M Kouakou Dapa Donacien(expert en passation de marchés publics…) : « la ville d’Abidjan n’obéit pas aux critères d’une ville intelligente. »
Abidjan,05,02,16 (lepointsur.com)La passation des marchés publics est peu connue par nombre d’Ivoiriens. Pour autant, avons-nous rencontré un Juriste, Consultant en Passation, Exécution, Contrôle et Audit des Marchés Publics, M Kouakou Dapa Donacien qui après une somme d’expériences dans l’administration publique ivoirienne a fondé avec d’autres experts, le Bureau d’Expertise des Marchés Publics (BEMP Consulting). Dans l’entretien qui suit, tout en retraçant son parcours professionnel, il invite les Ivoiriens en général et la jeunesse en particulier à avoir de l’audace dans tout ce qu’elle entreprend.
Lepointsur.com :Peut-on savoir ce qui fait courir l’Association des Ressortissants de Pêtêye à Abidjan.
Dapa Donacien : Le président de l’association ou le secrétaire serait beaucoup plus indiqué pour répondre à la question. Mais, je ne vais pas me dérober. Nous sommes à la tâche, parce que nous nous sentons interpelés par les défis du développement de notre village en particulier et de notre région en général.
Quels enseignements, tirez-vous, des retrouvailles festives d’Azito-plage du 24 janvier dernier?
D’abord, ce sont des sentiments de fierté. A sa création en 1991, cette association comprenait seulement 6 membres fondateurs. Et l’idée est partie d’une femme, dame Aman Adanian. Nous leur rendons hommage, au vu du nombre de ressortissants du village à Abidjan en 2016. C’est environ deux cents personnes. J’ai été impressionné par l’esprit de créativité et la mobilisation des adhérents.
A l’ occasion de la célébration du nouvel an par les filles et fils de Pêtêye, vous avez lancé un appel aux cadres et toutes les bonnes volontés pour un soutien afin de booster le développement du village et de la région. Pensez-vous que l’appel a été entendu ?
Pêtêye a toujours été entendu, par ses fils et filles d’abord, et par les personnes de bonne volonté ensuite. C’est une tradition à Pêtêye de s’approcher de tout expert en développement afin de s’imprégner de nouvelles réalités. On ne se développe pas en vase clos, en s’enfermant dans sa tour d’ivoire. En ce qui concerne l’appel en faveur du développement de la région, beaucoup d’entre nous avons horreur des sentiers battus. Si vous voulez obtenir des résultats différents de ceux que vous avez l’habitude de voir, il faut faire les choses différemment. Partant de cet objectif, nous-nous sommes dit qu’il serait intéressant que Pétèye innove non pas au profit de ses seuls fils et filles, mais aussi au bénéfice de la collectivité du district du zanzan.
C’est pour cela qu’au départ, nous invitions les personnalités politiques et les élus locaux à venir partager leur vision de la problématique du développement avec l’association. En retour, ils peuvent, exporter ailleurs dans la région, quelques modestes expériences qu’ils auront observées à Pêtêye. Il y’a une quinzaine d’années de cela, un haut cadre de la région, ma posé la question de savoir, si à Pêtêye, il existerait une exploitation d’une mine d’or, qui financerait secrètement le développement spectaculaire et prodigieux du village. Poursuivant, il dit s’expliquer difficilement la beauté, la modernité et l’avance de ce village dans une région savanière. En réponse, je lui ai dit que le village s’est construit à partir du génie inventif de la population, avec l’appui des conseillers urbanistes et des hommes politiques.
Mais, vous n’ignorez pas que la politique a trop divisé la Côte d’Ivoire. Donc, de plus en plus, vous verrez Pêtêye prospecter et dénicher des cadres neufs de la région, généralement des hommes d’affaires, non intéressés par la politique. Car, nous avons la conviction qu’un bail tissé avec un homme d’affaires, a plus de chances de résister aux convulsions socio-politiques.
On peut donc dire que vous tournez définitivement dos aux hommes politiques ?
