MUSIQUE: Entretien avec Thura et Jimmy de La Tour 2 Garde (Artiste-chanteurs producteurs réalisateurs audio-visuelle) : « Les artistes ivoiriens aiment la facilité.»


Thura et Jimmy James, « La Tour 2 Garde ». Deux jeunes rappeurs ivoiriens qui ont fait de la musique Hip hop leur passion. Propriétaire de la structure « Serial kill », ils s’investissent dans la conception, la réalisation de clips- vidéo, la production et la distribution d’albums.

Dans cet entretien réalisé à leur domicile à Angré 7ème tranche, ils nous parlent de leurs débuts dans la musique. Et lèvent un coin du voile sur la musique nigériane et africaine dans son ensemble.

 

Vos débuts dans la musique ?

Tout a commencé déjà à Koumassi à l’époque des AllMighty et Stezo. Thura a toujours été mon meilleur ami depuis nos débuts jusqu’à aujourd’hui. Nous avons été influencés par la musique américaine, le hip hop.

Pourquoi avoir opté précisément pour ce genre musical et non pour le Coupé décalé qui est plus en vogue ?

Lorsque nous commencions avec le Rap, le Coupé-décalé n’existait pas vraiment. C’était au temps de Stezo et Almighty donc tous les jeunes avaient cette tendance de s’inscrire dans le RAP pour faire carriere.

Votre mariage avec Serial Kill favorise la réalisation des clips vidéo, la production et la réalisation d’albums.

tour11Serial kill est une branche de l’agence Dlight. Il s’occupe du secteur clip vidéo. Son premier produit est La Tour 2 Garde.

Avez-vous connu des difficultés  à vos débuts?

Nos débuts ont été effectivement très difficiles. Parce que lorsqu’on débutait le Hip-hop nous étions encore au collège. Pour nos parents, c’était d’abord les études. Vu que nous dépendions financièrement d’eux. Vous comprenez que ce n’était pas facile. Il a donc fallu beaucoup de persévérance.

 

 Vous êtes beaucoup sollicités aujourd’hui.Est-ce à dire que ça va maintenant ?

Aujourd’hui nous sommes de grands garçons et nous exerçons des activités. C’est donc plus facile qu’avant. Nous sommes des passionnés de musique. Nos difficultés sont d’autres ordres. Il faut également préciser que chanter, n’est pas un travail pour nous. C’est juste un plaisir. Nous avons certes des difficultés mais nous parvenons à les surmonter.

Comment s’est faite la collaboration avec Bébi Philip avec le titre « La pression » ?

tour-2-garde-makassa-officiel-undeplusNous sommes artistiquement en phase avec Bébi Philippe. C’est un ami à nous. Surtout que nous n’en avons pas assez dans le showbiz. Il n’ ya donc pas eu de problème, ça été naturel de collaborer avec lui. Nous sommes sur la même longueur d’onde. Nous avons émis l’idée de faire une chanson ensemble. C’est lui qui a fait la musique.

Pourrait-il vous arriver de faire un featuring avec Arafat ?

Arafat est un artiste. Nous pouvons bien- sûr faire un featuring avec n’importe quel artiste. Tant qu’il a un bon feeling et qu’il est en phase avec nous, il n’y a aucun problème. Que ce soit un artiste confirmé ou un overground, on ne se met pas de frein. Nous ne faisons pas de featuring calculé. Nous fonctionnons en feeling. C’est bien de partager.

Avez-vous déjà produit des artistes ?

Nous sommes en train de le faire.

Que signifie votre titre phare « Makassa » ?

«Makassa » est un mot en Yacouba qui signifie « Ça va chez moi. » Littéralement ça veut dire « Je me sens bien ». « Pour moi est devenu bien » et en Congolais ça veut dire « l’argent », « la vie est belle », « J’ai la santé. »

Comment cela vous est-il venu de faire ce titre ?

Il faut dire que la Tour2 garde est un groupe qui est là depuis un moment. Nous avons sorti plusieurs albums mais à un moment donné nous avons voulu changer de tempo. Et ça bien marché. Nous avons tourné le clip à Yopougon-Sicogis en seulement 2 heures d’horloge. Au faite c’est le clip le plus facile mais qui cartonne et continue d’être regardé partout dans le monde entier. Les jeunes de ce quartier ont été prompts et son sortis en masse pour le clip. Nous les remercions au passage.

 

La musique nigériane est en train de prendre le dessus sur la musique ivoirienne. Quel est votre sentiment là-dessus ?

tgmakaimviLa musique nigériane n’est pas nécessairement en train de prendre le dessus sur la musique ivoirienne. A chaque époque sa musique. Il y a eu le temps de la musique congolaise. Ensuite, le Coupé-décalé est venu la détrôner. Aujourd’hui, c’est le tour des nigérians. Il faut reconnaître qu’ils font des clips de qualité. Beaucoup d’artistes ivoiriens ne sont pas du tout prêt à miser dans les clips. Pourtant, c’est très primordial pour leur carrière. Pendant que les nigérians tournent leurs clips avec des caméras cinéma, nos artistes tournent avec des caméras vidéo.

 

Sans doute un problème financier ?

Ce n’est pas nécessairement la raison. Les artistes ivoiriens aiment la facilité

Que pensez-vous du groupe « Kiff no Beat » ?

C’est un groupe qui fait de la bonne musique avec de bons textes. Ils ne sont cependant pas les seuls. Nombreux sont à encourager.

Que pensez-vous du Rap en Afrique et en Côte d’Ivoire ?

En côte d’Ivoire il y a le talent, mais ces jeunes sont encore des adolescents qui vont aller à l’école. Ce n’est pas facile de faire les deux. Il y a un manque d’organisation à leur niveau. En Afrique, le Rap est beaucoup avancé. Avec des artistes tels Psquare qui font honneur.

Quels sont vos projets à court et long terme ?

A court terme, nous évoluons actuellement avec notre titre « Makassa. » avec lequel nous tournons d’ailleurs beaucoup. A long terme, nous travaillons à nous investir dans la production des artistes. Nous disons grand merci à tous nos fans et leur demandons de continuer à toujours nous soutenir.

 

Réalisé par Armand Léon

Coll : Opportune Bath

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