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Chronique – « Lettres à Corine » : 19 septembre ou l’audace d’être libre de vivre ensemble et en paix.


Landry Gayet Kuyo·Lundi 19 Septembre 2016

Corine,

Crois-tu, sauf démence ou foi bûcheronne, en la force d’un géant aux chevilles fragiles quand son équilibre, sa force et sa survie résident essentiellement dans sa capacité à tenir débout? Qu’est-ce qui fait qu’on ne tremble pas des pieds sinon l’absence de raison de craindre quelqu’un ou quelque chose ou encore le courage transcendant d’affronter ses peurs. Et si nous, contemporains et successifs, devrions avoir à craindre quelque chose, c’est bien le vice d’une Paix passive, fragile et éphémère. Or sans une Paix active, forte et durable, je parle de Paix et non de pacification, ce pays et son peuple risquent perpétuellement le pire.

Et, qu’est-ce la Paix lorsqu’elle s’entend autrement que par la seule l’absence de conflits nonobstant la persistance du péril ? Comment peut-on la tolérer lorsque Houphouët nous a éduquer à apprécier le meilleur en ne convenant qu’à une seule sorte de Paix dont les attributs sont la considération de l’autre à tous les égards, en toutes les circonstances et à toutes les époques ? Et qu’est-ce que la considération de l’autre sinon lui connaître et lui reconnaître en parole et en acte ce à quoi il a droit et ce à quoi il a foi. Comme nous sérions bien hypocrites de contester avoir perdu ou délibérément égaré ces principes de vie qui au-delà de la géopolitique constituent le ciment ou le moyen d’harmonie et d’union d’un peuple d’une si grande diversité. En famille, en communauté, en association, en entreprise, jusque dans l’animation et l’expression de l’Etat et de la puissance publique, lorsque le vice entretien les idéologies politiques qui eux nourrissent les convictions et réactions des personnes ; lorsqu’il s’engendre et s’allaite un monstrueux système qui fatalement détermine le sort cyclique des populations ethnicisées, politisées et radicalisées dont les rapports ordinaires sont tributaires de la position politique ; lorsque le destin alterné, mais commun de tous est l’indignité et l’éventualité de la mort sauf l’option humiliante de l’exil pour les plus nantis ; lorsqu’on aime son pays et son peuple et non pas sa tribu, ses alliés politiques et sa propre ambition, on a que le choix d’agir utilement pour tous, et ce bon gré mal gré, et ce malgré tout.

Et s’il se présente plusieurs options, qui tiendrait raisonnablement fautif et responsable le chirurgien de procéder à l’amputation du membre nécrosé de son patient lorsqu’il est saisi de l’impératif de l’assistance à personne en danger? La souffrance morale de survivre sans une partie de son corps peut émouvoir le patient, mais le soulagement de continuer à vivre plus longtemps éclaire sa raison et lui fait prétendre audacieusement un bonheur plus grand que celui de sa précédente vie. Et un tel processus de guérison n’est envisageable que si les douleurs physiques s’estompent et les souffrances morales se commuent en bien-être.  A défaut, même en présence d’une prothèse, celles-ci ont la pernicieuse vocation à désespérer le patient jusqu’à la mort à cause d’un mal désormais double et éternel.

Corine comprends qu’il nous faut nous réconcilier avec nous-mêmes  tels que nous sommes et réapprendre à vivre avec ce qu’on a perdu et avec ce qu’on a gagné. Voici donc en vrai l’intelligence et l’énergie qui ont engendré le 19 septembre. Voici de même son sens, ses objectifs et ses buts. Ils n’ont guère changé. Ce sont plutôt certains qui semblent changer. Et nous n’espérons rien d’autre qu’il soit accompli, non sans notre contribution et en valeur absolue, c’est-à-dire indifféremment et indépendamment des traits physiques et des profiles politiques des uns et des autre, cette Côte d’Ivoire libre, légale et juste pour tous au nom de laquelle certains de nos frères et sœurs ce sont révélés à nous, soit en tant que sauveurs et libérateurs, soit en tant que bourreaux.

