[Interview exclusive] Le Maire Koné Hilliassou face aux journalistes : « Ma population a déjà jugé mon travail au cours d’un séminaire »


Abidjan, 05-10-2018 (lepointsur.com) L’Union des Patrons de Presse en Ligne de Côte d’Ivoire (UPLCI), était du 4 au 6 août 2018 en visite, dans la ville aux mille mosquées pour toucher du doigt les réalités de cette localité. Au terme de leur séjour, les journalistes ont échangé avec le  1er Magistrat de la commune à l’effet de passer en revue un certain nombre de préoccupations des populations. C’est sans tabou ni faux-fuyant que le Maire sortant, Koné Hilliassou, candidat à sa propre succession, s’est prêté aux échanges.

Monsieur le maire, ce matin, nous avons fait un tour dans plusieurs localités de votre circonscription. Le constat que nous avons fait, c’est qu’il y a eu beaucoup de réalisations mis à votre actif. On se demande bien, avec quelles ressources vous avez pu faire toutes ces réalisations. Nous voulons parler du nouvel abattoir moderne d’une valeur de 60 millions FCFA, d’une vingtaine des salles de classes dans le primaire, des magasins, des terrains de sports, des projets en finition, bref. D’où tirez-vous toutes ces ressources ?

Ces réalisations ont été faites au cours de mon mandat. C’est vrai, l’Etat de Côte d’Ivoire donnait 40 millions FCFA en investissement et 45 millions FCFA en fonctionnement pour une commune comme celle-là. Chef-lieu de région, chef- lieu de District. C’est vrai que cette année, l’Etat a légèrement augmenté la subvention de 20 millions FCFA. On nous demande comment nous faisons. Quand on décide d’être maire, il faut d’abord se dire qu’est-ce que nous  voulons ? Est-ce que nous sommes venus chercher à nous faire un nom ou est-ce que nous sommes venus chercher une place pour nous faire de l’argent ? Voici les deux questions que le candidat doit se poser. S’il est venu se faire un nom, c’est sûr et certain qu’il peut avoir ce nom. S’il est aussi venu se faire de l’argent, il ne l’aura pas, mais ils gâteront son nom. Quant à nous, nous avons mis la barre très haute avant d’être maire. A preuve, le pavillon que vous avez à l’hôpital  est de notre fait. Il été réalisé au moment où nous étions conseiller technique à la Primature ; nous avons offert ce pavillon de 10 chambres entièrement climatisé au CHR de Bondoukou.  En le faisant, nous n’envisagions  pas être maire, parce que nous ne voulions pas faire de la politique.

Nous avons interrogé notre foi : « qu’avons-nous fait pour mériter tout ce que nous disposons aujourd’hui ? » C’est grâce à Dieu. Pour nous, il faut que nous  fassions quelque chose pour plaire à ce Dieu. Voilà notre philosophie ! Nous nous sommes  donc rendu compte que nous  pouvons être utiles à l’hôpital. Nous avons  alors construit ce bâtiment afin de permettre la prise en charge de hautes personnalités administratives, religieuses et coutumières qui ne doivent pas être hospitalisés dans les mêmes chambres que les citoyens ordinaires eu égard à leur rang social. Et puis nos amis chinois de l’HUAWEI technologie nous ont donné 50 ordinateurs portables que nous avons distribués. Ensuite nous avons  reçu 300 ordinateurs  de nos amis coréens juste après la crise. C’est tout cela qui a d’ailleurs joué en notre faveur. Pour la population, elle estime que voilà quelqu’un qui n’est pas maire, ni député, ni ministre mais qui fait tant de choses dans la localité. Et elle se demande si on lui confie notre argent ? Vous voyez, notre  conscience est en train de nous dire Monsieur Koné, « vous n’avez plus droit à l’erreur ».

