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Peine de mort/ Paul Angaman (président de l’ Acatci ) : « La Côte d’Ivoire est un pays abolitionniste »


La cérémonie marquant la 12ème Journée mondiale contre la peine de mort s’est déroulée, le 10 octobre 2014, à l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody.

le président de l’Action des Chrétiens pour l ’Abolition de la torture de Cote d’Ivoire (ACATCI), Paul  Angaman.

le président de l’Action des Chrétiens pour l ’Abolition de la torture de Cote d’Ivoire (ACATCI), Paul Angaman.

L’on retiendra que la Côte d’Ivoire n’a pas encore ratifié le 2ème protocole se rapportant au Pacte International relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) visant à abolir la peine de mort, qui est un engagement universel.

Pourtant,  l’article 6 du Pacte International relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) définit la peine de mort comme une condamnation résultant d’une décision de Justice rendue par un tribunal régulièrement constitué et conformément aux règles du procès équitable. Elle est prévue par le code pénal de l’Etat qui l’applique.

Le conférencier principal et président de l’Action des Chrétiens pour l ’Abolition de la torture de Cote d’Ivoire (ACATCI), Paul  Angaman  a débattu le thème : «La peine de mort en Cote d’ivoire et en  Afrique de l’ouest : état des lieux et perspectives« .

Pour ce formateur en droit de l’homme  et Doctorant en droit de l’homme, « l’homme est sacré. La peine ne mort n’a jamais arrêté le crime et ne peut amener le criminel à s’amender« . S’il y a un nombre plus important de pays en Afrique de l’ouest qui maintiennent encore la peine de mort,  la tendance générale est à l’abolition. « Seuls 3 pays sur 16  appliquent encore la peine de mort.  D’où les raisons d’espérer. D’ailleurs l’un des 3, la Guinée depuis septembre 2014 a décidé de rejoindre le mouvement abolitionniste« , a révélé Paul Angaman joutant par ailleurs que, « le combat cependant continue. Il faut mobiliser toutes les énergies autour de cette thématique dans une stratégie claire et concertés après avoir bien identifier tous les défis à relever pour arriver à abolir totalement la peine de mort dans l’espace Cedeao« .

La situation de la peine de mort en Afrique de l’ouest est la suivante:

Six pays ont aboli la peine de mort en droit soit 37, 5 %. Il y a 2 pays lusophones (100%), 4 pays francophones (45%), 0  pays anglophones   ( 0 %), la Côte d’Ivoire est un pays abolitionniste.

« Cependant: les traces de peine de mort sont encore dans le code pénal et dans certaines dispositions réglementaires,  » a conclu le président de l’Action des Chrétiens pour l ’Abolition de la torture de Cote d’Ivoire (ACATCI), Paul  Angaman.

 

Sériba Koné

kone.seriba67@gmail.com

 

Quelques témoignages au plan international

 

A l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, Libération a rencontré Curtis McCarty, un ancien condamné à mort américain, libéré au bout de vingt-deux ans.

«Dans le couloir de la mort, tu restes juste assis dans ta boîte»

Il a été enterré vivant, au sens propre comme au figuré. Promis à la mort, et désormais libre. Curtis McCarty est un ancien condamné à la peine capitale – le verdict est tombé en 1986 dans un tribunal de l’Oklahoma, l’un des 35 Etats américains qui autorisent encore la peine de mort. Il est ressorti vingt-deux ans plus tard, après dix-neuf ans dans les couloirs de la mort. Curtis McCarty n’avait pas commis le crime pour lequel on a failli le tuer.

Dans «sa boîte», comme il dit, il a vécu les années 90, quand la peine de mort était à son climax : «La doctrine « dur avec le crime » submergeait les Etats-Unis», se rappelle-t-il. «Au pénitencier McAlester, dans l’Oklahoma, ils ont alors construit un nouveau couloir de la mort, en sous-sol. Sans air naturel, sans fenêtre, un peu comme une tombe. D’ailleurs c’est une tombe. Dedans, les gens vont mourir. Je n’ai jamais quitté ce bâtiment entre 1991 et 2005.»

Il est l’un des symboles aussi, de ces terribles erreurs judiciaires qui sont de plus en plus régulièrement dévoilées, grâce à l’apparition des expertises ADN et d’organisations qui tentent de prouver l’innocence de personnes hâtivement condamnées. Et qui finissent, progressivement, par ébranler l’opinion américaine : le nombre d’exécutions est en baisse depuis 1999 aux Etats-Unis.

