s’est installé ici il y a dix ans avec sa femme et sa fille. « C’est par le couronnement d’Hailé Sélassié en 1930 à Addis-Abeba que le mouvement rasta a pris forme. On a reconnu dans son couronnement l’avènement du messie et la réalisation de la prophétie de Marcus Garvey qui avait annoncé dans les rues de Kingston en Jamaïque qu’un roi noir serait couronné dans l’Est de l’Afrique qui annoncerait la rédemption de l’humanité », explique-t-il.

Frère Alex,  comme on l’appelle  a ouvert, à son arrivée en Ethiopie, des chambres d’hôtes pour les pèlerins sur les terres offertes par Hailé Sélassié en 1948 aux rasta Jamaïcains. « Shashamané a été donné à la diaspora négro-africaine après la guerre italo-éthiopienne en récompense au soutien qu’il avait reçu de la diaspora. Il a offert 500 acres à l’époque. Donc pour nous,  c’était à la fois un devoir et une fierté, d’occuper ces terres depuis », poursuit-il.

Laissés à l’abandon après la chute de Sélassié

En 1974, l’empereur Hailé Sélassié est déposé par un coup d’Etat et le régime du Derg nationalise toutes les terres. Seulement,  une dizaine d’hectares sont rendus aux Rastas. Depuis, leur vie en terre sainte est devenue un chemin de croix. Pour autant, la foi des croyants encore présents n’a pas faibli. A quelques rues de chez Alex, se cache le domaine des Bobos Shanti. Nous arrivons en pleine dévotion du matin. Paul Phang le leader religieux de cette communauté observe le culte d’un œil distant.

RASTA1« Un lion né dans l’enclos des crocodiles est quand même un lion. Je me suis réincarné en Jamaïque, mais mes racines sont en Afrique. Je viens d’Ethiopie. Je suis éthiopien. Depuis 24 ans que je suis arrivé ici, j’ai travaillé et discuté avec l’administration  locale et les différents secteurs, afin que nous puissions nous stabiliser à Shashamané » déclare-t-il.

Considérés comme des apatrides…

Mais le résultat n’est pas là. Depuis la chute de l’empereur, les rastas peinent à s’intégrer. Ils revendiquent la nationalité éthiopienne, mais n’obtiennent pas gain de cause. Le changement de régime en 1991 n’y a rien changé. « Notre communauté n’est pas d’accord. Nous avons différentes idéologies et pensées. Cela ne nous permet pas d’approcher le gouvernement unis pour obtenir la reconnaissance de nos vrais droits », indique M. Phang.

Les Bobo Shanti, les 12 tribus d’Israël, les Nyabinghi et la Fédération internationale éthiopienne. Autant d’organisations qui se tirent dans les pattes et revendiquent le droit de parler au nom des autres. C’est pourtant,  à la fédération internationale d’Ethiopie qu’ont été données les terres de Shashamene, il y a 67 ans. Les murs peinturlurés aux couleurs de l’Ethiopie sont recouverts de coupures de presses de représentations du lion de Judah en vert jaune et rouge. Reuben Kush est l’actuel président de la fédération. Il ne cache pas son amertume.

RASTA3« Nous n’avons pas de papiers pour prouver qui nous sommes. Mes proches, ils s’attendaient à ce que l’Afrique m’embrasse. Mais je dois leur dire que je suis dans une situation où la plupart des membres de ma communauté doit vivre sans papiers, et n’a pas de statut légal. C’est décevant », se plaint-il. Malgré cela, les Rastas d’Ethiopie demeurent optimistes. Ils assurent que le dialogue avec les Ethiopiens va dans le bon sens. En ce début de mois de novembre, c’était la célébration du 85e anniversaire du couronnement de Haile Selassie. En dépit des quelques célébrations, l’ambiance n’était pas spécialement à la fête.

«  Chaque armée, il y a toujours un porte-drapeau, qui ne peut se battre que d’une seule main. Lorsqu’il tombe, un autre prend le relais. Le drapeau doit toujours voler. Nous sommes le porte-drapeau », philosophe Reuben Kush

EKB et  BBC

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