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Interview Assalé Tiémoko (DG) de l’Eléphant déchaîné : « Sans cet enregistrement MT aurait nié avoir tenté de me corrompre. »


Assalé 1Quelques semaines après les déclarations de MT sur Radio Nostalgie, et le point de presse du Secrétaire général du Synappci, Guillaume Gbato, le Directeur Général de l’Eléphant Déchaîné a tenu une conférence de presse le mardi 1er avril 2014 dans ses locaux sis à Angré les Oscars. Nous avons saisi cette opportunité pour lui tendre notre micro.

Toujours concernant  l’affaire  tentative de corruption qui vous oppose à Moussa Traoré, l’on vous reproche d’avoir enfreint aux normes journalistes. Parce que vous avez fait de l’espionnage et non du journalisme. Ce qui est contraire à l’éthique et à la déontologie.

 Effectivement ça n’a rien à avoir avec le journalisme. C’était une enquête que nous étions en train de faire depuis le mois de juin 2013. Nous devons utiliser tous les moyens dont nous disposons pour prouver que des gens prenaient de l’argent sur notre dos. C’est ce que nous avons fait ; y compris l’enregistrement. Aujourd’hui c’est la seule preuve que je dispose pour prouver que des gens m’ont proposé de l’argent. Ce n’est pas une affaire de déontologie. Est-ce que dans la loi, c’est normal d’enregistrer des confrères ? Ça n’a rien à avoir avec les confrères. C’est une affaire de corruption. C’est un délit. On a un cas de délit, d’infraction que des individus sont en train de commettre contre un individu. La loi  même nous oblige à dénoncer les délits. Et lorsque qu’on dénonce un délit, la loi oblige à démontrer toutes les preuves que tu as pour  prouver que le délit existe. C’est une obligation légale. Donc Je n’ai pas enregistré des confrères à leur insu. J’ai plutôt enregistré des gens qui étaient en train de commettre une infraction. C’est différent. Un journaliste n’a pas le droit d’envoyer de l’argent à son confrère pour dire, n’écris plus contre cette personne. Il n’a pas ce droit là. C’est de la corruption. C’est une violation de toutes les règles de la déontologie. Et si après l’individu  crie au loup, pour dire que la personne essaie de la corrompre, il le prouve comment ? S’il n’a pas d’images ? Une caméra qui démontre la remise de l’argent ou des propos qui le prouvent ? C’est ce qu’on a fait. S’il n’y avait pas eu d’enregistrement, Moussa Traoré aurait dit qu’il n’est jamais venu ici. Et  c’était son droit. Mais comme  je peux  le prouver  voilà pourquoi on l’a sanctionné. Je n’ai donc pas commis de faute professionnelle par rapport au journalisme. Ce n’est pas une affaire de journalisme. Voilà ce que je peux dire sur cette histoire d’enregistrement. Sinon, quand je reçois des gens dans le cadre de mon travail, je leur demande toujours est-ce que vous voulez qu’on enregistre les propos que vous allez tenir ? S’ils donnent leur accord on le fait dans le cas contraire, on ne le fait pas. Mais si on ne t’enregistre pas aussi on ne t’écoute pas. Parce que les notes peuvent disparaître. Ce n’est pas une affaire de déontologie.  C’est clair et net. C’est une faute que des confrères étaient en train de commettre avec le nom de mon journal. Il fallait que je me défende.

Qu’en est-il alors d’Alafé, puisqu’il a été cité dans cette affaire ?

C’est Traoré Moussa seul qui est venu ici. Moi, je n’ai jamais vu Alafé.Les quatre premiers contacts que j’ai eues avec lui, il n’a jamais dit que c’est Alafé qui lui disait de faire cette démarche. Il disait  clairement que c’est Mme la Ministre Kaba Nialé qui  lui a demandé de m’appeler. Quand je l’ai reçu ici, devant témoin il a répété les mêmes choses. C’est quand j’ai refusé l’argent et qu’après les rumeurs ont commencé à courir que j’ai écrit un courrier à Mme la Ministre pour lui dire, tel personne est venue à mon bureau de sa part pour me remettre de l’argent mais que j’ai refusé, est-ce que l’argent est retourné à son bureau.

Vous auriez refusé ce montant parce que vous aviez appris par la ministre que c’était une affaire de 5 millions au lieu de 500 000 FCFA comme MT vous l’a fait croire.

Il n’a jamais été question du montant de l’argent. J’ai tout simplement demandé à la ministre si elle avait reçu l’argent qu’elle a envoyé quelqu’un me remettre. Et si c’était elle qui avait envoyé Traoré Moussa dans mes bureaux. On a même publié ce courrier dans le journal. Nulle part c’est écrit  500 000 FCfa. Ce sont des histoires. Il raconte que j’ai refusé cet argent parce que j’ai appris que c’est 5 millions  au lieu de 500 000 FCFA. C’est faux. C’est parce que je devais défendre ma crédibilité. Puisque j’ai appris que j’ai reçu de l’argent alors que je l’avais refusé. J’ai alors fait un communiqué dans la presse pour démentir formellement cette rumeur. J’ai expliqué que je n’ai jamais envoyé qui que ce soit prendre de l’argent auprès d’une autorité. Et comme la rumeur continuait de courir, j’ai écrit un courrier pour demander à la ministre si elle m’a envoyé de l’argent. C’est ainsi qu’elle a demandé à MT qui l’a envoyé chez moi, voilà pourquoi il m’a finalement avouer  que c’est Alafé qui l’a envoyé. C’est comme cela que l’affaire a pris de l’ampleur.