Cela ne signifie point que nous avons décidé de rompre nos liens avec les élus. Non, loin de là. Ce sont des hommes et femmes sympathiques, qui apportent, il faut le souligner, leur concours à la construction des infrastructures et à la modernisation de nos villages, proportionnellement à leur savoir-faire, leur capacités et dans les limites des budgets dont ils disposent, pour les élus qui en ont. Car, il faut le dire, quel que soit la bonne volonté d’un député pour le développement de sa circonscription, il ne dispose, ni ne gère malheureusement de budget.
Ce qui implique que, de plus en plus, en considération du retard pris par la région, il y’a nécessité de scruter au-delà de notre microcosme régional, national ou africain, pour prospecter de nouvelles stratégies de développement de nos villages et villes.
Par exemple, vous entendez des concepts nouveaux comme la notion de « villes intelligentes ». Comment intégrer cette nouvelle donne au moment où nos villages tendent à devenir des villes ? C’est là que des stratégies prospectives s’imposent dès maintenant, afin d’éviter que le désordre abidjanais contamine nos villages qui se transforment en centres urbains. Sans parâtre méchant, la ville d’Abidjan n’obéit pas aux critères d’une ville intelligente.
Selon le dictionnaire wikipédia, l’expression « ville intelligente », traduction de l’anglais smart city désigne une ville utilisant les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour « améliorer » la qualité des services urbains ou encore réduire ses coûts. Ce concept émergent — dont les acceptions sont mouvantes en français — désigne un type de développement urbain apte à répondre à l’évolution ou l’émergence des besoins des institutions, des entreprises et des citoyens, tant sur le plan économique, social, qu’environnemental.
Selon vous, qu’est-ce qu’une ville intelligente ?
Une ville peut être qualifiée d’« intelligente » quand les investissements en capitaux humains, sociaux, en infrastructures d’énergie (électricité, gaz), de flux (humains, matériels, d’information) alimentent un développement économique durable ainsi qu’une qualité de vie élevée, avec une gestion avisée des ressources naturelles, au moyen d’une gouvernance participative et d’une utilisation efficiente et intégrée des TIC. Une ville intelligente serait capable de mettre en œuvre une gestion des infrastructures (d’eau, d’énergies, d’information et de télécommunications, de transports, de services d’urgence, d’équipements publics, de bâtiments, de gestion et tri des déchets, etc.) communicantes, adaptables, durables et plus efficaces, automatisées pour améliorer la qualité de vie des citoyens, dans le respect de l’environnement.
Outre les habitants et usagers, les parties prenantes sont les collectivités, urbanistes et administrations concernés par l’aménagement du territoire et des villes, et pour le secteur privé les industriels des secteurs de l’énergie, de l’eau, des transports, des réseaux télécoms et infrastructures, les constructeurs intervenant sur l’équipement matériel des villes intelligentes , les intégrateurs, les fournisseurs de logiciels propres aux compétences des organismes locaux et les sociétés de conseil (les cabinets d’ingénieurs conseils, les bureaux d’études et les consultants individuels…) .
Alors, qu’est ce qui peut considérablement booster le développement d’un village ou d’une région ?
On s’aperçoit que, le développement, la modernisation et la transformation des villages est un processus qui ne se limite pas à la vente de parcelles de terrains, mais implique une diversité d’acteurs dont il faut tenir compte à la base.
Dans cet ordre d’idées, Pêtêye est consciente de sa responsabilité dans la région. En effet, le plus gros marché, pourvoyeur de vivriers, d’ignames et autres, dans la région, est créé à partir de Pêtêye. C’est grâce à la générosité et à l’hospitalité de Pêtêye, que le village de Flakiédougou a été créé par un Peulh, originaire du Niger, d’où l’appellation flakièdougou (village de flakiè, deformation de foulakiè) .Les bonnes relations entre le fondateur de Flakiédougou et le Chef du village de Pêtêye a motivé le Peulh à demander que ce soit Pêtêye qui intronise un chef de village à Flakièdougou, en considération de son statut de propriétaire terrien.
