Après deux ans de traversée du désert / Les portes du pouvoir s’ouvrent de nouveau pour Ségolène.


Ségolène Royal

Ségolène Royal

«C’est quasi fait. Il n’y a aucun suspense», assurait dès le week-end l’entourage de Ségolène Royal. Très confiante, la présidente de la région Poitou-Charentes, se gardant bien d’apparaître en première ligne, distillait de son côté quelques confidences discrètes sur son état d’esprit. «Le moment est venu. Enfin.» Un «enfin» qui sonne comme une revanche. Car elle revient de loin, «Ségo»! Meurtrie par les résultats de la primaire socialiste de 2011, séchée par sa défaite aux législatives de 2012 à La Rochelle, elle avait beau faire la bravache, parler de «son» conseil régional comme du laboratoire de la France, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même et le savait. Privée de mandat national, snobée par la moitié du gouvernement, interdite d’Elysée, l’ex-compagne du président de la République, recasée à la BPI (Banque publique d’investissement) dont elle était vice-présidente et porte-parole, a remâché pendant des mois son amertume. «Elle était sous l’eau. Mais c’est une guerrière. Un jour, elle a donné le coup de pied pour remonter à la surface», raconte une confidente des jours noirs. Des jours plombés, des jours «sans» que seule l’affection inentamée de ses enfants a égayés. Mais ceux qui, à l’automne, l’ont croisée à la Comédie-Française ou à l’Opéra en compagnie de Thomas ou de Clémence ne s’y sont pas trompés. Les enfants, oui, bien sûr; mais les enfants sans la politique, non. Elle est comme ça, Marie-Ségolène. Elle veut tout et son obstination incroyable, son formidable culot lui ont parfois permis d’obtenir «tout». «Je peux tout faire, tout mener de front», semblait-elle dire alors: une vie familiale remplie (combien de femmes actives peuvent se permettre d’avoir quatre enfants et des horaires aussi lourds?) et une vie professionnelle dévorante. Il fallait voir débouler cette fille de militaire, lors des congrès socialistes ou de journées parlementaires du PS, dans la salle des journalistes. Poser sur un coin de table son sac rempli à ras bord de dossiers et téléphoner (les portables n’existaient pas encore) à «la maison» où elle interrogeait les aînés sur leur journée de classe et la nounou (souvent d’ailleurs sa belle-mère) sur la visite chez le pédiatre des plus jeunes. Elle se prêtait ensuite volontiers au jeu des questions-réponses. Symbole de la féminité triomphante, elle était la femme forte du couple. François Hollande, rencontré en 1978 alors qu’ils étaient tous deux à l’Ena, n’a d’ailleurs jamais été ministre. Mais elle ne s’en souciait pas. Puisque cela ne pouvait être les deux à la fois (François Mitterrand en avait fait une règle intangible), ce serait elle, tout simplement. Elle, évidemment. Ségolène Royal fut ministre de l’Environnement (1992-1993), puis ministre déléguée à l’Enseignement scolaire (1997-2000). Claude Allègre, alors son supérieur hiérarchique, s’en souvient encore. «Elle était ingérable», a-t-il souvent répété avec agacement. Enfin elle fut ministre déléguée à la Famille, à l’Enfance et aux Personnes handicapées (2000-2002). Adepte des coups d’éclat et des coups «perso», elle n’hésitait pas à annoncer de son côté et avant tout le monde des mesures décidées par d’autres, ni à publier des circulaires sur la pédophilie ou des textes sur les droits des enfants. C’est elle encore qui a instauré la disponibilité gratuite de la pilule du lendemain dans les lycées.

                                  De notre correspondante à Paris  Maty Gauthier F.

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