Curtis McCarty a aujourd’hui 52 ans. Il est devenu l’un des ambassadeurs d’associations contre la peine de mort, comme «The innocence project» – des étudiants en droit et en journalisme qui reprennent des enquêtes policières bâclées et parviennent à prouver l’innocence de condamnés – ou Ensemble contre la peine de mort, qui a organisé cette rencontre avec Libération. Il a également été l’un des protagonistes du documentaire Honk, d’Arnaud Gaillard et Florent Vassault. Curtis McCarthy n’a pas de petite amie, et il a encore les larmes qui viennent aux yeux et interrompent sa douce voix quand il évoque le pénitencier.

 

«Zéro activité»

Immédiatement, ce n’est pas de la peur dont il parle, ce n’est pas du désespoir ni de la pièce de quelques mètres carrés qu’il a parfois partagée avec un autre condamné à mort. Non, «la pire chose qu’ils m’aient faite c’est de me mettre dans une situation terrible : mes plus proches amis sont devenus d’autres condamnés à mort. Ils sont devenus ma famille, je les aimais. Nous prenions soin les uns des autres. Et ils les ont tués un à un. Tous. Toutes les personnes que j’ai aimées dans ma vie d’adulte, ils les ont tuées. J’ai rencontré des jeunes dans ce couloir et nous avions fait un pacte : malgré ces terribles circonstances, tenter de rester positifs, tenter de changer nos vies, de s’améliorer pour ceux qui avaient commis un homicide. Ils ont écrit des lettres aux familles de leurs victimes, ils ont réfléchi aux conséquences de leurs actes. J’ai vu ces jeunes hommes se battre pour devenir des hommes dans ce couloir de la mort. Et ils ont continué à les tuer, un par un.»

Les condamnés ne voient le jour, le vrai, que lorsqu’ils gagnent, quelques heures par semaine, la «cour d’exercice» d’une quinzaine de mètres carrés. «Elle était entourée de quatre murs, mais le plafond était ouvert. On avait de l’air frais, mais le soleil n’y pénétrait pas directement. Pendant toutes ces années, je n’ai jamais senti la chaleur du soleil sur la peau. S’il pleuvait, on ne pouvait pas y aller, car l’administration avait peur d’être poursuivie en cas d’électrocution. On était dans le couloir de la mort, à qui ça aurait bien pu faire quelque chose qu’on se fasse électrocuter ?» Les condamnés peuvent voir leurs proches deux heures par mois, mais toujours derrière une vitre. «Je n’ai pas touché ma mère pendant vingt-deux ans.»

Dans la «boîte», il n’y a rien à faire. La télé, quelques livres – Curtis McCarty a lu des Stephen King, Walden ou le Printemps silencieux de Rachel Carson (paru en 1962, il dénonce la pollution de l’environnement par les pesticides). «Il y a zéro programme prévu pour le couloir de la mort, zéro activité. Les associations bénévoles qui aident à la réhabilitation des condamnés ne s’occupent par principe que de ceux qui vont sortir un jour… Il n’y a pas de psy, rien. Tu restes juste assis dans ta boîte, toute la journée, jour après jour, année après année, à attendre de mourir. Pas d’espoir, pas de chance de rédemption pour ceux qui sont coupables, pas de moyen de confier leurs remords. Tout ce que tu apprends, tu l’apprends par toi-même, il n’y a aucune aide du gouvernement.» Comme ses codétenus, il étudie ce qui lui passe sous la main : des livres sur la justice sociale, le crime, la réhabilitation, l’organisation d’un procès. Lui a déjà remis en cause ce qu’on lui avait enseigné, enfant : «Que nous étions une grande nation, que les lois protégeaient les citoyens de l’Etat… Tout cela était faux.»

Libéré, mais pas innocenté

Tout a commencé en 1982. «J’étais juste un jeune mec, accro à la drogue, qui avait arrêté l’école.» Une de ses amies, Pamela Kaye Willis, 18 ans et toxicomane, est assassinée. «Plusieurs jeunes hommes ont été identifiés dans l’entourage de Pam, dont je faisais partie. Quand mon nom est apparu dans le dossier, je me suis volontairement présenté à la police, ils m’ont fait des prélèvements : sang, cheveux, salive, empreintes digitales. Ils ont pris mon témoignage et à la fin de la journée ils m’ont dit que j’étais libre de partir. Je n’ai plus entendu parler d’eux pendant trois ans. J’étais éliminé des suspects.» Mais le crime reste irrésolu.