Vous devez mériter leur confiance. Nous avons de fait, battu notre campagne sans faire de promesses. Nous nous sommes dit, que nous allons montrer qu’on pouvait  gérer autrement la mairie. Donc le peu d’argent qu’on nous donne, nous pouvons faire beaucoup de chose avec. Mais nous  voulons indiquer ici que nous avons  aidé les impôts à améliorer la recette aussi. Nous avons donné 4 agents aux impôts, nous avons  acheté des motos pour les  impôts. Du coup, nus avons  amélioré la recette des impôts et de la mairie.  Le budget de la mairie est de 600 millions FCFA. Nous  faisons une portion de 10% du fonctionnement pour le mettre dans l’investissement. Donc si vous avez 600 millions FCFA, c’est-à-dire que votre budget d’investissement ne peut pas dépasser 60 millions FCFA. Si vous faites l’erreur d’augmenter votre budget d’investissement à 100 millions FCFA, vous voyez ce que ça fait ? Vous devez avoir un milliard FCFA ou plus. Et c’est ce qu’il faut comprendre dans la gestion de la mairie. Aujourd’hui, notre mandat est fini. Aucun entrepreneur, aucun investisseur qui travaille avec la mairie de Bondoukou ne peut dire que la mairie de Bondoukou lui doit 5 FCFA, parce que nous faisons la politique de nos moyens.

Nous  ne faisons pas de dépenses en désordre. Nous prenons le temps de tout regarder. Nous cherchons à comprendre ce que nous ne comprenons pas. C’est cela le secret du maire. Nous avons  travaillé avec la population, nous avons organisé un séminaire de réflexion afin de lui donner l’occasion de juger nos actions. Nous allons  au tribunal populaire et donc nous sommes devant vous. Un maire qui va devant la population, qui appelle la population, faire venir tout le monde, pour le juger ! Qui dit même à ses adversaires : « venez me juger » ! Qu’on dise que le maire est bon ou beau, ce n’est pas ce que nous demandons, nous l’aimons ou pas, ce n’est pas non plus ce que nous demandons. Il s’agissait de juger mes actions sur le terrain. Et puis, en même temps que vous me jugez, faites-moi des propositions. Je crois que vous avez fait le tour de toute la Côte d’Ivoire, vous n’allez pas trouver un seul maire qui vous dira qu’il a appelé sa population à le juger, à juger ses actions.  J’étais là en plénière. Ils ont raconté tout ce qu’ils pensaient. La Direction générale de la Décentralisation est intervenue parfois pour dire que ce que nous disons est bien mais ne relève pas de la compétence du maire. Mais quand ils nous ont donné la parole après, nous avons remercié tout le monde. Ils sont repartis satisfaits. Il y a eu même des maires qui se sont déplacés pour venir nous interroger sur nos réalisations, nos projets.

Avez-vous un modèle ?

Nous tirons nos expériences de la commune de Sikasso au Mali. ‘’Qu’est-ce que cette ville a d’extraordinaire ?’’, s’interrogent des gens. En effet, Sikasso est commune depuis 1968 et Bondoukou depuis 1980. Nous avons  beaucoup appris avec la commune de Sikasso. Là au moins, les réalités sont les mêmes. Ils sont moins nantis que nous. Nous sommes allés là-bas avec une forte délégation, de femmes parce qu’en Côte d’Ivoire, nos femmes savent vendre mais elles ne savent pas faire de la transformation. Alors qu’au Mali et au Burkina, les femmes font de la transformation. Les femmes de ces pays font du jus avec la pomme d’acajou, tout comme les mangues. Mais nous, avons des mangues ici, de Katiola à Ferké. Mais est-ce que nous arrivons à les transformer ? Avec l’anacarde, elles n’ont pas besoin de mettre 5 ou 7 millions FCFA pour la transformation. Même dans leurs salons, elles font de la transformation de l’anacarde. Nous avons envoyé les femmes là-bas pour qu’elles puissent partager des expériences, apprendre avec leurs sœurs maliennes. Sinon quand nous effectuons des déplacements en France, aux Etats-Unis, la réalité n’est pas la même. Parce que chez nous, quand il pleut, les femmes prennent les ordures et elles les déversent dans les caniveaux. Est-ce qu’en France le fait? Il faut changer les mentalités. L’Etat de Côte d’Ivoire nous a dit qu’il y a une structure qui s’occupera du ramassage  des ordures. C’était l’ANASUR qui s’en occupait.

