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[Côte d’Ivoire Média] Le ‘’règlement de comptes’’ apparaît dans le licencient à Fraternité Matin


-Deux journalistes crédibles parmi les 11 licenciés

Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le jeudi 22 novembre 2018, Marcelline Gneproust, journaliste à Fraternité Matin depuis 28 ans, l’une des plumes crédibles de cet organe dénonce un ‘’règlement’’ de compte de la part du DG, Venance Konan.

Sur les 11 journalistes dont les noms figurent sur la liste de licenciement, deux plumes crédibles se dégagent : Marcelline Gnéproust et Alakagni Hala.

Les productions de Mme Gnéproust ont été récompensées par le prix Ebony du meilleur journaliste ivoirien en 2012, et le Prix panafricain de la presse écrite en 2016.

Quant à Alakagni Hala, en 2004, il a enlevé le prestigieux et respecté, Prix CNN.

Marcelline Gnéproust (Super Ebony en 2012)

Ces deux plumes demeurent des références aux yeux des autres, particulièrement des plus jeunes qui émergent et qui ont besoin d’apprendre.

Malheureusement, la Société nouvelle de presse et d’édition de Côte d’Ivoire (SNPECI), propriété de l’État ivoirien et éditrice du journal Fraternité Matin, a annoncé vendredi 16 novembre 2018, dans un communiqué signé du directeur général adjoint, un vaste plan social. Ce sont 123 salariés qui vont être licenciés du quotidien, en plus des 32 départs volontaires prévus. Soit au total, 155 employés – sur un effectif de 339 – vont devoir quitter « Frat-Mat », fait remarquer Jeune Afrique.

Raison invoquée : les difficultés financières du titre de presse créé il y a bientôt 54 ans. Ses pertes cumulées sur la période 2012-2017 s’élèvent à 2,3 milliards de francs CFA (3,6 millions d’euros), portant ainsi les déficits cumulés de l’entreprise à quelque dix milliards de francs CFA à fin 2016. Fin novembre, le gouvernement avait pourtant accepté d’effacer une dette à hauteur de 5,5 milliards de francs CFA et d’injecter 3,6 milliards de francs CFA supplémentaires, en échange de réformes.

Le gouvernement, à travers son porte-parole, par ailleurs ministre de la Communication et des Médias a estimé le jeudi 22 novembre que le plan social avait été préparé sur des critères « justifiés et objectifs ».

Ce que ne partage pas, Marcelline Gneproust. « Si c’était le cas, il n’y aurait pas tous ces remous. Nous ne comprenons pas pourquoi les journalistes sont concernés. Nous ne remplissions pas les critères qui avaient été établis pour mettre en place ce plan social. La seule explication, c’est que le directeur général, Venance Konan, a profité de cette situation pour régler ses comptes », révèle la consœur.

Alakagni Hala, Prix CNN 2004

En effet, sur 23 journalistes pour la presse papier de Frat-Mat, 11 seront sacrifiés par ce licenciement et ils ne resteront que 12 journalistes. « Officiellement, nous sommes licenciés pour motifs économiques, mais la rédaction est le cœur d’une entreprise de presse », indique-t-elle.

Le Conseil national du dialogue social (CNDS) avait émis des recommandations en demandant que la direction mette en place un comité tripartite (employés, direction et ministère de la Communication) afin que ce comité se mette d’accord sur les postes qui devaient disparaître. Mais, le directeur général a décidé seul. Il a même remercié  par courrier le directeur des ressources humaines qui n’était pas sur la liste du plan social.

Voici ce qui est reproché au DG, Venance Konan, dans sa ‘’mauvaise gestion’’: « Le document qui justifie le licenciement du personnel, signé par le directeur général adjoint, qui fait état de la situation « catastrophique » du journal, évoque des dysfonctionnements, l’absence d’une culture de management, ou encore un manque de coordination entre les directions. La masse salariale, qui était de 70 millions de F CFA par mois en 2012, est passée en 2017 à 170 millions, quand le nombre d’employés a augmenté de 221 à 350. »

Face à cet état de fait, elle invite les autorités à réaliser un plan social, qui ne frise pas le règlement de comptes en faisant partir les meilleurs journalistes de Fraternité Matin.

Kpan Charles

 

 

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