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La tension monte à Ferguson avant la décision du grand jury


FERGUSON – La tension montait d’un cran samedi dans la ville de Ferguson aux États-Unis, dans l’attente de la décision d’un grand jury sur l’opportunité de juger un policier blanc ayant tué un adolescent noir cet été.

Des hélicoptères de la police ont survolé tous projecteurs allumés la ville de 21 000 habitants, située en banlieue de Saint Louis dans le Missouri, jusque tard dans la nuit de vendredi à samedi pendant que quelques manifestants bravaient le froid mordant pour réclamer que Darren Wilson, policier de 28 ans, soit poursuivi en justice pour avoir tué de plusieurs balles , 18 ans, le 9 août.

La mort du jeune homme avait déclenché des manifestations pendant plusieurs jours, dont certaines ponctuées de violences, sur fond de racisme dans cette bourgade où 67% de la population est noire mais où les édiles et les policiers sont quasiment tous blancs.

«Je suis ici pour la justice. Si nous n’obtenons pas justice, la paix sera impossible», a déclaré Ebony, 22 ans. «Je veux voir Darren Wilson en prison», a-t-elle lancé.

Le président Barack Obama a demandé vendredi aux habitants de Ferguson de «manifester pacifiquement». Une requête également adressée par le père de Michael Brown dans une vidéo mise en ligne vendredi.

«Merci d’avoir élevé vos voix pour mettre fin au profilage racial et à l’intimidation policière, mais blesser autrui ou détruire des biens n’est pas la solution» a déclaré Michael Brown Sr. «Peu importe ce que le grand jury va décider, je ne veux pas que la mort de mon fils soit vaine».

Reste que le gouverneur du Missouri a décrété lundi l’état d’urgence et activé la Garde nationale, le FBI a renforcé ses équipes sur place avec une centaine d’agents supplémentaires.

Michael Brown, qui devait intégrer un établissement de formation professionnelle, a été abattu par le policier en pleine journée, dans la rue, d’au moins six balles.

Selon les médias, Darren Wilson a indiqué devant le grand jury avoir agi en légitime défense après une empoignade avec Michael Brown. Mais des témoins ont déclaré que le jeune homme avait les mains en l’air lorsqu’il a été abattu.

«Je pense que des gens vont être mécontents, c’est tout ce que je sais», a indiqué à l’AFP un père de deux enfants refusant de donner son identité. Manifestant avec le visage dissimulé derrière un masque de déguisement, il a relevé que les tensions étaient en train de se raviver.

Craintes de violence

Aux États-Unis, un grand jury se réunit à huis-clos pour déterminer s’il y a lieu ou non de poursuivre. Dans le cas présent, il peut inculper le policier qui pourrait par conséquent être jugé, ou décider qu’il n’y a pas lieu de le poursuivre.

La plupart des manifestants s’attendent à ce que le grand jury décide de ne pas poursuivre le policier.

«Ça ne va pas être joli joli s’il n’y a pas de poursuites. Il va y avoir de la violence, je pense», a estimé Jo Ann Davis, une fonctionnaire locale. «Je pense que ça va être pire qu’en août. Parce qu’il y a des cars entiers de gens qui sont venus ici de partout dans le monde juste pour manifester».

Pour Cathy Jackson, qui a quatre petits-enfants, les gens appréhendent la décision. «Je pense que la police a mobilisé beaucoup trop de forces», a-t-elle relevé.

Vendredi, deux membres soupçonnés d’appartenir au groupe activiste des nouveaux Black Panthers ont comparu devant un tribunal fédéral après avoir été arrêtés par le FBI.

Aucune date précise n’a été fixée pour la décision du grand jury. Le bureau du procureur du comté de Saint Louis avait indiqué il y a quelques temps qu’elle interviendrait avant fin novembre.

Vendredi, ils ont tout juste indiqué être en train d’effectuer les préparatifs pour une conférence de presse, et les médias commençaient à affluer à Ferguson.

Plusieurs écoles ont décidé de fermer lundi et mardi par précaution, avant la longue fin de semaine de l’Action de grâce qui devait commencer mercredi.

La gestion des manifestations d’août par la police locale avait été vivement critiquée pour l’emploi de méthodes et d’équipements paramilitaires. Un couvre-feu avait été déclaré pendant plusieurs jours pour apaiser la situation.

Le Journal De Montréal

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