C’est ANASSUR qui prenait tout l’argent de la collecte de ces ordures. Mais ANASSUR n’existe pas à l’intérieur. ANASSUR même ne peut pas ramasser les ordures d’Abidjan à fortiori quitter Abidjan pour Anyama. Mais quand vous mettez dans votre budget ramassage d’ordures, on vous dit d’enlever parce que cela  ne fait pas partie de votre compétence. C’est l’ONAD qui fait le drainage, le curage des caniveaux et l’assainissement. Mais, est-ce que la population peut comprendre cela ? Même vous les journalistes, vous n’arrivez pas à vous l’expliquer.  L’ONAD n’existe pas à l’intérieur du pays. Mais quand vous prenez vos deux factures, la SODECI fait un prélèvement pour l’ONAD et la CIE verse la salubrité à l’ANAGES. C’est pour vous dire que bien souvent, on nous accuse de ce que les villes sont salles, tout simplement parce qu’on ne nous donne pas les moyens pour faire la politique de la salubrité. Ça crée un vrai problème à l’intérieur du pays. Le ministère devait appeler les maires pour discuter franchement du sujet afin de voir ce qu’il faut mettre à leur disposition pour assainir leurs villes. Aujourd’hui, la grande commune de Bondoukou n’a que deux petits engins (Un tracteur et une moto tricycle) que vous voyez dans la cour ici. Le tracteur est là depuis 7 ans. Le Tricycle, nous venons de l’acheter à Bouaké sur le budget de la mairie. Souvent, certaines mauvaises gestions, ne relèvent pas de la faute des maires. La vraie réalité, c’est le transfert des compétences qui n’est pas effectif sur le terrain. Conséquence : la subvention de l’Etat vient au compte-goutte. Aujourd’hui, sur les 80 millions FCFA de subvention que l’Etat doit donner, il n’a donné que 20 millions FCFA au 8ème mois. Et il ce peu qu’au 10ème mois, on vous envoie une notification pour dire que l’année budgétaire est terminé.

Monsieur le maire, nous avons constaté trois éléments au cours de la visite. La modernisation de la ville avec les feux tricolores, l’accent que vous mettez sur l’éducation de proximité des enfants, vous avez financé la construction de la maison d’un vieil homme à Soko. Que soutendent ces trois activités dont certaines ne relèvent pas de vos prérogatives ?

Un dirigeant sans foi, sans spiritualité n’est pas un bon dirigeant. Il faut que le dirigeant arrive à placer Dieu au centre de ses actions. Et si vous reconnaissez Dieu et vous reconnaissez l’amour de Dieu, vous pouvez faire du bien. C’est ce que nous avons fait pour le vieux de Soko dont vous parlez. Sa maison est tombée en ruine. Nous étions de passage dans le village, il nous a approché, pour demander notre aide. Et nous lui avons construit une maison à titre personnel. Nous avons tenu notre promesse. Quant aux feux tricolores, nous les avons réalisés  parce que les accidents avaient commencé à faire trop de dégâts dans notre commune. Nous avons dit à la Commission de la soutenance du budget, aux membres que nous pouvons faire quatre carrefours à 28 millions FCFA.

