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De Ex-Addr à la Ccrs/ L’audit du paiement de la dette intérieure au centre d’une polémique


– Quand des faussaires lèvent le ton

Abidjan, le 30-09-15 (lepointsur.com)-Depuis, le mois de juillet 2015, la mission de l’Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration (l’Addr), mis sur pied le 8 août 2012, présidée par le directeur général, Fidèle Sarassoro a pris fin. Elle a été remplacée par la Cellule de coordination de suivi et de réinsertion (Ccrs) des ex-combattants que coordonne Ago Christian Kodia, placée sous l’autorité du Conseil National de Sécurité (CNS) présidé par le Président de la République.

Les activités de l’Addr ont commencé en octobre 2012. En juin 2015, Fidèle Sarassoro,  s’est dit satisfait avant de se voir confier d’autres fonctions. « Je pars satisfait.  Mission accomplie pour l’Addr», a soutenu en juin 2015, l’ex-DG de l’Addr à l’hôtel du stade de Bouaké, au cours d’un séminaire.

Le bilan de M. Sarassoro

Fidèle Sarassoro, ex-directeur général de l'ex-Addr.Ph.Dr

Fidèle Sarassoro, ex-directeur général de l’ex-Addr.Ph.Dr

En effet, sous la houlette du CNS, présidé par le Président de la République Alassane Ouattara, l’Addr a pu  réintégrer plus de 57 000 ex-combattants sur une population active de 64 000. « Au 23 juin 2015, nous avons démobilisé 57 091 ex-combattants, collecté 12 474 fusils d’assaut dont 9 695 grenades, 1 051 roquettes, 2018 obus et 2 000 000 de munitions de petits calibres», a indiqué Fidèle Sarassoro, affirmant ceci: « Nous avons réussi à créer une dynamique de cohésion sociale. Aujourd’hui, c’est une mission accomplie. Mission accomplie aussi en tant que processus DDR, processus de sortie de crise. »  Au regard de ces propos révélateurs de Fidèle Sarassoro, la transition ne devrait souffrir d’aucune ambigüité si des ex-combattants, pour des raisons qui leur sont propres ne nourrissaient pas  des desseins noirs pour remettre en cause le travail abattu d’octobre 2012 à juin 2015, présidé par Alassane Ouattara.

Du  paiement de la dette intérieure

Des fournisseurs de l’ex-Addr réclament plus  de 3 milliards FCFA à l’Etat. C’est le dû que le Collectif des fournisseurs des ex-structures fondues au sein de l’Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration (Addr) réclament à l’Etat ivoirien pour avoir effectué des travaux ou des prestations de service. Le porte-parole du collectif, Michel Otiti, s’est plaint,  le vendredi 21 août 2015, lors d’une conférence de presse qu’il a co-animée avec la présidente, Mme Sarra Ouattara, dans un restaurant, à Abidjan- Plateau.

A en croire les conférenciers, le paiement de la dette de plus de 3 milliards FCFA dépend d’un audit. « Le coordonateur de la Cellule de coordination, de suivi et de réinsertion (Ccsr), ex-Addr, Ago Christian Kodia, a promis que si l’audit est terminée avec la validation des factures, il va s’exécuter  pour le processus de paiement de celles-ci», a indiqué le porte-parole, Michel Otiti.

Un fait bien connu du mis en cause. « Depuis quelques temps, il est fait écho dans la presse du mécontentement des  prestataires, fournisseurs ou encore partenaires de l’Addr du fait de non paiement de factures de ceux-ci », soutient M. Ago Christian qui nous réfère à la déclaration liminaire de la conférence de presse, du samedi 6 septembre 2014.

