La réponse à Colette: Affaire Sicogi-FPM/ Ces questions sans réponses
Mon très cher Omar ?
Règlement de compte à l’ombre d’un partenariat avec l’armée dans le cadre d’une société immobilière, et le tout, sous un parapluie de vis de procédure, tel semble être le résumé de la situation à la Sicogi. Affaire, qui a été au cœur de plusieurs débats cette semaine ? Presque tout le monde en a parlé. Et la RTI ? Ah ! J’oubliais, il n’y avait que la Turquie à la « UNE » cette semaine. De quoi est-il question à la Sicogi ?
Après l’échec du partenariat Touré Ahmed Bouah/FPM (Fond de Prévoyance Militaire) dans le projet de construction d’une cité pour les militaires ivoiriens (Affaire Sophia immobilier), le FPM a cru bon de jeter son dévolu sur la Sicogi en 2013. Quoi de plus normal, cette Sicogi est depuis sa création le 22 mars 1962, spécialisée dans la construction, la location, et la gestion de patrimoine immobilier.
C’est ainsi que le cahier de charge de la Sicogi dans ce partenariat sera bien défini : explication des clauses du contrat aux futurs contractants, montage de dossier et leur vente, maître d’ouvrage, et tous les éléments liés à la commercialisation des futurs bâtiments, enfin versement de la contribution dans les caisses du FPM. Deux années de partenariat se sont écoulées : et selon le FPM, un bilan partiel s’impose. Et le constat est édifiant pour la FPM : sur les 2,8 milliards attendus, 650 millions manquent à l’appel.
En pareille situation, des conciliabules internes, loin du tumulte quotidien devraient s’engager entre les partenaires, non seulement pour cerner tous les contours de ce creux, mieux, éviter de se livrer à ses détracteurs. Hélas, les uns et les autres seront exposés et fustigés par presses et individus interposés, sans pour autant expliquer clairement ce qu’il en était.
D’abord, la grande muette (Armée) : elle a présenté le déficit et profité pour suspendre la convention via la note de service : N°10520 MPRCD/FPM/DG/DJC du 31 décembre 2015. Concernant la Sicogi, et prenant acte de cette décision, elle a adressé le 02 mars 2016 un courrier au ministre délégué auprès du premier ministre, chargé du budget et du portefeuille de l’Etat sous le numéro 1040 MPMBPE/DPP du 1er Mars 2016, dans lequel, il indique que ses « …comptes sont ouverts pour tous les contrôles que la tutelle voudrait mener… » et de renchérir que dans l’exercice de ses fonctions, ses taches et missions, la Sicogi doit à ses clients leur avance de réservation, tant que leurs logements ne leur sont pas livrés, et ce, dans le but de les protéger, contre les risques de performance.
C’est pour cette raison, qu’elle garde une partie des avances des clients en couverture de ces risques (in frat-mat N° 15373 du 07-03-2016) : Et dans ce remue-ménage, les noms de deux ex-collaborateurs de Loukimane Camara : Arkhurst et Magassa licenciés depuis des mois apparaissent. Moins de 24 heures donc après la publication de cette note, les agents du ministère du budget sont aux portes de la Sicogi. De sources dignes de foi, les audits ne se seraient pas déroulés dans les règles de l’art. D’aucuns affirment même que Loukimane aurait « chassé » les envoyés de Aboudaramane Cissé.
Face donc à cette affaire qui a constitué en partie le plat de résistance des débats au pays cette semaine, plusieurs zones d’ombre non élucidées intriguent. Entre autres,
pourquoi, une affaire aussi grave et scandaleuse n’a jamais été abordée sur la première chaine de la télévision depuis son éclatement, sachant très bien que le silence autour des affaires similaires précédentes (affaire visite de Duncan aux USA, affaire détournement dans la réhabilitation des Universités…) ont déjà creusé le fossé de méfiance entre l’homme de la rue et le pouvoir actuel ?
Sachant que le ministère de tutelle de la Sicogi est le ministère de la construction, qui a en son sein une inspection de contrôle, pourquoi le ministère de la construction n’a pas été saisi, pour qu’elle entre en contact avec son service de contrôle, de sorte à donner le feu vert au ministère du budget, ou autre structure compétente pour le contrôle ?
Au demeurant, dans le cadre d’une présumée malversation au sein d’une société anonyme à participation financière publique, dotée d’un conseil d’administration, la cour des comptes dont le rôle est de juger de la régularité des comptes publiques, de contrôler l’usage des fonds des entreprises publiques… n’est-elle pas plus habilitée qu’un autre service, fusse-t-il, celui du budget ?
Admettons que le cahier de charge du ministre du budget soit le contrôle et l’audit de ces structures étatiques, pourquoi ce ministère n’a jamais envoyé ses contrôleurs au ministère de l’enseignement supérieur, jusqu’à ce que le Président de la République Alassane Ouattara se retrouve dans l’obligation de limoger le 2 août 2012, le Directeur des Finances et du patrimoine du ministère de l’Enseignement supérieur, Adama Méïté, suite à des «problèmes de gouvernance» dans la gestion du budget des travaux de réhabilitation de l’Université Félix Houphouet-Boigny d’Abidjan, ainsi qu’au cours les autres malversations constatées dans les autres structures rattachées à des ministères ?
Quels sont les facteurs qui ont concouru au limogeage de M. Magassa Ibrahim et Arkhurst Williams, pour que leurs noms reviennent brusquement au moment où éclate la présumée malversation liée au Fond de Prévoyance Militaire ?
Ce sont là, entre autres questions qui confirme le flou autour de cette présumée malversation impliquant la Sicogi et le FPM. Combien de situations non élucidées compte-t-on depuis l’arrivée de Alassane Ouattara aux affaires ? Le nombre de casseroles que traîne ce pouvoir ira-t-il grandissant, sans que le Président ne soit capable de donner un signal fort en limogeant, en mettant à la disposition de la justice les incriminés ?
Il y’a quelques années, plusieurs de nos compatriotes en guerre contre l’impunité sont sortis voter massivement pour que plus jamais, de telles situations ne se reproduisent». Depuis l’arrivée du RDR, que d’affaires sans suite ! Limogeage de Bictogo, de Lobognon, de M. Adama Méité, inscription frauduleuse à l’Université, hypothéquant l’avenir des apprenants. Sans qu’aucune suite ne soit donnée à la procédure judiciaire engagée (si procédure il y’a vraiment eu).
Parler de toutes ces préoccupations est d’autant plus légitime que pour jeter le bébé avec l’eau du bain, ce pouvoir est capable dans les semaines à venir de tourner la page sans même qu’on ne lise son contenu : faire une déclaration laconique en début de journal télévisé, et plus personne n’en parlera. Et c’est à ce niveau que nous attendons quelques fois la RTI.
Dès que plusieurs entités se disputent la vérité au sujet d’une malversation au sommet de l’Etat, elle doit se saisir de l’affaire, diligenter, des spécialistes en investigations et mettre tout le monde au même niveau d’information. Hélas, la maison bleue était plus préoccupée par l’envoie de journalistes dans les familles de victimes de la tuerie des femmes du 3 mars 2011, par l’introduction au MASA… et par une couverture totale de la visite de Herdogan.