Ils nous ont dit non, non Monsieur le maire vous rêvez quoi ! C’est un seul carrefour qui est à 28 millions FCFA ou 30 millions FCFA. Comment vous pouvez faire 4 carrefours à 28 millions FCFA ? Mais ce jour-là aussi, nous n’avons  pas été trop agréables. Nous  leur avons dit que s’ils  enlèvent leurs  10%, ils verront qu’on pourra faire les carrefours à moins de 28 millions FCFA. Le bâtiment est construit alors que le papier n’est même pas encore signé. Les enfants parcouraient deux kilomètres et demie pour venir à l’école à Bondoukou. Alors qu’ils ne sont pas comme nous à notre temps. Nos enfants sont trop jeunes. Nous répondons donc à une urgence. Il faut donner les mêmes chances aux enfants à l’examen. Entre nous, un élève de CPI peut comprendre quoi dans la double vacation ? L’objectif était de construire 24 classes au cours de notre premier mandat.  Enfin, pour revenir à l’installation des quatre  feux tricolores, elle  s’élève à 30 millions FCFA. Tout cela fait partie de la bonne gestion d’une collectivité.

Monsieur le maire, vous sollicitez un second mandat. Quelles seront vos priorités?

Nous avons déjà commencé. Vous voyez le musée, c’est maintenant qu’ils ont commencé à creuser.  C’est au cœur de Bondoukou et puis, c’est le bâtiment le plus vieux de Bondoukou qui date de plus de 150 ans. C’était le marché de Bondoukou. Et c’est quand on a construit le marché actuel en 1968 et inauguré en 1971 lors de la fête tournante de l’indépendance que le marché est parti de l’autre côté. C’est l’un des bâtiments les plus vieux de Bondoukou. Il doit donc être réhabilité. Il faut que ce soit l’endroit le plus beau, le plus attrayant de Bondoukou. C’est notre objectif. Nous avons fini avec les salles de classes, nous allons nous tourner maintenant vers les centres de santé. Nous  rêvons d’une ville verte. De fait, nous avons  commencé à planter des palmiers au niveau de la préfecture. Ça c’est un avant-goût. Mon deuxième mandant sera aussi axé sur l’embellissement de la ville de Bondoukou. Nous allons  mettre près de 200 millions FCFA dans ce projet.

Au cours de notre visite dans les villages de Motiamo et de Soko nous avons constaté que le patrimoine culturel de Bondoukou est un peu délaissé. Qu’est-ce que le maire fait pour préserver ce riche patrimoine culturel quand on sait que le maire est beaucoup attaché à sa culture ?   Qu’est-ce que le maire fait pour booster l’activité des femmes notamment les potières de Motiamo qui éprouvent d’énormes difficultés quant à la commercialisation de leurs œuvres d’art. Il en est de même des singes sacrés de Soko. Qu’est-ce que le maire fait pour protéger ces singes sacrés ?

D’abord les singes sacrés. Pour notre deuxième mandat, nous allons essayer de faire le reboisement pour reconstituer la forêt de Soko qui loge les singes sacrés. Vous voyez, je vous ai dit ce qui a fait qu’on ne voit pas les singes.Nous devons reconstituer la forêt pour les ramener. Aujourd’hui, les singes sont allés plus loin parce qu’ils ont peur. Dans notre  gestion moderne, nous  n’imposons rien. Il faut le faire avec le consentement des concernés, des villageois.  Et souvent, ils ne sont pas tous d’accord, il faut négocier.  Et la négociation peut durer des années pendant ce temps. Quant au village des potières, nous avons  commencé à réfléchir. Nous avons fait une ouverture de voie le mois passé qui relie Motiamo à Soko. Les populations de Motiamo ne seront plus obligés de passer par Bondoukou pour aller à Soko ou à Sampa.

