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LA REPONSE DE COLETTE/ Cher Omar comment vas-tu ?


Parlons ce matin des causes réelles de la non-répercussion de la croissance dans le quotidien de nos compatriotes.

Lorsqu’en fin 2013 la grogne des ivoiriens issus des classes sociales aux revenus faibles a atteint son paroxysme au sujet de la non répercussion de la croissance tant prônée dans leur quotidien, nos dirigeants se sont empressés d’affirmer que la Cote d’Ivoire sortait d’une guerre avec son corolaire de dégâts à réparer. L’ivoirien ne pouvait donc ressentir automatiquement la croissance dans son quotidien. En Novembre 2014, le représentant local de la banque mondiale Ousmane Diagana, enfonçait enfin le clou avec ces propos durs : nous avons une pauvreté ‘’ inquiétante’’ en Côte d’Ivoire en comparaison avec son ‘’potentiel de croissance’’. Pour ne pas perdre la face suite à ces propos, le premier ministre Duncan dira que bien que la croissance tant prônée ne se voyait pas dans les assiettes, elle contribuait à une forte amélioration du quotidien des ivoiriens avec toutes ces infrastructures sortant de terre, associé aux différentes centralisations (CEPICI, Foncier Rural, inscriptions en ligne, CGI…) dans la gestion des affaires. Cela fait maintenant cinq ans que Ouattara est aux affaires et aucune stratégie palpable pour réduire les lourdeurs dans le quotidien des prestataires, et plus grave, ceux qui s’engagent vers les offres sont confrontés à un parcours tellement budgétivores que nous sommes tentés de croire qu’il s’agit d’un libéralisme à visage inhumain. Que de taxes ! De dépenses quelques fois infondées et imposées aux nécessiteux !

 Mon cher Omar, juge en toi-même, avec ces quelques exemples pris sur le tas.

 Il y’a quelques mois, alors que le ministre Cissé Bacongo était encore à la fonction publique, nous avions été informé de l’organisation d’un série de concours d’entrée à la fonction publique. Qui a participé à ces concours ? Des compatriotes en quête d’emploi, donc de chômeurs, de personnes sans revenu. La logique voudrait alors que les critères de candidature soient hyper allégés, les dépenses moindres. Et bien que n’étant pas socialistes, la pauvreté étant à son paroxysme, tout devrait être facile pour les postulants. Hélas, milles fois hélas, ce fut le retour du darwinisme social. Ainsi, les pauvres candidats ont déboursé : comme droit de concours, entre 10000 et 25000 , 5000 frs pour le certificat de visite et contre visite, 2000 frs à payer à la poste, 6500 frs pour le certificat de position militaire (les hommes uniquement), une enveloppe timbré à 600frs, un casier judiciaire à environ 3000frs, l’extrait de naissance, et quelques fois le certificat de nationalité nouveau modèle. L’objectif était-il de remplir les caisses de l’Etat en ruinant les jeunes, ou leur  permettre une insertion professionnelle ? Quel a été l’enjeu de la visite médicale pour les candidats professionnels, sachant très bien qu’ils sont déjà en exercice ?  Pourquoi à-t-on exigé plusieurs dossiers, donc plusieurs dépenses aux candidats postulants pour plusieurs concours ?

Une autre stratégie de dépouillement mise en place par l’Etat, consiste à livrer le citoyen aux oligopoles du service des hydrocarbures, en imposant un nombre incalculable de taxes sur les produits disponibles dans leurs stations services. De 2014 à 2016, le baril de pétrole est passé de 104 dollars à 28 dollars le 17 janvier dernier, pour rebondir à 32,28 dollars dans la première semaine de février. Bien sur que le pétrole est acheté à échéance, que le montant de livraison est à la charge de l’acheteur, que le coefficient (A) de stabilisation a été appliqué et que pendant longtemps, la subvention a été de mise sur certains produits pétroliers. Mais lorsque le produit dégringole à plus de un tiers de sa valeur, en tendant vers le quart, le bon sens voudrait qu’un mécanisme d’ajustement parfait soit mis en place, pour que la croissance tant prônée rejaillisse dans les réservoirs. Malheureusement, les usagers de certains pays limitrophes (même ceux auxquels nous livrons) verront le cout à la pompe plus abordable qu’en Côte d’Ivoire. Parce que tout simplement, notre carburant est l’un des plus taxé de la sous-région : ainsi, excepté le carburant livré aux chancelleries et produits imposables ayant déjà supporté la taxe en Côte d’Ivoire (C.f article 405 du Code Général des Impôts (CGI)), l’impôts indirects assis sur des volumes, des poids ou des quantités de produits spécifiques s’établit comme suit et par litre : Super carburant : 220 F, Essence auto : 210 F, Gasoil : 120 F. le tout reparti, selon les domaines (Fond d’Entretien Routier…) ce qui signifie que lorsque le Super est livré à 500 frs, c’est que le prix hors taxe est de 280 frs. Et c’est cette taxation illimitée qui a conduit M. Louis Billon à affirmer dans un passé récent que bien qu’abritant une raffinerie (SIR), La Côte d’Ivoire est l’un des pays où le carburant est le plus cher au monde.

