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En France, la colère face à la hausse des impôts et la création de nouvelles taxes


 

Un manifestant des «gilets jaunes» proteste contre la hausse des taxes. On peut lire dans son dos: «Macron dehors».AFP/Philippe HugueJ-2 avant la mobilisation des « gilets jaunes » contre la hausse du prix des carburants. Selon un sondage Elabe pour BFMTV rendu public hier, 73% des Français soutiennent cette revendication. C’était déjà le cas lors des manifestations en Bretagne de bonnets rouges il y a 5 ans, contre l’écotaxe.Il y a une « tradition » française d’opposition aux nouveaux impôts, aux nouvelles taxes. On a tous en tête les images mythiques de ces paysans sous l’Ancien régime qui protestaient contre les nouveaux impôts royaux ; des révoltes souvent réprimées dans le sang.

Mais, plus proche de nous, tout au long du XXe siècle, on a pu voir beaucoup de mouvements contre la fiscalité dans les régions. La Bretagne par exemple, avant.les bonnets rouges en 2013 a connu des mouvements très virulents d’agriculteurs dans les années 1970-1980 qui prenaient pour cible les bureaux des impôts.

A chaque fois, on avait à la fois des motivations économiques, sectorielles et en même temps un message de défiance vis-à-vis d’une administration jacobine-ultra centralisée et injuste. On a les mêmes ingrédients aujourd’hui avec les « gilets jaunes » : des automobilistes, des travailleurs indépendants, isolés par rapport aux centres du pouvoir et qui s’estiment injustement accablés de taxes. Qu’ils sont des « vaches à lait » pour reprendre leurs mots.

Mais est-ce que les Français payent vraiment trop d’impôts et de taxes ?

Selon une étude de 2018 de l’institut Molinari, à l’échelle de l’Europe, les Français ont un les salaires bruts les plus élevés, mais aussi parmi les plus grevés de prélèvements obligatoires. Plus de la moitié du salaire y est consacré.

Dans le même temps, il y a un mouvement général accéléré ces dernières années d’augmenter les prélèvements qui concernent tout le monde : la CSG qui a fait descendre les retraités dans la rue récemment, la TVA et en même temps, de baisser les impôts pour les plus fortunés : la suppression de l’impôt sur la fortune ou la flat-tax en sont des exemples fameux.Par ailleurs, les critiques faites au système ne manquent pas. Il est jugé très complexe, opaque et il pèse plus lourdement sur la moitié la plus modeste des contribuables.

Et l’inégalité face à l’impôt se constate chaque jour lorsque certains contribuables peuvent y échapper à travers diverses niches ou l’optimisation fiscale. Tandis que d’autres sont éloignés par exemple des services de l’impôt, faut d’être connecté à internet par exemple.

Les bonnets rouges d’hier et les « gilets jaunes » aujourd’hui sont une illustration de ce sentiment d’inégalité

Ce que mettent en évidence les mouvements de colère qui se multiplient ces dernières années et que soutiennent beaucoup de Français d’après les sondages, c’est une inquiétude croissante quant à l’avenir. Et une demande grandissante de protection de l’Etat.

La conjoncture économique pèse très fortement sur ces mouvements. Pour le sociologue Alexis Spire qui vient d’écrire un essai intitulé Résistances à l’impôt, attachement à l’Etat. C’est une des caractéristiques majeures de l’antifiscalisme français, quelle que soit sa forme. Les Français attendent de l’Etat qu’il les protège contre les aléas économiques.Même s’ils ne sont pas directement de son ressort comme la hausse du prix du baril de pétrole ou la fluctuation des cours mondiaux des matières premières. Ce n’est pas un hasard si ce sont des travailleurs indépendants chauffeurs, agriculteurs, petits commerçants plus vulnérables, qui se soulèvent le plus souvent. On ne pardonne pas à l’Etat qui enfonce le clou avec une hausse des taxes au lieu de les protéger.

« J’accepte de payer l’impôt, j’y consens, mais il faut que ce prélèvement soit juste et que l’Etat me protège » ; ce sont, au fond les conditions et la viabilité de ce contrat social qui sont remises en question à chaque fois que les « gilets jaunes » et autres bonnets rouges sortent dans la rue.

RFI

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