Aujourd’hui, libère-toi de tout complexe et affronte tes doutes et tes certitudes, ces démons qui t’empêchent d’aller à l’essentiel, c’est-à-dire, à imaginer et à réaliser une meilleure Côte d’Ivoire par le concours de tous et de chacun. Et si celle-ci procède de l’autre et non de toi, s’il aura fallu que tu perdes beaucoup, considère ce qu’il y a gagné. Oui je comprends qu’il faudra te rassurer plus en actes qu’en paroles. Certes, la tache n’est guère aisé, car l’ivresse de la victoire obtenue après une bataille âpre ne s’accommode toujours pas de la sagesse d’accorder à l’adversaire la considération qui lui revient lorsqu’on a connu plus d’une fois le péril de passer par le fil de son épée. Et, il faudra au vainqueur, la sagesse de considérer, non pas la chair et le sang défaits, mais le mal vaincu. Puis convaincre d’un projet nouveau et d’un idéal commun amélioré qui affranchiront les uns et les autres des pesanteurs des souvenirs nostalgiques avec leurs remontées acides de revanche. Ici, la tache est ardue et elle n’épargne point l’ouvrier des tâches les plus humiliantes et hautement salissantes. Et pourtant, il le faut malgré tout.

Or, en pareille situation, deux sortes de personnes nous sont manifestées. Les premières, plus stoïques que pragmatiques, se contenterons de s’en tenir à leurs seules limites humaines et celles que leurs imposent les réalités du moment. Elles professeront à bon droit que «  LA POLITIQUE EST LA SAINE APPRÉCIATION DES RÉALITÉS DU MOMENT ». Les secondes, muent d’une plus haute ambition, solliciteront d’elles-mêmes et inspirerons ainsi aux autres une audace déraisonnée de convertir le temps et les circonstances à la volonté commune de tous à laquelle adhère forcément celle de Dieu. Ils professeront de bonne foi « VOX POPULI VOX DEI ». Or que veut le peuple sinon la Paix sans laquelle aucun bonheur n’est possible, sans laquelle tout malheur est possible. Et lequel des mondes, celui d’en haut et celui d’en bas, a-t-il  prospéré sans le concours d’Esprit et d’esprits accomplissant des actes déraisonnables pour le commun des mortels et des immortels?

Et si certains se sont résignés à une Paix passive, d’autres par contre mobilisent  tellement d’espérance puisqu’ils osent proposer en acte une Paix active, forte et durable. Et si tu cherches un visage,  Guillaume est celui qui, vis-à-vis de ses contemporains, incarne le profile humain, politique et d’homme d’Etat capable d’engager durablement toutes les expressions politiques, sociales et culturelles de Côte d’Ivoire à la Réconciliation. Tu conviens qu’il faut toujours une personne pour initier ? Guillaume  le peut, d’ailleurs il le veut parce qu’il se sait investi du devoir humain et de l’obligation républicaine, non pas par remord ni par  contrition, mais par ambition noble et légitime dont la principale vertu sera de trouver son succès dans la nécessaire réconciliation et l’union des ennemis d’hier, adversaires d’aujourd’hui et alliés dans un très proche avenir.

Et si notre époque et l’actualité des batailles politiques à travers le monde nous enseignent utilement que la conquête du pouvoir ne renseigne pas suffisamment sur l’habilité à gouverner, nous témoignons à raison et sans passion aucune que Guillaume, soit en tant que syndicaliste, homme politique et homme d’Etat,  inspire suffisamment le courage, l’autorité, l’efficacité, la fermeté, et la performance d’Etat, voire la fantaisie de l’audace, pour accomplir les missions dont nous l’investirons. Certes, moins brillant et rayonnant que certains, plus exposé à la critique de bonne ou mauvaise foi à cause de ses choix dont il a malgré tout le mérite et la responsabilité d’assumer contrairement à plusieurs, Guillaume est de tous, celui de qui ont ne formulera jamais la question suivante : «  QUI-EST-CE ? », car s’ils sont si nombreux sont ceux qui professent : « NOUS SAVONS QUI NOUS SUIVONS », ils sont d’un nombre fort impressionnant ce qui confessent «  NOUS SAVONS POURQUOI NOUS LE SUIVONS ».

Ainsi Corine, comprends que celui ce l’on suit en connaissance de cause est un choix préférentiel suggéré par la raison et non un choix par défaut. Comprends qu’évoquer avec pudeur le 19 septembre c’est espérer et encourager l’élan résolu des fils et filles de la République de Côte d’Ivoire, qui de plus en plus nombreux rejoignent les leurs pour créer les conditions de la Paix, de l’Union et de la Prospérité de la plus belle et la plus puissante Nation d’Afrique.

Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.

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