Côte d’Ivoire / 19 septembre 2002 – 19 septembre 2014 : Il y a 12 ans le Général Guéi était assassiné.
Le 19 septembre 2002, la nouvelle de l’assassinat du général de brigade et ancien Chef de l’Etat Robert Guéi s’est répandue comme une traînée de poudre sur la ville d’Abidjan avant de faire le tour du monde.
12 années après, aucune piste n’a encore été explorée pour conduire vers les commanditaires et les exécutants du meurtre de l’ex-patron du Cnsp (Comité national de salut public).
Et pourtant, de Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara, l’Etat a fait de l’élucidation des zones d’ombre autour de l’assassinat du Général Robert Guéi, l’une de ses priorités.
D’ailleurs, l’actuel Chef de l’Etat en avait fait un slogan de campagne au plus fort de la quête de voix pour le second tour de l’élection présidentielle de 2010. En effet, en meeting à Gouessesso, devant les parents du général défunt, il avait juré de rétablir l’ancien Chef de l’Etat.
Alassane Ouattara avait, ce jour-là, fait la promesse d’ouvrir une enquête judiciaire qui conduirait à la vérité sur l’assassinat de l’officier général, ainsi que celui de sa maisonnée et de Fabien Coulibaly, son plus fidèle lieutenant.
Malheureusement, à la tête de l’Etat, la promesse du Président Ouattara semble tomber dans les oubliettes. Et, même si elles ne le disent pas avec des mots assez forts, le souhait des populations de l’Ouest est de voir la vérité éclatée sur le meurtre de leur fils.
Le silence coupable de Mabri.
La fougue déployée par le ministre Albert Mabri Toikeusse, face à Laurent Gbagbo, dans le cadre de ce dossier battrait-il de l’aile ? Rien n’est moins sûr.
Grâce à la détermination du président de l’Udpci, le Général Guéi avait reçu les hommages de la République. A travers le transfèrement de sa dépouille, suivi de son inhumation dans son village après plusieurs années passées à la morgue.
Mais depuis, plus rien. Le silence a plutôt enveloppé l’assassinat de celui qui, à la tête du CNPS, a dirigé la Côte d’Ivoire pendant les dix mois qui ont suivi le coup d’Etat militaire de décembre 1999 jusqu’à l’élection présidentielle d’octobre 2000.
Que cache donc ce silence de l’Etat et de l’Udpci (l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire), la formation politique qu’il a créée et qui est aujourd’hui dirigée de main maître par le ministre Mabri Toikeusse ?
Pour l’heure, la famille biologique de l’illustre disparu, avec à sa tête les enfants Guéi, mais aussi et surtout le grand Ouest, bastion de l’Udpci, n’aspirent qu’à une seule chose, mettre des visages sur les assassins de Robert Guéi.
Et au besoin, punir ceux qui d’une manière ou d’une autre, ont au cours de cette triste journée du 19 septembre 2002, précipité sa mort. Là-dessus, plusieurs témoins se souviennent de ce que le Général de division avait été accusé de fomenter un coup d’Etat.
En effet, au cours de cette folle journée, le Général Robert Guéi avait été accusé, sur les ondes de la radio par Pascal Affi N’Guessan, alors Premier ministre, de marcher sur la Rti pour annoncer un coup d’Etat.
Aujourd’hui, Affi N’Guessan et les éventuels commanditaires doivent s’expliquer sur cet assassinat devant l’opinion publique, et au besoin, devant les tribunaux.
Les enfants Guéi obligés de raser les murs
Fils et filles d’un ancien chef de l’Etat, les enfants du Général Guéi ne bénéficient pas de la moindre assistance, ni financière ni judiciaire de l’Etat de Côte d’Ivoire. En dehors de ceux qui ont pu intégrer l’administration, les autres se sont emmurés dans un anonymat qui en dit long.
Ils sont obligés de rester en arrière plan, de peur de constituer des menaces sur l’héritage politique de leur père. A juste titre, le parti créé par leur père est pratiquement leur dernier souci.
Idrissa Konaté