Chez nous, la culture de la vente n’est pas améliorée comme à Katiola. A part les canaris et les ‘‘taliets’’, elles ne peuvent pas faire des pots pour les fleurs comme à Katiola. Nous allons  les organiser, faire venir des professionnels de Katiola pour les former. En faisant du musée une salle d’exposition,  c’est pour les gens de la culture. Ceux qui veulent présenter quelque chose surtout qu’il aura beaucoup d’étrangers et de touristes. Si les visiteurs viennent, ils iront manger dans des restaurants et prendre un café moderne là-bas. Il y a une banque qui est déjà ouverte. La banque des retraités. Nous sommes en  train de faire un petit « Cap Sud » à Bondoukou. Il faut rêver. Le budget va nous amener à ressortir, à améliorer la culture de chez nous. S’agissant de l’autonomisation de la femme, nous réfléchissons avec les spécialistes. Nous impliquons les spécialistes pour réfléchir sur le projet afin que ce soit plus efficace.

Qu’est-ce qu’il faut d’autre pour aider réellement ces femmes ?

Nous leur avons  dit de faire de l’élevage. Nous avons dit à l’ANADER de nous sortir un peu les plans et les projets. Nous avons dit à nos sœurs de Bondoukou que l’élevage peut les rendre autonomes surtout qu’elles sont dans une ville musulmane. Chaque jour que Dieu fait, il y a sacrifice de poulets et de moutons. L’élevage n’est pas seulement réservé aux hommes. Ailleurs, on a vu des femmes faire de l’élevage. Elles veulent aller seules alors que dans la gestion moderne, les ONG ne veulent plus financer des individus. Si nous arrivons à résoudre le problème des femmes, la ville sera un peu moderne. Si nous arrivons à résoudre le problème des jeunes, ce sera une ville moderne. La BAD demande à notre  jeunesse de présenter leurs projets pour qu’elle les finance mais, aucun jeune n’est revenu nous voir pour entreprendre un projet. Or, la Bad revient en Janvier 2019 pour réaliser  le bitume jusqu’au Ghana. Elle  profitera pour aider les groupements de femmes et des jeunes.

Monsieur le maire, aujourd’hui, vous avez une ville que vous comptez moderniser, si vous voulez convaincre les opérateurs économiques pour investir dans votre ville, quels sont les arguments que vous avancerez ?

Avec la construction de l’Université qui s’annonce, Bondoukou va bouger. Bondoukou aura le plus grand Lycée de jeunes filles avec 500 filles à l’internat et 700 filles à l’externat. Nous avons donné près de 100 hectares à la zone industrielle. Ce qui est déjà un acquis. Nous sommes en train de prendre attache avec le ministère de l’Industrie. Nous sommes  en train de faire des ouvertures de voies. Donc en venant d’Abidjan, vous n’avez pas besoin de rentrer en ville parce que  nous avons fait deux voies qui sortent sur la route de Bouna et qui continue au Burkina ou sur la route de Soko pour aller au Ghana sans rentrer en ville. Vous verrez que les terrains de Bondoukou sont 20 fois moins chers que les terrains des autres villes. Nous nous engageons à aider les opérateurs économiques à s’installer à Bondoukou sans difficultés.

Monsieur le maire, le sport dans votre cité. Nous avons visité vos infrastructures sportives, l’omnisport de Bondoukou. Nous constatons que vous avez envie de ressusciter le Sacraboutou sport de Bondoukou. Quelle sera la place du sport au cours de ce second mandat ?

Nous voulons participer aux championnats du volleyball, du Basketball et même du Maracana. C’est pour cela que nous avons  investi dans le terrain Omnisport. Le Sacraboutou, c’est la seule équipe qui est nationale. Bondoukou ne s’est pas réuni comme ça pour dire Sacraboutou National. C’est en 1968, au cours d’un match amical avec une équipe Européenne que Sacraboutou a fait sensation. Nous allons  demander à Eugène Dié Kacou de nous  dire exactement comment ça s’est passé parce que nous n’avons  pas pu finir d’écrire l’histoire de cette équipe.

 Réalisée par l’UPL-CI à l’issue de sa «CARAVANE-DECOUVERTE » à Bondoukou 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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