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Litige maritime-Ghana et Côte d’Ivoire/ L’accord se précise (Kofi Annan), mais…


PHOTO1GENEVE/ABIDJAN, 11 mai (Reuters) – Les présidents de Côte d’Ivoire et du Ghana sont près d’un accord dans leurs discussions à Genève sur le contentieux frontalier maritime qui oppose les deux pays et empêche de nouveaux forages pétroliers dans la zone contestée, a déclaré lundi 11 mai 2015, l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan. Prié lors d’une pause dans les discussions à Genève de dire si les discussions étaient proches d’aboutir, Kofi Annan a répondu à Reuters par l’affirmative: « Oui, c’est le cas« .    La chambre spéciale du Tribunal international du droit de la mer (TIDM), dont le siège est à Hambourg, a décidé en avril que le Ghana pouvait continuer à mettre en oeuvre un projet pétrolier offshore dans le secteur, mais a imposé dans le même temps l’interdiction de nouveaux forages.  La décision du tribunal de Hambourg a été jugée favorable pour le Ghana et pour la compagnie pétrolière britannique Tullow TLW.L, qui dirige le consortium exploitant le gisement offshore TEN, où elle a déjà procédé aux forages de puits nécessaires au lancement de la production. Selon la présidence ivoirienne, le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara a quitté Abidjan dimanche pour les discussions à Genève avec son homologue ghanéen, John Dramani Mahama, sous la médiation de Kofi Annan. Dans son arrêt rendu en avril, le Tribunal international du droit de la mer ne s’est pas prononcé sur le fond de l’affaire et il doit trancher de façon définitive sur le litige frontalier en 2017.

(Tom Miles à Genève, Loucoumane Coulibaly à Abidjan; Eric Faye pour le service français)

Ouattara marche sur les oeufs d’un contrat léonin

La Côte d’Ivoire et le Ghana sont en conflit sur l’exploitation du gisement pétrolier à la frontière maritime entre les des deux pays. Notre pays a porté l’affaire devant le Tribunal international du droit de la mer (TIDM, basé à Hambourg, en Allemagne) quand le Ghana a mis unilatéralement en oeuvre un projet pétrolier offshore dans la zone litigieuse.

PHOTO2La Côte d’Ivoire, en saisissant le TIDM, voulait obtenir la suspension de toutes les activités sur le territoire maritime faisant l’objet du litige. Elle n’a pas eu gain de cause.

Au motif qu’une telle mesure entrainerait « une perte financière importante » pour le Ghana, le TIDM a voulu, en avril, couper la poire en deux aux dépens des Ivoiriens: d’une part, il a autorisé la poursuite, par le Ghana, de l’exploitation de forages pétroliers offshore déjà entamés; d’autre part, comme lot de consolation pour la Côte d’Ivoire, il a interdit de nouveaux forages. C’est en 2017 que le TIDM a donné rendez-vous pour trancher définitivement ce litige.

Avant cette échéance, Kofi Annan, ancien Secrétaire général de l’Onu et président de la Fondation du même nom, est entré en scène. Il a convoqué, à Genève, en Suisse, Alassane Dramane Ouattara et le président ghanéen John Dramani Mahama. Ceux-ci se sont entretenus ce lundi 11 mai, sous son arbitrage. « Nous avons un accord, » s’est-il réjoui.

Un compromis aussi rapide sur la question sensible de la délimitation de la frontière maritime qui se trouve devant le TIDM indique que toutes les résistances ont été vaincues.

D’un, Kofi Annan est juge et partie. Ghanéen d’origine, il peut prendre à son compte le modus operandi du TIDM qui est conclu à l’avantage du Ghana, devenu pays producteur de pétrole avec près de 80.000 barils/jr exploités dans la zone querellée.
De deux, Kofi Annan peut user et abuser du trafic d’influence. Il fait, en effet, partie des personnalités mondiales qui ont mis, dans la balance, leur influence et leur soutien pour porter Alassane Dramane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire.

Cette étape franchie le 11 avril 2011, il a conduit une délégation du groupe dit des Elders (Anciens) pour venir féliciter son poulain. Le 2 mai 2011, il en a profité pour se rendre à Korhogo où était détenu Laurent Gbagbo à l’effet d’apprécier, sans doute, ses conditions de détention, mais surtout d’engager un lobbying pour obtenir la collaboration du président déchu dans le retour de la paix en Côte d’Ivoire par son allégeance à Ouattara et son appel à ses partisans pour désarmer leur coeur et leur esprit.

Après tous ces risques calculés et en s’impliquant personnellement dans la résolutiob du litige ivoiro-ghanéen, non seulement il pèse de tout son poids, mais il laisse très peu de marge à Ouattara de défendre, bec et ongle, le dossier ivoirien et de refuser, au final, un contrat léonin dans l’affaire. Devoir de reconnaissance oblige.

FB

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