Omar, laisses la fonction publique et les stations services pour scruter ta facture. Attardes-toi sur celle de l’électricité. Tu comprendras encore comment l’Etat vous arrache volontairement les retombés de la croissance via les taxes et les méthodes de calcules farfelues. En lisant ta facture hier soir, j’ai constaté une norme illogique et dépourvue de tout humanisme. « L’ancien index 33244 » et « nouveau 33750 ». La consommation est de 506 kilowatt. Ces 506 kilowatt devraient être simplement multipliés par le prix unitaire pour déterminer le montant brut à payer. Et voila que l’Etat de Cote d’Ivoire a décidé de fixer les prix par tranche. La 1ère tranche est déterminée selon la puissance souscrite, et la 2ème  tranche est égale à la valeur de la consommation totale moins la 1ère tranche. C’est comme si le libraire nous disait : comme vous avez acheté 200 cahiers identiques, les 75 premiers cahiers coute 2000frs et les 125 autres sont vendus au prix normal de 1100frs. C’est comme si le libraire, sachant que nous n’avons d’autre choix que lui nous empêchait de nous approvisionner à notre convenance. Qui pour nous expliquer ensuite l’enjeu d’une prime fixe sur notre consommation bimestrielle d’électricité ? Non content de toutes ces pratiques mafieuses, l’article 16 de l’arrêté interministériel N° 325/MPE/MPMEF/MPMB du 26 juin 2015 portant modification des tarifs de l’électricité, est entré pleinement en vigueur salant gravement les factures de Janvier.

Enfin, il y’a moins de deux semaines, l’Etat annonçait que l’aéroport d’Abidjan avait battu un record de fréquentation. 1,5 millions de passagers. Si effectivement l’aéroport avait été compétitif  et les autorités satisfaites, les taxations en vigueur auraient été reconduites. A la surprise générale, le gouvernement a décidé lors du conseil des ministres du 27 janvier 2016 de supprimer ou réduire plusieurs taxes étranges. Les taxes aéroportuaires, taxes trésor,  taxe solidarité nationale, taxe  frais touristiques, prélèvement spécial, taxe communale et district aéroportuaire, … et se sont ces taxes qui font d’Houphouët Boigny, l’un des aéroports les plus chers au monde. Ce sont ces taxes qui ont « chassé » BRITISH AIRWAYS en 2006, et CORSAIR en 2015  et obligeant certaines compagnies à préférer Dakar, ou Accra. Et c’est pour cette raison que depuis la certification aucune compagnie ne fait la liaison Abidjan-USA, South Africa Airways avait donné son protocole d’accord pour assurer la liaison. Mais elle a plus tard décliné l’offre à cause de la cherté de notre aéroport. AERIA s’était rabattu finalement sur  Delta Airlines. Cette dernière n’a pas jugé bon s’engager, pour la même raison.

Voila présenté quelques secteurs où l’Etat ivoirien devra penser à supprimer les taxes et frais, pour que les retombées de la croissance tant prônées soient perceptibles sur le quotidien des compatriotes. Bien sur que nous voyons les pompes villageoises installées, l’électrification rurale intensifiée, les créations de routes. Le quotidien restera invivable tant qu’aucune mesure ne sera prise pour détaxer considérablement certaines prestations. Il y va non seulement de la crédibilité du bond de 13 points dans la croissance (-4 en 2011 à 9 en 2016), mais aussi de la lutte réelle contre la pauvreté.

LA REPONSE DE COLETTE   PAR OMAR SAMSON

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