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Madagascar: beaucoup d’interrogations après l’attentat du stade de Mahamasina


Après l’attentat du dimanche 26 juin, qui a fait au moins trois morts et 91 blessés dans le stade de Mahamasina à Antananarivo, le président Hery Rajaonarimampianina a tout de suite évoqué la piste politique. Dans un premier temps, l’arrestation de deux personnes a été évoquée, avant d’être démentie. Est-ce un acte politique ? Contre qui ? Par qui ? Le point sur l’enquête.

Les premiers éléments de l’enquête ont clairement fait apparaître qu’il s’agit d’un « acte criminel » volontaire et prémédité, selon un communiqué publié par le gouvernement malgache ce lundi 27 juin au soir à l’issu d’un conseil ministériel extraordinaire. La procureure de la République confirme également que plusieurs perquisitions ont eu lieu, mais sans en dire plus pour l’instant, afin de préserver le secret de l’enquête.

Dès l’évacuation du stade après l’attentat de dimanche, qui n’a pas été revendiqué, les enquêteurs ont commencé leur travail de ratissage. Les premiers indices concernent des éléments de l’engin explosif, comme l’indique le général Anthony Rakotoarison, chef de la sécurité et des renseignements à la gendarmerie nationale.

« On a pu retrouver une partie de la fourchette ou cuillère, donc c’est confirmé que c’est une grenade, explique-t-il. Mais une grenade artisanale, parce qu’il y avait des éclats métalliques qui ont provoqué de graves blessures sur les victimes. »

L’œuvre d’un groupe ?

Pour lui, il ne s’agit pas de l’œuvre d’une seule personne, mais d’un groupe, car d’autres incidents ont eu lieu ces derniers jours, sans faire de blessé, mais qui sont liés selon lui. « Le 25 juin, à 4 h du matin, une grenade artisanale a explosé au parking du palais du Sénat », indique M. Rakotoarison.

Autre incident survenu le lendemain, au stade municipal cette fois, le jour de la fête nationale : « Le matin, pendant la fouille à l’entrée, on a découvert deux grenades lacrymogènes jetées par un individu qui a été appréhendé », juste avant l’explosion de dimanche après-midi.

Enfin, autre fait tangible : une douzaine de grenades ont été volées dans une caserne de la capitale il y a dix jours, a-t-on appris le jour de l’attentat.

Failles de sécurité ?

Que dire de la fouille à l’entrée du stade ? Une fouille qualifiée de très sévère par tous ceux et celles qui en ont pénétré l’enceinte. Comment une grenade a-t-elle pu passer alors qu’un objet anodin mais un peu pointu était confisqué ?

A ce sujet, plusieurs hypothèses sont évoquées : des forces de l’ordre débordées par la foule ou peu rigoureuses dans leurs fouilles. Mais selon le responsable de la sécurité et des renseignements à la gendarmerie nationale, la grenade aurait aussi pu être cachée à l’avance dans le stade. En tout cas, les enquêteurs affirment avoir déjà une piste.

Acte politique ?

Autre interrogation : la grenade a explosé à 19h20, 30 minutes après le départ du président Hery Rajaonarimampianina. Etait-il la cible ? Les Malgaches s’interrogent et rappellent un précédent : le jour de sa prestation de serment, le 25 janvier 2014, une grenade explose et fait un mort et plusieurs blessés.

L’opposition dénonce de son côté les failles dans la sécurité du pays et nie toute tentative de déstabilisation. Les partisans de l’acharnement contre le chef de l’Etat, eux, voient dans l’attentat de ce dimanche 26 juin la main du sénateur de l’opposition et colonel René Lylison, actuellement en cavale. En effet, un mandat d’arrêt a été lancé contre lui en mai dernier pour avoir incité les Malgaches à organiser des journées « villes mortes ». Le pouvoir rappelle à volonté que ce sénateur est un proche d’Andry Rajoelina.

Source: rfi.fr

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