En retour, Pêtêye a donné son onction et sa confiance au Peulh jusqu’à sa mort, tout récemment, en qualité de Chef de Flakièdougou. Voilà de bons exemples de cohabitation à préserver et à encourager en Côte d’Ivoire. Volontiers, nous avons exhorté le Programme National de Cohésion Sociale (PNCS), dès sa création, afin que les bonnes relations entre ces deux villages et surtout les deux populations, puissent justifier la création à Pêtêye d’un centre incubateur de cohésion sociale. Maintenant que cet organe est érigé en Ministère, nous réitérons notre requête auprès de Madame le Ministre Mariétou Koné.
C’est d’autant plus important que la forte communauté ivoirienne et de la CEDEAO qui peuple flakièdougou puisse pérenniser les liens historiques et socioculturels entre Pêtêye et Flakièdougou. Et cela demande par exemple qu’une antenne du Ministère de la Solidarité, de la Cohésion Sociale et de l’Indemnisation des Victime soit ouverte à Pêtêye. Il est vrai que la prééminence des missions à caractère curatif du ministère (indemnisation des victimes) sur les missions à caractère préventif (cohésion sociale) va de soi. Mais, nous prions Madame le Ministre de prêter une attention particulière à cette requête de Pêtêye, pour donner tout son sens au dicton « mieux vaut prévenir que guérir ».
Au-delà d’un incubateur de cohésion social, c’est un devoir pour Pêtêye d’anticiper déjà sur les problèmes collatéraux que pourraient susciter l’urbanisation incontournable et souhaitée des deux villages. Comment intégrer les préoccupations de villes intelligentes dans les stratégies de développement de Pêtêye et de Flakièdougou? Cela demande bien de l’anticipation. C’est la raison pour laquelle, nous avons sollicité un cadre ivoirien vivant au Brésil de nous entretenir sur les facteurs qui ont pu transformer les villages brésiliens en centres urbains.
Quelles seront les priorités de soutien à l’emploi, quand on sait que le thème était l’insertion des jeunes?
Le parrain des festivités 2016 a plaidé la cause des jeunes filles et garçons, diplômés ou qualifiés. C’est nous qui lui avons soumis cette thématique. Il a défini un plan d’action, qui pourrait nous aider à l’insertion des cadets qui ne travaillent pas encore. En interne, nous pensons que le bureau de l’association Boyi peaufinera davantage la stratégie, pour l’atteinte des objectifs, à partir des conseils et suggestions du parrain. Longtemps, l’association a accordé la priorité au développement des infrastructures. A présent, le cap sera mis sur la « construction » des ressources humaines du village. C’est ce que les anglais appellent « human bulding ». Elles sont certes formées, mais encore faut-il œuvrer à ce qu’elles expriment pleinement les talents dont elles sont dotées. C’est ce à quoi, l’association en synergie avec la mutuelle du village doivent s’atteler.
Vous êtes consultant et expert en marchés publics, un secteur d’activités peu connu du citoyen lambda. Pouvez-vous éclairer l’opinion ?
C’est exact d’affirmer que les marchés publics sont très peu connus en Côte d’Ivoire. C’est une notion portée et boostée par la Banque Mondiale, surtout pour encourager plus de transparence dans la gestion des deniers publics. Donc cette notion est intimement liée à celle de la Bonne Gouvernance. C’est une orthodoxie qui s’impose aux professionnels, administrations et ordonnateurs de crédits (Budget). Les fonctionnaires du ministère de l’économie et des finances et les DAF des ministères savent de quoi il s’agit.
Mais pour définir les marchés publics, je vais vous épargner la terminologie technique et m’exprimer simplement. Un Etat ou ses démembrements a trois catégories de besoins : Des besoins en travaux (entrepreneurs pour la construction, réhabilitation et rénovation de bâtiments et infrastructures diverses), des besoins en fournitures (équipements et consommables informatiques, fournitures de bureau, mobilier de bureau, équipement techniques, véhicules, outillage …) Et enfin des besoins en prestations intellectuelles (Sélection de d’Experts-Consultants pour des missions diverses).Et en vue d’avoir accès à ces trois catégories d’opérateurs économiques, l’Etat et ses démembrements ont à leurs dispositions, deux possibilités pour passer commande.
Comment se fait concrètement la passation des marchés publics ?