Comme si c’était, hier,  il clarifie l’accusation en ces termes : « De prime à bord,  il est important de clarifier qu’aucun des fournisseurs mettant en cause l’Addr n’a effectué des prestations pour le compte de l’ADDR. Il n’est donc pas juste de parler de fournisseurs de l’Addr, mais plutôt des fournisseurs des structures auxquelles l’Addr a succédé. C’est une nuance de taille. Il s’agit donc de ce qui pourrait être des passifs de ces structures à la dissolution. »

Le résultat des audits toujours attendus par les deux parties

Quant à l’audit dont fait cas le collectif des fournisseurs des ex-structures, la réponse du patron de la Cellule de coordination, de suivi et de réinsertion (Ccsr) est sans ambigüité. « Comme pour le personnel, et sous la houlette du CNS, un cabinet d’audit a été mandaté pour procéder à l’évaluation des droits et arriérés de salaires. Une fois le rapport transmis, l’Etat de Côte d’Ivoire a dégagé 700 millions FCFA pour que ces mères et pères de famille retrouvent un tant  soit peu le sourire. »

Le coordonateur de la Cellule de coordination, de suivi et de réinsertion (Ccsr), ex-Addr, Ago Christian Kodia.Ph.Dr

Le coordonateur de la Cellule de coordination, de suivi et de réinsertion (Ccsr), ex-Addr, Ago Christian Kodia.Ph.Dr

Par ailleurs, Il ne nie pas le fait d’avoir rencontré le collectif des fournisseurs, mais tout comme lui, son institution attend les résultats de l’audit dont elle n’est pas mandataire. « Pour les fournisseurs, les conclusions du travail de vérification par le cabinet d’audit n’ont pas encore été transmis à l’Addr ni les ressources pour effectuer ces paiements. Cependant,  des actions auxquelles l’Addr a été associée sont en cours et même intensifiées pour que très rapidement la question du passif des prestataires des structures dissoutes soit rapidement réglée. Nous avons reçu un collectif de ces prestataires, a qui nous avons partagé les actions en cours et à mener afin de les désintéresser. »

Aussi, le collectif souhaite-il, non seulement, l’intervention du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, mais aussi que le résultat de l’audit des factures commandité  par le Conseil national de Sécurité soit rendu public. Mme Sarra Ouattara, a,  entre autres, indiqué que les commandes des fournisseurs ont été faites selon les normes.

Des faussaires dans la danse

Après la mise place de la Cellule de coordination de suivi et de réinsertion (Ccrs), des ex-combattants font des sorties, les unes aussi  tonitruantes  que les autres, à travers des écrits. Le dernier en date est : « Intégrés à la Douane : Plusieurs ex-combattants chassés-Voici leur plan »  qui a barré  la UNE du confrère, Soir Info N°6283 du jeudi 17 septembre 2015.

En réalité, le feu ne couve pas la cendre entre les responsables de l’ex-Addr et plusieurs ex-combattants comme veulent le faire croire certains  démobilisés. Et pour cause, 44 de ces démobilisés qui se disent rejetés « sans raison valables », par l’institution dirigée en son temps par Fidèle Sarassoro, au regard de certains actes ont fait du faux. Ils sont passibles de poursuite judiciaire.

Les faits qui les accablent

Une vue des démobilisés. A titre d'illustration.Ph.Dr

Une vue des démobilisés. A titre d’illustration.Ph.Dr

De sources proches de l’ex-l’Addr, 2000 ex-combattants (employons le terme démobilisés) ont été retenus pour une  formation de base à Bouaké. Certains ont été affectés au camp Génie et d’autres au 3ème bataillon. Une formation dont le stage a pris fin, le 20 décembre 2013. Avant le départ à cette formation,  il a été demandé à chacun des démobilisés de déposer la photocopie du Bepc auprès de la direction de l’ex-Addr,  en vue de commencer la formation théorique douanière, après le stage de formation de Bouaké, selon notre source. « Nous avons accepté les photocopies des diplômes sur la base de la bonne foi des démobilisés, sachant que ces diplômes allaient être mis à la disposition de la direction des examens et concours (Deco) pour authentification», précise notre interlocuteur.

Le 30 décembre 2014, quand le décret de la formation théorique douanière a été pris, il  était question de vérifier les photocopies des documents du Bepc existant dans les fichiers de la Deco, des 2000 démobilisés  pour certifier ou non  leur authenticité.

Le responsable de la communication de l’ex-Addr ne dit pas le contraire. « Sur instruction du directeur (Ndlr : Fidèle Sarassoro), une note a été adressée à la Deco pour authentification. Le 23 octobre 2014, la Deco répond à la requête. 14 ex-combattants qui ont eu leur diplôme du Bepc authentifié et 12, pour le Bac, ont été rappelés et ont réintégré la Douane. Les autres qui ont été reconnus comme des faussaires parce que  possédant de faux diplômes ont été recalés. L’Etat aurait pu les arrêter pour faux, mais l’on s’est simplement séparé d’eux», explique le responsable de la communication de l’ex-Addr, confirmant les documents en notre possession.

