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[Côte d’Ivoire/Assemblée nationale] Le projet de loi sur la recomposition de la CEI adopté sur fond de crise


Abidjan, 31-07-2019 (lepointsur.com) En dépit des réserves de l’opposition parlementaire, le projet de loi du gouvernement ivoirien sur la recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI) en Côte d’Ivoire, a été adopté sur fond de crise le mardi 30 juillet 2019, lors d’une séance plénière à l’Assemblée nationale.

Sur 203 députés votants, 124 ont voté pour le projet de loi, 78 contre et une seule abstention. Une ambiance de désaccords et de petites railleries, ont émaillé cette séance, qui a été à l’image des débats en commission le 18 juillet dernier.

En effet, les trois groupes parlementaires Pdci, Vox populi et Rassemblement ont, invité l’Assemblée nationale à voter contre ce texte. Mais leur requête n’a pas été prise en considération et le projet de loi sur la recomposition de la CEI a été adopté par une Assemblée dominée par les parlementaires du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir.

Aussi, deux amendements des députés Alain Lobognon du groupe Rassemblement et de Konan Kouassi Marius du Pdci ont été rejetés au cours de cette plénière. La proposition du député de Fresco Alain Lobognon a obtenu 69 voix favorables, 129 voix contre et une abstention. La prétention de son collègue du vieux parti a été recalée dans les mêmes proportions (70 favorables, 126 contre). Un député de Vox populi, Konaté Vassidiki, a, lui, retiré son texte d’amendement.

Cette nouvelle CEI comprend 15 membres, contre 17 auparavant: un représentant du président de la République, un du ministre de l’Intérieur, six de la société civile, six des partis politiques équitablement répartis entre le pouvoir et l’opposition et un représentant du Conseil supérieur de la magistrature.

Rejetant cette adoption, l’opposition parlementaire estime que la nomination des membres de la société civile par l’administration ne présente pas de garanties d’indépendance et pense que la commission sera «inféodée» au pouvoir.

L’adoption du texte en plénière consacre désormais la mise en place de la CEI dans sa nouvelle version, proposée par le gouvernement.

La crédibilité de la CEI est jugée cruciale en vue de la présidentielle de 2020 qui s’annonce tendue, dix ans après la crise post-électorale ivoirienne. Et surtout quand on sait que la légitimité de cette CEI, a été l’une des causes  majeures de la crise postélectorale de 2010, qui a causé la mort d’au moins 3 000 personnes à la suite de la contestation des résultats proclamés par Youssouf Bakayoko, le président de la CEI, encore en poste.

Boubakar Barry

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