En dessous d’un certain seuil de dépense fixé par la loi, (le code des marchés publics et ses arrêtés d’application), l’Etat et ses démembrements, sont autorisés à envoyer un fonctionnaire sur le marché, pour acheter, à la manière d’un particulier ordinaire, les articles et les prestations dont l’Etat et ses démembrements ont besoin, pour fonctionner. Il peut s’agir aussi des besoins d’investissement, outre les besoins de fonctionnement. Mais au-dessus d’un certain montant de dépense, l’Etat n’est plus libre d’acheter, là où il veut, comme il veut, ni chez le commerçant de son choix.
Même les services de la Présidence de la République sont astreints à cette obligation. C’est pour vous dire le degré de soins que l’Etat s’impose pour la transparence des marchés publics. En témoignent les différentes réformes successives de la règlementation des commandes publiques. Le principe, c’est que c’est l’ensemble des contribuables (vous et moi, les commerçants et entrepreneurs, les sociétés privées…) qui finançons les dépenses de l’Etat ou des Conseil Régionaux. Donc, il va de soi que si l’Etat doit acheter quelque chose, sous forme d’achat d’équipements ou de travaux, ou de fournitures de bureau, des mobiliers de bureau, il a le devoir de nous mettre en compétition afin d’acheter chez la personne ou société qui présente le meilleur équipement et à un prix raisonnable.
C’est en réalité par les marchés publics, que l’Etat distribue la richesse aux citoyens d’un pays. Voilà tout le sens des appels d’offres que l’Etat lance en direction de la communauté nationale. Et quand l’Etat emprunte auprès d’un organisme international ou d’un pays, alors, souventes, fois, il est en retour contraint de lancer un appel d’offres international, de sorte que les entreprises de l’Etat préteur puissent participer à la concurrence. C’est le même principe. L’argent que la Banque Mondiale prête à la Côte d’Ivoire, provient de la contribution financière des pays membres de la Banque Mondiale. Et nous savons qu’un Etat membre de la Banque Mondiale n’a rien à part les impôts payés par ses contribuables (entreprises et particuliers).
Donc, un emprunt implique que, pour dépenser cet argent dans les constructions d’infrastructures publiques, l’Etat se doit de lancer un appel d’offres international, donnant l’occasion aux entrepreneurs de l’Etat donateur de postuler. C’est le principe des Projet C2D (Contrat de Désendettement et de Développement) entre la Côte d’Ivoire et la France. Et il n’a rien de choquant en cela. C’est l’application du principe. La loi fait obligation à l’Etat d’annoncer publiquement ce qu’il veut acheter, comment il veut l’acheter, et les critères d’appréciation de la qualité des articles, des travaux de Constructions, ou des experts-consultant dont il a besoin.
Et comme l’Etat, c’est une réalité abstraite, les personnes physiques, chargées de planifier les besoins, d’organiser le processus d’achat, par la rédaction des dossiers d’appel d’offres et la mise en concurrence des fournisseurs, entrepreneurs ou cabinets de d’experts-consultants, sont des spécialistes et experts en passation de marchés.
Quelle est la sphère de compétence du Bureau que vous avez créé ?
Le Bureau d’Expertise des Marchés Publics (BEMP Consulting) est le premier cabinet privé créé en 2012 avec des activités spécialisées et concentrée sur la matière des marchés publics, élargis aux projets PPP (projets de partenariat publics privé, c’est-à-dire les concessions notamment). Ce cabinet est créé juste à la suite à l’entrée en vigueur du code de 2009, instituant une séparation nette entre la fonction de gestion des opérations courantes de marchés publics et la fonction de régulation.
Nos missions sont à l’intention des administrations publiques (Etat, ministères, Sociétés d’Etat, Conseil Régionaux et municipalités), en vue de les accompagner dans le pilotage des processus d’appel d’offres nationaux ou internationaux. Nous sommes également ouverts à l’intention des opérateurs privés soumissionnaires aux appels d’offres lancés par les autorités contractantes (Etats et ses différents démembrements), lors du montage de leurs offres, à la seule condition que l’autorité contractante, n’est pas cliente de BEMP Consulting.