Le démobilisé Kaho Gueassemou Roland par exemple a déposé la photocopie de son Bepc session 2011, obtenu selon lui à Man. En réponse à la requête de l’ex-Addr, le directeur des Examens et concours indique dans un courrier en date du 23 octobre 2014, qu’après recherche dans les procès-verbaux d’examen du Bepc, le diplôme de Kaho Gueassemou Roland est « inexistant.»

Sachant qu’il a fait du faux, en se déclarant admis en 2011, le même Kaho Gueassemou Roland se présente à la session 2015, où il obtient son diplôme. Mais, là,  il est forclos dans la mesure où, le décret a été pris en 2014. Pis, plusieurs dossiers en notre possession achèvent de convaincre que plus d’une centaine de démobilisés ont fait du faux.

Au nombre de ces faux diplômes dont certains sont inexistants, rejetés, ou refusés, il faut ajouter la falsification de la signature et du cachet du directeur de la Deco. Ces intellectuels (sic), à moins de ne pas  savoir que tout le processus est placé sous l’autorité du Conseil National de Sécurité (CNS), présidé par le Président de la République gagneraient à se ressaisir et à faire profil bas, plutôt  que  de faire de l’intoxication dans la presse.

Que d’interpeler le chef de l’Etat, Alassane Ouattara pour ce qu’il qualifie d’ « injuste»,  ils feraient mieux de se poser la question de savoir pourquoi ceux avec qui ils ont déposé les photocopies de diplômes sont intégrés et eux pas ? Autant dire, plutôt que de passer leur temps à vilipender le travail abattu par l’ex-Addr et dont la continuité par la Cellule de coordination de suivi et de réinsertion (Ccrs) est bien partie, ils feraient mieux de se remettre en cause pour le faux qu’ils ont fait.

Du côté de la direction de la Ccsr, tout comme ceux qui suivent avec beaucoup d’intérêt la présidentielle du 25 octobre 2015, chacun s’interroge sur l’opportunité de telles sorties dans la presse.

Sériba Koné

Légende de la UNE: L’une des réunions du Conseil national de sécurité, présidée par M. Alassane Ouattara.Ph.Dr

Encadré

Du laxisme de certaines autorités…

« Sur instruction du directeur (Ndlr : Fidèle Sarassoro), une note a été adressée à la Deco pour authentification. Le 23 octobre 2014, la Deco répond à la requête. 14 ex-combattants qui ont eu leur diplôme du Bepc authentifié et 12, pour le Bac, ont été rappelés et ont réintégré la Douane. Les autres qui ont été reconnus comme des faussaires parce que  possédant de faux diplômes ont été recalés. L’Etat aurait pu les arrêter pour faux, mais l’on s’est simplement séparé d’eux.» Ces propos du responsable de la communication de l’ex-ADDR remettent au goût du jour la question du laxisme de certaines autorités ivoiriennes. S’il est vrai qu’après vérification des photocopies des diplômes de BEPEC et du BAC déposées par  les ex-combattants, il a été révélé des faits flagrants de fraude pourquoi, après la  première sanction qui n’est autre que l’exclusion, les autorités n’ont-ils pas poursuivi les auteurs de la fraude pénalement. Evidemment, cela pose l’épineux problème du deux poids,  deux mesures qui a souvent cours dans les différentes sanctions infligées par certaines autorités ivoiriennes. C’est un secret de polichinelle. Ces faussaires sont de dangereuses gangrènes pour la société ivoirienne qui a plus que jamais besoin de son unité. Une unité et cohésion qui passe inéluctablement par l’assainissement de la vie publique. Point, n’est besoin de rappeler que les autorités auraient fait preuve de courage en poursuivant pénalement ces faussaires,  qu’ils (faussaires) ne seraient pas là, aujourd’hui à faire de la délation et de l’intoxication dans la presse avec des  complices tapis dans l’ombre. Ne dit-on pas,  qu’on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs ? A méditer !

EKB 

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