Trois ans plus tard, Curtis est toujours toxicomane, marginal. Il est à nouveau interpellé dans l’affaire du meurtre. «Les policiers étaient persuadés que je savais qui était le meurtrier de Pam, alors que je n’en savais rien. Ils m’ont embarqué de force, ils m’ont battu, essayant de me contraindre à leur donner des informations que je n’avais pas. Au bout de trois jours, l’un d’eux m’a dit que je devais leur dire qui avait tué Pam, sinon je prendrais sa place au tribunal.» Lors de son procès, une experte de la police scientifique, Joyce Gildchrist, atteste que les cheveux et le sperme retrouvé près de Pam sont bien ceux de Curtis. «Mon avocat était incompétent, j’ai été jugé coupable et condamné à mort.»

La réalité est terrifiante. En 2000, Joyce Gildchrist est licenciée pour avoir falsifié des rapports du FBI et des expertises ADN dans de nombreux dossiers. En 2002, une analyse ADN permet de prouver que le sperme retrouvé sur le corps de Pam n’est pas celui de Curtis. Puis ce sont de l’ADN retrouvé sous les ongles de la victime et une empreinte de pied qui prouvent que Curtis n’est pas l’assassin. Il est libéré, mais l’Etat de l’Oklahoma ne l’a toujours pas officiellement innocenté.

«Sept pas dans un sens, sept pas dans l’autre»

«En mai 2007, quand je suis sorti, on me demandait d’être heureux mais il n’y avait pas de raison de l’être : l’Etat ne s’est pas excusé, et l’assassin de Pam n’a pas été retrouvé. Ce jour-là c’était juste une question de géographie. Une minute avant, je me tenais de ce côté-ci de la lourde porte fermée avec des chaînes sur le ventre et des menottes car je me trouvais dans un quartier de sécurité maximale. Ils ont ouvert la porte, enlevé les chaînes. Ça a pris 60 secondes. J’étais, physiquement, de l’autre côté.»

Ses parents et son nouvel avocat l’attendent sur le pas de la prison. Curtis McCarty est aveuglé par le soleil, pendant plusieurs minutes. Quand ses parents l’amènent chez eux, il ne va marcher dans le parc, il ne va pas se balader dans le voisinage. «Je suis allé et venu, dans l’allée du garage, pendant des heures. Sept pas dans un sens, sept pas dans l’autre. Parce que c’est tout ce que je pouvais faire dans la cage du couloir de la mort. Sept pas dans un sens, sept pas dans l’autre. Je le fais toujours aujourd’hui quand je suis anxieux, je ne peux m’en empêcher. Quand je sors pour fumer une cigarette… Je ne compte pas, mais mon corps sait… Sept pas dans un sens et sept pas dans l’autre.»

Source :  http://www.liberation.fr/monde/2014/10/10/dans-le-couloir-de-la-mort-tu-restes-juste-assis-dans-ta-boite_1119155?xtor=EPR

 

Témoignage d’Edward Mpagi (ancien condamné à mort en Ouganda)

 

d'Edward Mpagi (ancien condamné à mort en Ouganda)

d’Edward Mpagi (ancien condamné à mort en Ouganda)

« J’ai passé 18 ans et demi dans le couloir de la mort pour le meurtre d’une personne qui aujourd’hui est encore en vie »

 

 

Mesdames et Messieurs, bonjour,

 

Je m’appelle Edward MPAGI, je viens d’Ouganda en Afrique de l’Est. Je suis un ancien condamné à mort. J’ai passé 18 ans et demi dans le couloir de la mort pour le meurtre d’une personne qui aujourd’hui est encore en vie. J’étais innocent, j’ai été condamné à mort à cause de la corruption, d’une enquête de police quasi inexistante et de querelles/incompréhensions familiales.

