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La lettre à Colette… Les 20 entreprises turques à la conquête de la Côte d’Ivoire à la loupe


Abidjan 1er mars 2016(lepointsur.com)-Après plusieurs dizaines d’années d’investissement sans partage en Afrique au sud du Sahara,voila que l’Europe et l’Amérique cèdent progressivement des parts aux potentiels investisseurs, Asiatiques, Nord-Africains… C’est la ruée vers le continent.

Les 20 entreprises turques à la conquête de la Côte d’Ivoire à la loupe#La lettre à Colette

Et pour vendre leur produit (pays), les chefs d’Etat, soucieux d’attirer le maximum d’investisseurs s’adonnent tant bien que mal à du marketing à grand échelle :visite d’Etat, missions ministérielles, ouverture, ou réouverture de représentation diplomatique, ainsi qu’incitation verbale à travers des déclarations, ou discours au cours de dîners organisés en leur honneur.

 Si plusieurs présidents africains ont compris que la vie en autarcie ne pouvaient en aucun cas constituer une stratégie de séduction idéale, d’autres font mieux. Ces derniers donnent  l’impression d’avoir élu domicile hors de leur pays.

Et le cas le plus palpable reste celui de l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara. En cinq ans de présence à la tête de son pays, le nombre de déplacements à l’étranger se compte en dizaine.

Ce qui lui valu le pseudo Magellan. L’on a affirmé que son comportement ressemblait à celui d’un homme tentant de remplir un seau perforé de toute part, tant le système administratif ivoirien est gangréné par la corruption,le favoritisme,le gré à gré et une certaine lourdeur administrative dans certains secteurs considérés comme la chasse gardée de ses « amis et de ses hommes du palais ».

Toutefois, la confiance que lui voue  l’extérieur est restée intacte. D’autant plus intact que le ballet de chefs de gouvernement,  de chefs d’Etat et de Rois continuent en direction d’Abidjan. Après Shinzo Abe qui, à la tête d’une forte délégation s’est positionné en janvier 2014, c’est le Roi du Maroc qui s’est   presque « acheté »Abidjan en juin 2015 à travers Anas Sefrioui (ciment),ADDOHA(logementssociaux),Marchicamed (aménagement de baie)…

En cette fin de mois de février,  voilà que la 17ème puissance mondiale pose ses bagages en Côte d’Ivoire, avec la visite du président Recep Tayyip Herdogan.

Dans ses bagages, plusieurs chefs d’entreprises turques, venus, soit pour jauger, soit poursuivre des relations en plein rebond depuis quelques années. Cette visite est consécutive à  l’invitation du président Alassane Ouattara qui a effectué une opération de charme à Ankara du 25 au 28 mars 2015.

Il faut rappeler que malgré le caractère précoce des relations diplomatiques entre les deux pays (depuis 1998 seulement), les rapports commerciaux entre la Côte d’Ivoire et la Turquie sont en croissance constante, passant de  34, 368 milliards FCFA en 2004,  à 39,223 milliards FCFA en 2006, puis à 58,191 milliards FCFA en 2007.

En 2013, les échanges globaux entre la Côte d’Ivoire et la Turquie s’élevaient à 100 milliards FCFA. La balance est excédentaire en faveur de la Turquie et ce d’autant plus qu’à la fin de l’année 2015, ces investissements sont de 390 millions de dollars selon Madame Esra Demir,  l’ambassadrice de Turquie en Côte d’Ivoire.

Qui sont-ils,ces investisseurs turcs en Côte d’Ivoire ?

L’on peut citer de prime à bord Ismael Genan. Bien qu’intervenant  dans le textile, et l’automobile, il a opté pour le bâtiment et la construction via le groupe FERGEN en Côte d’Ivoire.

C’est ainsi qu’il construira BATI-PRO SARL à Port-Bouet à hauteur de 3 millions d’euros en septembre 2012. Ces investisseurs, c’est Halit Inci de INCI groupe,  entreprise déjà spécialisée dans la construction, la réhabilitation, l’import export, les BTP, qui compte maintenant construire la quatrième cimenterie de Côte d’Ivoire viaLimak Group avec une capacité d’un million de tonnes et un million de mètres cubes de béton.

Comment énumérer la Turquie«abidjanaise » sans parler de Horeça Word ? Groupe implanté depuis quelques années et spécialisé dans la fourniture en matériels de cuisine, de glacier, d’hôtellerie.

Sans oublier DEKOSET, dans l’ameublement (meuble de salle de bains, de cuisine). L’on pourrait aussi parler de BETA Group de  Eyup Yigit qui s’est engagé dans un partenariat avec KAYDAN dans le secteur de l’immobilier.

A cela, il faut ajouter BEKO, une filiale de Arçelik le N°1 de l’électroménager turc.  On pourrait enfin citer EFES Pilsen, qui mène une concurrence aux produits issus des brasseries locales.

Au total, vingt entreprises turques, ou filiales de grands groupes ont été dénombrées en Côte d’Ivoire. Cette croissance bien que maigre dans le nombre a un poids considérable  dans la valeur ajoutée au niveau de l’économie ivoirienne. Le lobbying, mais aussi le rôle joué par la diplomatie avec l’ouverture d’une première représentation turque le 7 juillet 2009, et l’arrivée en Côte d’Ivoire de Turkish Airlines, classé meilleur compagnie européenne pour la 5ème année consécutive.

Le Président Alassane Ouattara a d’ailleurs souhaité que ses fréquences passent de trois à cinq vols hebdomadaires en direction de la Cote d’ivoire.

Au regard donc de tout ce qui précède, et en attendant que les promesses d’investissements faites au cours de la rencontre conjointe entre opérateurs économiques ivoiriens et turques soient une réalité, voilà présenté le tableau permettant d’affirmer que l’appel du Président Alassane  Ouattara à l’endroit des investisseurs  a été bien entendu.

Cependant, et au-delà de ce constat sur le terrain, n’oublions pas qu’une chose est de tout mettre en œuvre pour leur ouvrir notre marché, mais que l’autre c’est  aussi  d’assainir véritablement le milieu des affaires.

Combien parmi ceux qui viennent s’imprégner du monde des affaires en Cote d’ivoire, y  reste ? ICI2014, avec ses centaines de chefs d’entreprises et milliers des promesses auraient englouti tout ce flux de chômeurs.

Hélas, certains facteurs obligent les uns et les autres à se retirer après avoir senti «  la direction du vent moins favorable à la chasse », la balle est donc dans le camp du Président Alassane  Ouattara qui après avoir tout centralisé  au niveau du CEPICI,presqu’allégé le code des investissements, doit maintenant exiger plus de rigueur et de transparence dans l’attribution des marchés…

Bon séjour et bon retour donc à Herdogan

 

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