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Côte d’Ivoire-Paquinou 2015 : Abidjan se vide de ses populations


lepointsur.com (Abidjan, le 4-4-2015) Yopougon-Siporex, 7h, femmes, hommes et enfants, balluchons et sacs de voyages en mains, se ruent vers les gares de transport pour diverses destinations. Certaines associations ont organisé des convois. C’est le cas de l’association ‘’Arekpa’’ dont les membres se sont retrouvés depuis 6 heures à la place Ficgayo pour répondre à l’appel de leur président Konan Brou Fabrice. Finalement, c’est aux alentours de 16 h qu’ils quitteront Abidjan pour Sakassou.

Parqués dans les gares routières, les populations attendent patiemment un véhicule pour leur village. (Ph: Dr)

Parqués dans les gares routières, les populations attendent patiemment un véhicule pour leur village. (Ph: Dr)

« Je dois y aller quelque soit ce que cela me coûtera », fait savoir Kouassi Rosine, serveuse dans un maquis à Abidjan. Pour elle, « Pas question de rater la fête de Pâques. J’ai passé toute l’année à épargner. Aujourd’hui, avec 120 000 Fcfa d’économie je peux me permettre de prendre part à cette grande rencontre » a-t-elle ajouté.

Pour M. K. Gustave, instituteur de son état, la meilleure façon de fêter la Pâques doit se faire au village ou dans un campement. « Pour rien au monde, je ne passerai ces moments à Abidjan. Ce ne serait vraiment pas approprié de rester à Abidjan pour la célébration de la Pâques. Au village, nous avons non seulement l’air frais, mais également l’occasion de passer de bons moments avec nos parents que nous n’avons pas vus depuis plus d’un an », a-t-il soutenu.

Une fête qui engloutit de gros moyens

La fête de Pâques qui est la commémoration de la résurrection du Christ, le troisième jour après sa mort est récupérée depuis quelques années par la communauté Baoulé qui en a fait une célébration païenne. De gros moyens sont alors dégagés par certains pour l’occasion. « Il faut mettre le paquet pendant cette période. Taper dans l’œil de l’autre, en apportant des vivres et des vêtements à nos parents qui souffrent dans les villages et campements. Pour cette fête, sans compter les dépenses effectuées pour mes effets vestimentaires j’ai déjà investi plus de 50. 000 Fcfa dans l’achat de denrées alimentaires pour mes parents et 100.000 Fcfa que je leur remettrai en espèce », fait savoir Y.K Pascal

Jocelyne non plus n’entend pas faire dans la dentelle. « J’ai renouvelé ma garde robe. Il n’est pas question que je porte des haillons. Tu ne peux pas rester à Abidjan pendant des années et rentrer au village avec les mêmes vêtements. Il faut faire “encaisser” les amies qu’on a laissées au village pour aller nous chercher à Abidjan », soutient-elle.

‘’Paquinou’’ pour quoi faire ?

En pays Baoulé, les périodes de fête de Pâques ou ‘’Paquinou’’ sont des moments mis à profit pour la prise de grandes décisions, des moments de retrouvaille, de réunion de familles pour le développement de la région. Les planteurs choisissent également ces moments-là pour recruter des filles de ménage pour la cuisine des manœuvres.

A l’occasion, des projets de culture de riz, de plantations d’hévéa et d’activités de tous genres sont débattus. L’organisation de funérailles ou la célébration d’anniversaire de personnes disparues est une des raisons de la course du peuple Baoulé vers les villages et campements. ‘’Paquinou’’ est aussi le meilleur moment pour mettre à nu et sans retenue, les problèmes du village afin d’en trouver des solutions

Quand bien même la période de Pâques a une connotation positive en pays Baoulé, il faut tout de même révéler le côté négatif et l’aspect dangereux que revêt cette fête. En effet, comme nous l’avons souligné plus haut, c’est l’occasion où tous les coups sont permis. Notamment l’infidélité, la sorcellerie et les empoisonnements qui, très souvent, s’y invitent.

Opportune Bath

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