J’ai été reconnu coupable, et mon petit frère Fred MASEMBE également, pour le même crime. Il est mort en prison au bout de 4 ans de détention des suites du paludisme et d’une mauvaise toux après que les soins médicaux lui ont été refusés. J’ai perdu un frère innocent dans le couloir de la mort. Aujourd’hui encore, ses enfants et sa famille souffrent de son absence. Bien qu’innocent, l’État ne peut pas le ramener. On ne peut pas remplacer une vie perdue. Imaginez la douleur de ses enfants et de sa famille tout entière

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LES ÉPREUVESDANS LE COULOIR DE LA MORT

 

Mes années de détentions dans le couloir de la mort étaient chargées d’épreuves: épidémies, pas de médicaments, sous-alimentation, manque d’exercice et exécutions. Au début des années 80, on ne donnait pas de médicaments aux condamnés à mort puisque de toute façon, ils étaient condamnés à mourir. Survivre aux épidémies dans cette prison surpeuplée relevait du miracle. Sans traitements appropriés, il était difficile de survivre aux infections courantes telles qu’irritation des yeux, toux, dysenterie, palu et diarrhées. J’ai perdu de très nombreux amis au cours des épidémies. On se nourrissait exclusivement de mauvais Ugali et de soupe de haricots et un changement de régime consistait à ne rien manger du tout. Ce type de régime a engendré des problèmes de vue et de faiblesse physique. On vivait dans des petites pièces où il n’était pas possible de bouger ou de faire de l’exercice. Nos jambes gonflaient et nos articulations nous faisaient tellement mal que certains de mes codétenus ont conservé des séquelles.

La première exécution durant mon séjour dans le couloir de la mort a eu lieu en 1989. Trois de mes codétenus ont été brutalement exécutés. Ces trois hommes étaient mes amis. Je me souviens encore aujourd’hui de leurs derniers mots. Il est difficile d’oublier le jour où ils ont été tirés de leurs cellules pour être exécutés. Je croyais que ce serait aussi mon tour. Et puis l’exercice a pris fin. Au cours de mon séjour dans le couloir de la mort, il y a eu cinq exécutions. J’ai perdu 52 amis  proches. On vivait ensemble; on mangeait ensemble, on priait ensemble. Après avoir tant chanté et loué le Seigneur ensemble pendant tant d’années, leur exécution reste un des moments les plus durs de ma vie.

C’est très difficile de vivre dans le couloir de la mort et d’être le témoin de l’exécution de ses codétenus et amis. Chaque jour passé dans le couloir de la mort était comme le commencement d’une nouvelle vie.  De toutes les exécutions, l’exécution de 1999 a été la pire. 28 amis ont été exécutés ce jour-là. Vous imaginez la peine infligée aux détenus restants. Peur et crises cardiaques. Les supplications et les appels à la compassion n’ont pas pu sauver nos codétenus. Certains, plus forts, ont essayé de résister, mais ils étaient dépassés par le nombre des gardes. Mon compagnon de cellule a été méchamment battu lorsqu’ils sont venus le chercher pour l’amener à la potence. Il a été exécuté en 1991. J’ai pleuré quand ils sont venus le chercher. Il a dit «je ne reviendrai pas, mais on se retrouvera au paradis». C’était ses derniers mots.

Quand on était dans nos cellules, les gardiens venaient et derrière les portes closes, on les entendait crier le nom des détenus qui devaient être exécutés. On priait, suppliant Dieu de nous épargner, sachant bien que l’un d’entre nous serait tué, pendu. Une mort douloureuse et atroce. Plusieurs rumeurs ont circulé en 1989 et 1999 dans la prison concernant mon exécution. J’en ai été malade, j’ai perdu énormément de poids. J’étais innocent et j’avais peur de mourir. William, la personne que l’État m’accusait d’avoir tuée, était en bonne santé et bien en vie et malgré les efforts de ma famille pour nous faire libérer au plus vite, il n’est pas facile de faire annuler une condamnation à mort. Quand ils sont venus chercher mon camarade de cellule, j’ai cru que j’étais le suivant. Quand vous survivez à une exécution, vous attendez la prochaine. Vivre en sachant que vous ferez face à la mort le jour même ou le lendemain est difficile. C’est ce que j’ai vécu pendant 18 ans et demi. Les détenus n’étaient pas les seuls à connaitre des problèmes pendant et après les exécutions. Le personnel pénitencier lui aussi devenait fou et certains sont mort. Par exemple, après l’exécution en masse de 1999, le personnel de la prison, ceux qui lavent les taches de sang sur le sol, le médecin qui doit déclarer la mort au nom du gouvernement, l’électricien, le bourreau, etc.

