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[Côte d’Ivoire/Santé] Voici pourquoi il faut repenser la mise en œuvre de la CMU


Abidjan, 02-09-2023 (lepointsur.com) Le Président de la transition au Gabon, le Général Brice Oligui Nguema a privatisé la Caisse de Sécurité Maladie du Gabon. La côte d’Ivoire doit s’en inspirer, parce qu’on ne comprend rien dans le fonctionnement actuel de la Caisse Nationale Assurance Maladie.

“ Toutes ces questions font qu’il est urgent pour le gouvernement de repenser la mise en œuvre de la CMU. ’’

En effet, le nouvel homme fort du Gabon, le président du CTRI, qui vient de renverser le président Ali Bongo Ondimba a fait une annonce forte devant le patronat Gabonais le jeudi 31 aout 2023, en annonçant  » la mise sous gestion du secteur privé  » des deux caisses de prévoyance sociale du Gabon , à savoir: la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS) mise en place en 2007 dans le but de garantir la couverture maladie à l’ensemble de la population gabonaise et d’assurer le service des prestations familiales aux Gabonais économiquement faibles (GEF), ainsi que la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) , chargé d’assurer la sécurité sociale aux travailleurs du secteur privé. En clair, la CNAMGS et la CNSS seront privatisé. Ces privatisations avaient été demandées par le secteur privé depuis le temps de Bongo fils. Pour rassurer le secteur privé, au sortir d’une audience avec le président Ali Bongo le 8 décembre 2022, ce dernier avait rassuré le chef du patronat Gabonais qu’il le ferait .Mais rien ne semblait poindre à l’horizon. Les militaires ont donc accédé aux vœux des gabonais, car, nombreux sont ces derniers qui se plaignaient de la mauvaise gestion de ces caisses de prévoyance sociale.

La côte d’Ivoire et le Gabon se ressemble. Les pratiques gouvernementales sont pratiquement les mêmes. Si au Gabon il a une caisse pour des allocations familiales, objet de mauvaise gouvernance, chez nous, on expérimente les filets sociaux. Si au Gabon, il y une Caisse d’Assurance Maladie, gérée par le public et très peu efficace, chez nous aussi il y a une Caisse Nationale d’Assurance Maladie gérée elle aussi par le public, dans un cafouillage indescriptible. Jugeons en nous-mêmes !

Depuis 2015 que la CNAM est opérationnelle son efficacité est décriée par la population. Entre le Directeur de la CNAM et le Ministère de l’Emploi et de la Protection Sociale, qui doit être en première ligne de la promotion de cet organisme de prévoyance sociale qui a en charge la gestion et la régulation de la Couverture Maladie Universelle (CMU) ?

La CMU est obligatoire de par la loi. Mais comment réussir un recouvrement efficace des cotisations sociales des populations ? En demandant aux élèves de plus de 16 ans, d’avoir la carte CMU avant leur inscription au collège ou au lycée pour cette rentrée scolaire 2023-2024, à t’on couvert tout le pays de structures rapides d’enrôlement de la population ?

“ Beaucoup d’ivoiriens ont le sentiment que le ciblage des élèves à cette rentrée répond à un souci de gains rapide d’argent par les promoteurs de la CMU, puisque personnes ne comprend cette action. ’’

J’ai visité un centre d’enrôlement à Abobo, dans le quartier Sagbe. J’y ai trouvé des jeunes de plus de 16 ans et des adultes qui étaient là depuis 4h00 du matin pour avoir la chance d’être enrôlé.  » Je suis là depuis 4h00 du matin pour me faire enrôler. Et tu vois, il est 9h00 et on ne m’a pas encore pris » se plaint un jeune requérant interrogé.

Le gouvernement dit attendre pour cette opération qui à court, environ 10 millions de personnes enrôlées. Si on fait un calcul rapide, c’est environ 120 milliards que le gouvernement espère engranger pour la CNAM, si toutes ces personnes s’acquittent de leur cotisation annuelle individuelle qui s’élève à 12.000 FCFA en raison de 1000 FCFA par mois.

Beaucoup d’ivoiriens ont le sentiment que le ciblage des élèves à cette rentrée répond à un souci de gains rapide d’argent par les promoteurs de la CMU, puisque personnes ne comprend cette action.  » Pourquoi c’est seulement le Ministère de l’éducation nationale qui se prête à ce jeu? Et les étudiants des universités et des grandes écoles, ne sont-ils pas aussi concernés par la CMU? » S’interroge un père de famille habitant le quartier Sagbe.

Les inquiétudes des ivoiriens se font de plus en plus grandes, surtout que la rentrée scolaire s’annonce à grand pas. Et se sont surtout les populations rurales qui sont le plus dans l’angoisse. Elles craignent que leurs enfants soient chassés des classes pour n’avoir pas encore eu la carte CMU. Un chef de village de Biankouma, dans l’ouest du pays, de passage à Abidjan, que nous avons interrogé, n’a pas manqué de décrier cette façon cavalière du gouvernement de mettre en œuvre la CMU. » Ils n’ont pas pensé à nous, les pauvres paysans qui n’ont rien pour payer la scolarité de nos enfants. Ils nous forcent à enrôler nos enfants élèves alors que nous-mêmes leur père, qui allons payer leur cotisation annuelle, nous ne sommes meme pas enrôlé. Pourquoi ils sont pressés même ? C’est l’argent ils veulent encore nous escroquer ou bien ? « .

“ Ce sentiment supposé d’escroquerie est partagé par de nombreux ivoiriens d’où le faible taux d’enrôlement de la population. ’’

Ce sentiment supposé d’escroquerie est partagé par de nombreux ivoiriens d’où le faible taux d’enrôlement de la population.  » Où va l’argent qu’ils vont prendre ? On a aucune traçabilité de ces cotisations qu’ils vont collecter. Tout est flou dans cette affaire  » se dit un habitant d’Abobo Sagbé.

Il est donc clair que les ivoiriens dans leur majorité sont d’accord avec l’avènement de la CMU. C’est une mesure sociale qui est à saluer. Mais, sa mise en œuvre pose problème. Parfois on a le sentiment que le Ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, qui a la tutelle de la CNAM marche sur les plates-bandes du DG de la CNAM. Par exemple, entre le DG et son ministre, qui doit faire la promotion de l’enrôlement à la CMU ? Qui a la politique du social et qui la met en œuvre ? Qui est au niveau macrosocial, mesosocial ou microsocial si c’est le ministère que l’on voit partout ? Que fait le DG de la CNAM et ces équipes ?

Toutes ces questions font qu’il est urgent pour le gouvernement de repenser la mise en œuvre de la CMU. L’idée donc de faire comme les nouvelles autorités du Gabon, c’est à dire, confier la gestion de la CMU au secteur privé est une piste à explorer. Surtout que les pays comme la France, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne qui ont réussi à mettre en place des systèmes de Sécurité Sociale efficaces, ont développé dans leur États respectifs, le corporatisme. Ce qui est malheureusement redouté en côte d’Ivoire.

Diomandé Gouesse

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