[Crise de chefferie à Assalé Kouassikro] La communauté divisée face à une décision préfectorale controversée
Assalé Kouassikro, le 18-11-2024 (lepointsur.com) Dans la localité d’Assalé Kouassikro, située dans la sous-préfecture de Krégbé, au centre-est de la Côte d’Ivoire, dans le département d’Arrah, une querelle de chefferie menace l’équilibre communautaire. Depuis l’installation officielle de Nanan Assalé Kouassi II en mars 2023 comme chef de ce village Agni Ahua, la situation a pris une tournure préoccupante, alimentée par des contestations et des ingérences de personnalités influentes. Retour sur une crise qui interpelle l’autorité administrative et met à l’épreuve les traditions locales.
Installé en mars 2023 sous la bénédiction de Nanan Aka 1er, chef de la tribu Ahua, et avec le soutien des chefs des 23 villages Agni Ahua, Nanan Assalé Kouassi II semblait voir son autorité solidement établie. Cependant, quelques mois plus tard, une fronde émerge, orchestrée par des ressortissants du village, appuyés par le président de la mutuelle locale MUDESAK, qui conteste ouvertement le nouveau chef.
Face à cette situation tendue, les autorités préfectorales interviennent en envoyant la Secrétaire générale de la préfecture pour rappeler à la population l’importance du respect de l’autorité du chef du village et de son rôle dans le développement de la communauté. Malgré une période d’accalmie temporaire, les tensions ressurgissent en novembre 2023. Les opposants vont jusqu’à entraver des rites traditionnels et causer des perturbations lors de funérailles, provoquant l’exaspération des jeunes du village, qui décident de restaurer l’ordre par leurs propres moyens.
Pourtant, alors que la situation semble s’apaiser avec un équilibre de pouvoir rétabli en faveur de Nanan Assalé Kouassi II, une nouvelle décision vient jeter de l’huile sur le feu. À la veille d’une visite prévue du chef de tribu Nanan Aka 1er pour soutenir le chef local, un arrêté préfectoral est diffusé, interdisant toute cérémonie à Assalé Kouassikro sans l’autorisation expresse de la sous-préfète de Krégbé. Les habitants voient cette décision comme une mise sous tutelle administrative qui outrepasse les prérogatives coutumières.
Ce climat délétère s’aggrave par des accusations d’influence externe, impliquant des orpailleurs et certaines « mains occultes » cherchant à imposer un chef alternatif plus docile. De plus, des allégations de prébendes visant à maintenir une situation de bicéphalisme dans le village viennent ternir davantage les relations avec les autorités locales. La tension atteint même le royaume du Moronou, dont le roi est soupçonné de soutenir indirectement la fronde par des courriers officiels appuyant les contestataires, malgré des échanges infructueux entre ce dernier et le chef de la tribu Ahua.
Cette crise met en lumière des enjeux complexes où s’entremêlent coutumes ancestrales, intérêts économiques et ingérences politiques. Dans ce contexte, la communauté d’Assalé Kouassikro attend de voir si les autorités locales rétabliront une stabilité durable en réaffirmant l’autorité de Nanan Assalé Kouassi II ou si cette crise continuera d’alimenter des divisions internes qui pourraient faire imploser le tissu social du village et le jeune royaume du Moronou.
Médard KOFFI avec NK/CP