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[Drame au CHR de Guiglo : « Affaire une institutrice décédée avec son nouveau-né »] Plus d’une semaine après, voici le témoignage émouvant de son mari


Guiglo, le 28-03-2024 (lepointsur.com) Le vendredi 15 mars 2024, après la célébration de la Journée Internationale de la Femme (JIF), un drame s’est produit dans l’enceinte du Centre Hospitalier Régional (CHR) de Guiglo : l’institutrice ordinaire B. Amah Marguerite et son nouveau-né ont perdu la vie à la maternité de l’établissement.

Un événement tragique majeur qui a plongé la communauté éducative et les populations du Cavally dans un profond désarroi, suscitant des réactions vives et des appels à la justice. En attendant les résultats d’une enquête administrative devant situer la responsabilité des cadres et agents de la santé suspectés et, punir au besoin les fautifs, votre organe numérique préféré lepointsur.com a rencontré le mari de l’ex-institutrice ordinaire à l’école maternelle Héricourt du groupe scolaire Résidence de Guiglo. Dans cet entretien plein d’émotions, M. Maxime Stanislas Blé, agent du Conseil régional du Cavally à Guiglo revient de façon pathétique sur les faits à l’origine de la disparition subite des deux membres de sa famille. Pour lui, certains cadres et agents de santé du CHR de Guiglo appelés à sauver les vies humaines, n’ont pas respecté leur serment d’Hippocrate.

La solidarité de son voisin du quartier et son épouse

« Mon épouse a commencé à perdre de l’énergie corporelle le mercredi 13 mars 2024. Je lui ai conseillé de se rendre à l’hôpital aux environs de 10h où les sages-femmes lui ont dit que le col de l’utérus était fermé. Sur leur instruction, elle a marché dans l’enceinte de l’hôpital. Vers 13h, ne voyant pas d’issue, mon épouse a été priée par les sages-femmes du CHR de Guiglo de se rendre à la maison… Une fois à la maison, tard dans la nuit, vers 24 h, elle a commencé à ressentir les mêmes douleurs… Mon épouse a appliqué du kaolin de manière verticale sur son ventre et nous nous sommes rendus à l’hôpital, aidés par notre voisin et son épouse, à bord de leur voiture personnelle.. ».

Stress et menaces dès l’accueil

« À l’hôpital, l’accueil n’a pas été chaleureux dès que les sages-femmes ont vu le kaolin sur le corps de mon épouse… Elles ont commencé à la stresser en haussant le ton sur elle. Ce, en dépit de son état d’aménorrhée très avancé et critique de cette nuit-là. C’étaient des propos du genre « Quand on vous dit de ne pas mettre de kaolin, vous en mettez. Quand on vous dit de ne pas vous purger, vous vous purgez… En tout cas, vous allez apprécier, vous allez voir… Si elle ne fait pas attention, elle va passer à la casserole ». Face à toutes ces menaces, j’entendais mon épouse leur dire qu’elle ne s’était pas purgée et qu’elle n’avait fait qu’appliquer le kaolin pour atténuer une douleur atroce. Quelques instants après, la femme du voisin m’a rejoint pour me faire part des inconduites des sages-femmes vis-à-vis de mon épouse. Mon épouse nous a rejoints quand les sages-femmes lui ont dit de marcher car elle était à deux doigts. Une fois dehors, elle m’a répété les mêmes propos de notre voisine et je lui ai remonté le moral ».

Des sages-femmes au CHR, pas sages

« Dans la cour de l’hôpital, l’une des sages-femmes que j’ai approchée est revenue sur la supposée prise de médicaments traditionnels par mon épouse avant de conclure que si mon épouse n’accouche pas par voie basse, elle accouchera par voie haute (Césarienne). Nous y sommes restés jusqu’à 2 h du matin et les sages-femmes ont pris le carnet puis demandé à mon épouse de revenir le jeudi matin. Le jeudi à 10 h, c’est une autre équipe qui a reçu mon épouse et la femme du voisin. Elle leur a dit que le Bishop n’était pas bon et qu’il fallait qu’elle marche…. Vers 13h, après un échange téléphonique avec une sage-femme résidant à Toumodi et qui a déploré le fait que mon épouse n’ait pas encore reçu des soins médicaux, elle nous a conseillé de faire une échographie. La situation étant toujours statistique, j’ai joint le Dr Cissé Mamadou, le gynécologue de mon épouse pour lui faire part des attitudes des sages-femmes et de l’état de mon épouse ».

La fuite en avant du gynécologue

« Il nous a conseillé de le joindre dans sa clinique, le Centre Médical CARECI où il a fait une échographie. Et il a révélé que le liquide dans le ventre de Madame a diminué, que la tête de l’enfant a grossi et que cette situation nécessite une intervention chirurgicale (Césarienne). Rendez-vous a été pris pour le lendemain au CHR de Guiglo. Il m’a prescrit séance tenante un antibiotique que Madame devait prendre jusqu’à l’heure du rendez-vous pris pour le lendemain, sans toutefois me dire que le cas était urgent et pouvait donc nécessiter une opération dans l’urgence ».

L’intervention tardive du chirurgien du CHR appelé en renfort

« Le vendredi à 3h du matin, elle a commencé à vomir (couleur jaune). Vers 5h du matin, elle m’a fait part des apparitions des caillots de sang chez elle. Joint au téléphone, le gynécologue nous a dit d’aller au CHR de Guiglo. Elle a été reçue et longtemps après, les sages-femmes ont appelé Dr Cissé, le gynécologue de ma femme et il leur a dit qu’il n’est pas de garde. Le second gynécologue, le Dr Berthé a dit qu’il était malade. J’ai appelé le Dr Cissé et il m’a répété la même chose. Je l’ai supplié en lui disant qu’il s’agit de sa patiente et il m’a dit qu’il ne peut pas travailler à la place de quelqu’un d’autre. Ils ont traîné jusqu’à ce qu’ils appellent le chirurgien. Hélas, c’était tard. Elle avait perdu beaucoup de sang. L’enfant est mort-né, ses tentatives pour réanimer mon épouse ont été vaines ».

Le gynécologue du CHR de Guiglo l’a suivie durant la grossesse

« Je rappelle que mon épouse a été suivie par le Dr Cissé Mamadou, gynécologue au CHR de Guiglo durant tous ces moments. Lequel nous avait dit après l’un test d’échographie que mon épouse souffrait d’une hydro-céphalée pendant sa grossesse. Une maladie qui fait grossir la tête de l’enfant. Toutefois, il nous a rassurés qu’après l’accouchement, l’enfant allait être traité après sa naissance ».

Laine Gonkanou, Correspondant Régional

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