 

COMMENT J’AI SURVÉCU À L’EXÉCUTION

 

J’ai toujours prié Dieu d’épargner ma vie, il a exaucé mes prières au bout de 18 ans et demi de combat. Je m’étais plaint aux gardiens, aux autorités religieuses, aux visiteurs, aux organisations de défense des droits de l’homme, au chef de la prison.

Ma famille, mes amis ont demandé une grâce présidentielle pour faire reconnaitre mon innocence. Tous n’ont cessé de plaider en ma faveur, jusqu’à ma libération.

Ronald KATONGOLE a travaillé sans relâche pour prouver mon innocence, il est ici aujourd’hui, il est mon ange gardien. Sans lui, je serais mort aujourd’hui.

 

MA VIE EN PRISON

J’enseignais la Bible et j’étais un conseiller. J’encourageais mes codétenus à changer et à accepter Dieu. À mes compagnons de cellule violents, je parlais de la vie en prison et les encourageais à s’aimer les uns les autres. J’ai monté une école dans le couloir de la mort pour apprendre à lire et à écrire à mes codétenus. L’école existe toujours; j’y retourne avec du matériel et des livres. J’étais le plus vieux dans la prison, ce qui m’aidait à me rapprocher des gardes et à plaider en faveur de changements dans la prison. Mon travail auprès de mes codétenus m’a permis de développer de bonnes relations avec les autorités de la prison et d’améliorer ainsi le quotidien des prisonniers. J’ai dû faire des efforts pour convaincre les gardiens que nous avions changé et que nous étions non violents, que nous étions des êtres humains qui méritaient d’être  pardonnés et  aimés. Ils nous  regardaient comme des lions enragés.

 

MA VIE APRÈS LA PRISON

 

J’ai PARDONNÉ à tous ceux qui ont porté un faux témoignage contre moi; Je n’ai pas poursuivi le gouvernement pour obtenir des dommages et intérêts, car je souhaitais que d’autres prisonniers soient aussi graciés comme moi; J’ai participé à une affaire qui remettait en question la peine de mort en Ouganda; J’ai lancé des campagnes pour l’abolition de la peine de mort en Ouganda et en général; J’ai participé à la CAMPAGNE pour un moratoire universel sur la peine de mort devant les Nations Unies aux côtés d’Amnesty International. Ce fut une campagne positive. Je continue à rendre visite à mes frères et sœurs du couloir de la mort, je les encourage et je suis leur ambassadeur dans la lutte contre la peine de mort.

En ce moment, je travaille à la construction d’une école pour les enfants des détenus qui en l’absence de leurs parents bien-aimés manque de soutien. Les enfants sont innocents et n’ont aucun pouvoir sur les actions de leurs parents. Mes propres enfants ont manqué l’école, ce qui me fait beaucoup de peine.

 

L’IMPACT DE LA PEINE DE MORT SUR MA VIE

 

Ma femme est morte après mon inculpation; mes enfants n’ont pas pu aller à l’école faute d’argent; j’ai perdu ma maison et mon affaire; j’ai perdu mon frère bien- aimé dans le couloir de la mort (condamné pour avoir tué une personne toujours en vie aujourd’hui); je garde des séquelles physiques de mon séjour en prison.

 

CONCLUSION

 

J’ai partagé ma cellule avec un ancien dirigeant politique de la ville. Il avait le pouvoir d’abolir la peine de mort, mais il trouvait que tuer était bon. Il a été inculpé sous plusieurs chefs d’accusation et  condamné à la peine capitale. C’était trop tard pour lui. Tous les chefs des gouvernements doivent réfléchir à la nécessité d’abolir la peine de mort dans leur pays. Vous ou vos proches pouvez être un jour des victimes.

J’ai vu des innocents exécutés au cours de mon séjour en prison. Les êtres humains peuvent évoluer et changer. Les condamnés doivent avoir l’opportunité de changer.

 

Edward Mpagi

Ugandan’s against the Death penalty

 

Cotonou, Benin le  2 juillet 2014 lors de la Conférence continentale  organisée par la CADHP sur la peine de mort en Afrique  à Cotonou, les 2-4 juillet 2014.

 

 

 

 

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