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Entretien / Kpilegbeu [Guerisseur-voyant] : ‘’J’ai le pouvoir d’attraper les sorciers’’


La sorcellerie reste toujours un mystère, mais surtout une réelle inquiétude pour l’ensemble des populations. A ce sujet, nous nous sommes entretenus, il y a peu, avec Gue Goh, alias Kpilegbeu, un Guérisseur-voyant. Là-dessus, celui-ci est revenu sur son permanent combat contre les sorciers. Il n’a pas manque de prodiguer quelques conseils à l’endroit de ses concitoyens pour résister contre les assauts de ces activistes de l’ombre.

Kpilegbeu, Guérisseur-voyant.

Gue Goh, alias Kpilegbeu, Guérisseur-voyant de son état.

Vous êtes Gue Goh, alias Kpilegbeu. Vous êtes originaire de Biankouman et exercez comme Guérisseur-voyant. Comment êtes-vous devenu voyant ? Est-ce un don de vos parents ou bien, avez-vous payé le brevet comme c’est souvent le cas ?

Dans mon cas précis, c’est un don. Je suis né voyant. Je n’ai pas payé un quelconque brevet. C’est un don de Dieu.

Généralement, les voyants sont assimilés à des sorciers. Est-ce votre cas ?

Ce n’est pas exact. Il y a une grande différence entre les sorciers et nous. Nous les voyants, nous avons le pouvoir de démasquer les sorciers, nous les voyons dans leurs activités nocives. Par contre, les sorciers n’ont pas le pouvoir de nous démasquer.

Vous êtes donc plus forts qu’eux ?

Bien sûr, nous avons le pouvoir de les attraper et de les faire avouer des crimes qu’ils ont commis. Mieux, nous arrivons les empêcher de commettre des crimes. Ils font des choses qui ne nous plaisent pas et qui ne plaisent pas à tous, d’autant qu’ils ne pensent qu’à faire du mal sur leurs passages.

Depuis quand est-ce que vous exercez votre métier de voyant et pourquoi avoir choisi d’exercer en ville et non au village ?

Je vous l’ai déjà dis, je suis né avec ce pouvoir. Pour mon choix de travailler en ville, il répond simplement à la volonté de plusieurs personnes qui ont eu besoin de mes services et qui résident pratiquement tous ici. Chaque fois, celles-ci me déplaçaient pour venir régler des soucis pour elles. Vu la récurrence de mes interventions, j’ai décidé de rester sur place à Abidjan. Comprenez surtout que je suis plus sollicité à Abidjan qu’au village.

Certes, mais n’avez-vous pas développé ce don grâce a l’aide d’un maître ?

Non, c’est un don que j’exerce depuis ma tendre enfance. Je ne défie personne par rapport à mon don. Toutefois, lorsque je suis en présence d’un sorcier en ville ou au village, je fais ce que je dois faire pour l’empêcher de nuire. Le faisant, je n’ai aucune inquiétude.

Il se raconte que des personnes comme vous, sont souventefois attaquées par des sorciers. Avez-vous été déjà tenté par certains d’entre eux ?

Oui, j’ai souvent été attaqué par certains sorciers, en vue de mesurer le niveau de mon pouvoir.

Dans ce cas, que faites-vous pour résister face à eux ?

Là, c’est un duel àmort qui s’engage entre eux et moi. Et généralement, ce sont eux qui y laissent leur peau. Comprenez aussi que dans un tel combat où seul le voyant peut voir les sorciers, si jamais il est découvert, c’est sa fin. Il n’y a aucun remède qui puisse le sauver, il mourra. Fort heureusement, pour moi, je suis toujours vainqueur [rires].

Vous est-il arrive de sauver in extremis, une victime des griffes de sorciers ?

Plusieurs fois, j’ai réussi à défaire des personnes qui avaient été attachées par des sorciers. Ce n’est pas toujours aisé, mais tant bien que mal, je parviens à donner du sourire à toutes les victimes dont les parents m’approchent pour solliciter mon intervention.

Nous sommes en période de fin d’année. Un moment très propice pour les sorciers. Quels conseils pouvez-vous donner à nos visiteurs pour passer ce moment dans la quiétude ?

Vous savez, les sorciers ne réussissent que là où l’on leur fait des ouvertures. En ces périodes sensibles, le conseil que je peux donner, c’est d’éviter de s’exposer à des randonnées mondaines. Il serait plus intéressant d’éviter les grands rassemblements qui peuvent avoir des lendemains regrettables. Rester dans un cercle plus restreint en famille serait l’idéal.

Réalisé par Idrissa Konaté

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