Certains patrons de presse ont des accointances avec les hommes politiques. Comment faites-vous pour leur tenir  tête?

Moi, je n’ai aucune accointance avec les hommes politiques. C’est peut-être  une question d’éducation ou même de trajectoire. Moi, j’ai toujours eu pour ambition de devenir un magistrat. Cela a toujours été mon rêve d’enfance. J’ai fait des études de droit. Je suis sorti de l’Université, je voulais être magistrat mais j’ai été confronté à un environnement de corruption au point où  il m’a fallu dénoncer pour dire que ça ne va pas. Ça n’a conduit en prison où j’y passé 12 mois. Avec mon casier judiciaire, je ne pouvais plus passer de concours. Et le patron du journal pour lequel j’ai  écrit  un  article dénonçant’’ la corruption dans le système des concours en Côte d’Ivoire, et le système judiciaire  en 2007‘’m’a recruté à ma sortie de prison. C’est comme ça que j’embrasse ma carrière de journalisme. Vous comprenez que ce sont toutes mes frustrations que je relate dans mes écrits.  C’est comme ça que j’ai commencé à écrire contre le régime Gbagbo qui ne m’a  pas fait aucun cadeau. Mais quand ce régime s’écroule et que  et le pouvoir change, la ligne éditoriale du Nouveau Réveil qui est un journal proche du Pdci se retrouve dans ce pouvoir, moi ça me pose un problème d’éthique. Parce que je ne peux pas écrire en quoi je ne crois pas. Alors, j’ai démissionné de ce journal en juillet 2011. C’est -à-dire  juste après l’arrivée de Ouattara au pouvoir.

Guillaume Gbato a été également cité dans cette affaire de corruption. Mais blanchit par le CNP.

Bon, il  peut dire qu’il a été blanchi. Moi j’assume ce que je fais.

L’avez-vous accusé d’avoir tenté de vous corrompre ?

Je ne l’ai jamais accusé d’avoir tenté de me corrompre. Non, non.

Il soutient pourtant que vous l’avez accusé de tentative de corruption

Il a dit beaucoup de choses. Il m’a insulté, traité de menteur, d’affabulateur. Parce que le CNP m’a donné un avertissement pour l’avoir accusé sans preuve. Mais ce qui s’est passé c’ est que Guillaume Gbato est passé me voir  le 15 novembre 2013, dans la même mouvance  de corruption. Mais refusé, jusqu’à ce que je le reçoive enfin. Il est passé me voir pour m’expliquer qu’il a un grand-frère qui travaille à la caisse d’épargne, sur laquelle  on avait écrit des dossiers et qu’il allait faire venir le Dg  de cette caisse d’Epargne pour qu’on échange. Je lui ai dit qu’on  a toujours  adressé des courriers à ce monsieur mais il nous a toujours ramené vers son directeur de cabinet. Donc, il ne peut pas me dire que c’est pour équilibrer l’information. Après 15 minutes de discussions je donne mon accord. Il quitte mon bureau tout en promettant  m’appeler dans 2 heures pour me donner l’heure et le lieu de la rencontre. Mais je n’ai plus  eu de ses nouvelles. Il avait disparu de la circulation. Donc quand l’affaire  Traoré Moussa  éclate le 29 novembre 2013, et que je subi une pression, alors que MT est à Bouaké avec des confrères et des autorités de ce pays m’appellent pour me demander ce qui se passe, il était 1 heure du matin. Quand je réalise que cette affaire peut me coûter très cher. J’écris à un contact de l’extérieur pour l’informer de  tout ce qui m’arrive. Dans ce courrier, je parle de l’intermède Guillaume Gbato. Lui aussi est venu me voir pour un rendez-vous et il a disparu. J’apprends plus tard que j’ai été géré par  la CECP .Je fais donc des suppositions. En me demandant s’il n’a pas reçu de l’argent de ce DG. Sinon je ne l’ai jamais accusé. C’est lui qui m’a traduit devant le CNP. J’ai eu un avertissement parce que le CNP  a estimé que je n’ai pas été en mesure de prouver qu’il a tenté de me corrompre. Je leur ai répondu que je n’ai jamais dit qu’il a tenté de me corrompre. D’ailleurs, comment pouvais-je le prouver puisque je ne l’ai jamais accusé.

Des individus seraient  à la recherche de votre siège ? Avez-vous une piste ? 

 Oui, c’est une affaire que nous prenons très au sérieux. J’ai pris des dispositions sécuritaires à mon niveau. Parce Que nous travaillons sur des dossiers qui sont souvent très sensibles. Les gens disent que je suis suicidaire, parce que ce que nous faisons beaucoup de confrères ne le font pas. Cela fait 1 an que j’ai demandé la protection auprès du ministère de la sécurité. Mais  ma demande est restée sans suite.

Quels sont vos rapports actuels avec MT ?

Nous n’avons aucun rapport. (Rires) Nous n’avons absolu aucun rapport depuis le 10 janvier 2014. C’est-à-dire depuis la date de la confrontation  entre lui, Alafé et moi.

Cette histoire ne pouvait-elle pas se régler en famille ?

Ça aurait pu se régler en famille si tous ceux qui étaient impliqués dans l’affaire n’avaient pas tenté de me faire chanter et m’intimider. Et puis j’avais des preuves à apporter, parce que je suis membre du réseau des jeunes leaders .africains. Je suis un modèle. Comment pouvais-je prouver que je ne suis pas impliqué dans cette affaire ? Il fallait que je prouve mon innocence. C’est ce que j’ai fait. Et j’ai gagné beaucoup en crédibilité.

Réalisée par Opportune Bath

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