Notre accompagnement peut également aider les soumissionnaires irrégulièrement écartés à porter plainte devant les institutions habilitées à recevoir des recours, notamment, auprès de l’Autorité Nationale de Régulation des Marchés Publics. Et en cas de recours juridictionnel, auprès de la Chambre Administrative de la Cour Suprême.
Peut-on savoir, si son expertise s’étend au-delà des frontières ivoiriennes ? Si oui, peut-on avoir quelques exemples ?
Bien entendu, depuis sa création, le cabinet fait l’objet de sollicitations à l’international. La dernière sollicitation en date, est venue depuis le siège de la Banque Mondiale à Washington. Dans le cadre d’une importante mission, dénommée « Benchmarking Public Procurement 2016 », j’ai été sollicité et contribué, de concert avec d’autres experts issus de 77 pays dans le monde, pour la production du rapport. A participé également à cette mission, l’un de mes collaborateurs.
Non seulement le nom du cabinet ainsi que celui de son fondateur sont référencés à la page 133 de ce rapport officiel diffusé dans tous les pays du monde entier, mais aussi et surtout, les termes de la lettre de félicitations en reçue de la Banque Mondiale en disent long. Avant cela, notre cabinet a été sollicité par l’Université de Californie (USA) en 2012 dans le cadre d’une étude comparative des marchés publics dans les Etats africains. S’en est suivi le Benin, qui nous avait présélectionnés sur une liste restreinte de 3 cabinets pour une mission dans ce pays. Mais, finalement nous n’y sommes pas allés pour incompatibilité de calendriers.
Que comptez-vous faire pour partager votre expérience avec vos cadets, ainsi que tous ceux qui seraient intéressés ?
Parlant d’expérience, je remercie le Seigneur de m’avoir pistonné dans ce métier. Muni de mon diplôme en Droit, option Droit public en 1999 à la Faculté des Sciences Juridique, Administrative et Politique (Université de Cocody), j’ai été formé en Management des PME par un cabinet israélien et l’INIE (Institut Ivoirien de l’Entreprise), une formation financée par l’Etat d’Israël. Au sortir de cette formation, je suis entré dans une entreprise de travaux publics qui venait de remporter un marché de 2, 5 milliards, sur financement de la Banque Mondiale. C’est à partir de là que j’ai décidé d’apprendre la passation des marchés Publics. Ensuite, je suis entré au Centre de Formation et de Recherches du Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (CFR-BNETD), devenu Institut de Formation à la Haute Expertise et de Recherches du BNETD (IFHER-BNETD).
Après cette formation, c’est la Direction Générale du Port Autonome de San Pedro qui me recrute en qualité de Responsable du Service Approvisionnements et Marchés, avant d’être promu Chef du Service Acquisition des Biens et Services toujours à la Direction Générale du Port Autonome de San pedro. De 2003 à 2012, j’ai eu la chance inouïe d’être intimement associé au pilotage de tous les nombreux processus d’appels d’offres nationaux et internationaux relatifs aux grands travaux de réhabilitation de la plateforme portuaire de San Pedro.
Quelle a été la part de contribution des organisations internationales dans votre parcours après votre passage au port autonome de San-pédro ?
Alternant des projets financés par la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) et des projets financés par la Banque Africaine de Développement (BAD), nous sommes outillés dans les procédures BOAD et BAD, étant entendu que le pilotage d’un processus était une occasion d’apprentissage des procédures du bailleurs en présence. En 2007, lors de l’évaluation de la mise en application du code des marchés de 2005, le Port Autonome de San pedro surclassa toutes les sociétés d’Etat de Côte d’Ivoire (y compris le Port Autonome d’Abidjan), car son système de passation des marchés était unanimement reconnu par les experts de la Direction des Marchés Publics, comme la plus conforme aux dispositions du code des marchés publics
C’est alors que le Cabinet Setym international inc, un cabinet de formation d’experts basé à Montréal, consultant le UNDB (United Nations Developpement Business), magasine de référence institué par l’ONU pour la publication des appels d’offres internationaux paraissant aux USA, et diffusé dans le monde des affaires, y sélectionna mes références et me proposa une formation en professionnalisation dans les directives de la Banque Mondiale en matière de passation de marchés de travaux, fournitures et sélection de Consultant. En 2008, dès que le Directeur Général du Port Autonome de San Pedro d’alors, M. Désiré Noel Laurent Dallo, eu connaissance du rapport officiel consacrant la suprématie du PASP, dans la maîtrise de passation des marchés publics, il paya les frais de formation.
Ainsi, je suis parti au Canada pour une formation d’experts en passation, exécution, contrôle et Audit des Marchés Publics. Au total, dans l’histoire du PASP, je fus le premier cadre à être envoyé en formation en Amérique du Nord, notamment au Canada. Revenu au pays, muni de cette somme d’expérience, et en vue de capitaliser les habiletés acquises dans les directives de la Banque Mondiale, j’ai démissionné du Port Autonome de San Pedro pour créer le Bureau d’Expertise des Marchés Publics.
Répondant au deuxième volet de votre question, je dois préciser, qu’en décembre 2011, j’ai financé et animé un séminaire sur la passation des marchés à Bondoukou, afin d’aguerrir et d’outiller les patrons des pme du zanzan, afin de mieux les préparer à compétir à la loyale, sur les marchés non seulement au plan régional, national, mais aussi dans l’espace UEMOA étant entendu, que cette union monétaire plaide pour l’ouverture des marchés de chaque pays aux entreprises immatriculées dans n’importe quel Etat membre de l’UEMOA.
La Radio Zanzan pourra en témoigner, puisque, c’est au travers des ondes de cette radio que j’ai sensibilisé et invité les intéressés à la formation gracieuse. Je fais de mon mieux pour partager mon expérience. Pour ceux qui sont coutumiers de la presse écrite et de la presse en ligne, mes articles sont à profusion sur les marchés publics de 2009 à ce jour. J’ai apporté mes contributions quant aux défis à relever pour un système de marchés publics performant.
Quel est votre message à l’endroit de vos frères et sœurs, qui il faut le dire comptent beaucoup sur vous les cadres pour sortir la région du sous-développement?
Le premier message, c’est de s’attacher résolument à Dieu. C’est la première ceinture de sécurité qui vaille. Je sais de quoi je parle. En 1998, j’ai entendu le Seigneur me dire ceci : « fonce dans les études sans crainte, j’y veille », avant d’ajouter : » « Je financerai tes études et tu seras étonné ». Je ne ferai point la fine bouche de prétendre pouvoir financer une formation au Canada, à laquelle participaient également des collèges auditeurs, spécialistes en passation de marchés recrutés et financés par le Millenium Challenge Corporation (MCC), une branche de l’USAID (USA).
Je ne pouvais pas non plus financer une formation complète en Management de PME dont les deux formateurs proviennent du Boston Consulting Group (USA) et de l’Institut du Mont Carmel. Je rends gloire à Dieu d’avoir tenu sa promesse, à mon égard. Ensuite, comme seconde arme, je conseille à mes cadets l’audace. Qu’ils ne s’autolimitent point et ne s’autocensurent point. Enfin, je conseille à ceux qui ont le complexe des diplômes, de se poser la question suivante : Qu’est-ce que je sais faire ? Quel est mon talent ? Quel est ma vision ? Le tout, c’est d’avoir une vision et acquérir la qualification y afférente. Une chose est d’avoir un diplôme. Mais une autre est d’avoir une qualification évidente. Dans un environnement, où il est souvent question de faux diplômes, il convient d’être franc pour dire qu’aucun recruteur n’est vraiment impressionné par un diplôme. Se saisir de toute occasion pour se former. Participer aux séminaires, aux journées portes ouvertes, aux foires commerciales, aux forums ouverts au grand public.
Celui qui attend une carte d’invitation formelle avant de participer à ces occasions uniques, ratent de bonnes opportunités de rencontre et d’échanges de connaissances. En un mot, il faut développer l’esprit de soi à être alerte et proactif. C’est à cela que nous les convions dans le cadre de l’ONG VITRINE CHINAFRIQUE, dont nous aurons l’occasion prochainement de préciser la vison.
Nous sommes au terme de notre entretien
J’adresse mes remerciements à vous et à votre organe de presse de nous avoir consacré du temps et de l’attention.
Propos recueillis par EKB