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Présence dans les instances de décision : Les femmes face au défi de leur représentativité #Genre


Dédi Kéi Marie-Joëlle, Coordonnatrice du Wanep-Ci.

Dédi Kéi Marie-Joëlle, Coordonnatrice du Wanep-Ci.

CIV lepointsur.com (Abidjan, le 30-10-2015) Il est désormais de plus en plus question de la représentativité des femmes dans tous les secteurs d’activité, voire au plus haut sommet de l’Etat. Une situation, on ne peut plus difficile qui nécessite que les femmes aient des coudées franches pour sortir des préjugés où tendent à les confiner les hommes. En Côte d’Ivoire, les femmes se positionnent davantage au niveau des instances de décision.

Face au défi de leur représentativité, les femmes sont sorties de leur torpeur, de leur timidité pour affronter les hommes pour la conquête des postes qui n’enregistraient pas la moindre candidature féminine. Une bataille acharnée qui semble porter ses fruits, d’autant plus que des postes de hautes responsabilités politiques sont confiés aux femmes. Même si, la Côte d’Ivoire n’a pas encore atteint le niveau du Rwanda, les femmes se disputent tant bien que mal les postes électifs avec les hommes. Là-dessus, des prouesses ont été réalisées. Avec à la clef, plusieurs femmes députés et maires élues au cours des dernières élections législatives et municipales.

« Je ne pense pas que les hommes bloquent l’émergence des femmes pour ce qui concerne les questions politiques. Je voudrais rappeler qu’en toute chose, l’opportunité se crée », souligne la Coordinatrice nationale du Wanep-CI (Réseau ouest-africain pour l’édification de la paix) pour qui, dans la vie, on ne fera le lit à personne pour son épanouissement. Poursuivant, Dédi Kéi Marie-Josée indique qu’il appartient à chacun de créer les conditions de son autonomie.

« Dès lors, si on est dans une société fortement masculine, il appartient aux femmes de prendre leur responsabilité pour s’émanciper dans un certain sens. Tant qu’elles ne le feront pas, c’est sûr que les hommes ne vont pas le faire à leur place. Fort heureusement, elles le comprennent de plus en plus et sont en train de se frayer un bon chemin dans le paysage sociopolitique ivoirien », précise-t-elle.

En plus de leur présence remarquée à des postes hautement politiques, les femmes se signalent tant bien que mal au niveau de la hiérarchie militaire, avec à la clef, une femme nommée générale, des filles recrutées à l’Empt (Ecole militaire préparatoire technique), à la gendarmerie et à l’Ensoa (Ecole nationale des sous-officiers d’actives). Cependant, cette représentativité des femmes ne satisfait pas la présidente du Gofehf (Groupement des organisations féminines pour l’égalité Hommes/Femmes) qui estime que les femmes demeurent sous représentées du point de vue, Président-directeurs généraux, Directeurs généraux, membres de Conseil d’Administration, ministres et Directeurs de cabinet.

Rachel Gogoua, Président du Gofehf.

Rachel Gogoua, Président du Gofehf.

« Si nous faisons une analyse statistique, il y a des endroits où c’est 0% ou ça ne dépasse pas 9%. En effet, le Président Alassane Ouattara avait accordé une place de choix aux femmes, mais dans la pratique rien n’est fait », regrette Rachel Gogoua pour qui les femmes restent l’ennemies des femmes dans la mesure, où leurs avis ne sont jamais convergents pour faire pression sur le gouvernement en vue de l’amélioration de leur condition.

Pour le Professeur Jacqueline Lohoues Oble, « les femmes n’ont plus à démontrer que le pays peut compter sur leurs compétences et expériences au moment où la Côte d’Ivoire a besoin de toutes ses forces vives pour son développement ». Selon l’ancien ministre de la Justice, les femmes disposent, en effet, d’arguments nécessaires pour favoriser la marche politique dans ce pays, où le débat semble avoir foutu le camp pour faire place au pugilat.

Une femme nommée Commissaire centrale à la Cei

Margurite Yoli Bi Koné, Commissaire centrale de la Commission électorale indépendante.

Margurite Yoli Bi Koné, Commissaire centrale de la Commission électorale indépendante.

Pour la première fois de son histoire, la Commission électorale indépendante (CEI), organe chargé des élections en Côte d’Ivoire enregistre, pour les élections générales de 2015, une femme Commissaire centrale en la personne de Marguerite Yoli Bi Koné. Elle y joue le rôle de Superviseur des régions du Gontougo, du Bounkani, de l’Afrique du Sud et du Gabon dans le cadre de l’élection du Président de la République en 2015.

Une nomination qui vient mettre fin aux spéculations relatives à la non représentativité des femmes à des postes de haute responsabilité. Bien entendu, Mme Yoli Bi assume parfaitement son rôle au sein de la commission en charge des élections en Côte d’Ivoire. « Je voudrais préciser que je suis aussi chargée de la formation, parce que membre de la sous commission en charge de la formation, la sensibilisation et la communication. Vous n’êtes pas sans ignorer que la formation est très importante dans tout processus. Car, si les gens ne sont pas bien formés, ils rencontreront des difficultés au niveau du renseignement de certains fichiers qui seront mis à leur disposition », note-t-elle avec satisfaction.

Opportune Bath

Trois questions à Rachel Gogoua

Maintes fois, la part de responsabilité des femmes a été mise en avant dans leur marginalisation. Partagez-vous cet avis ?

La femme est l’ennemie de la femme. Par exemple au niveau de consensus, nos avis sont divergents. Nos avis étaient divergents, nous ne pouvons pas être unies pour aller faire pression sur le gouvernement  pour que les choses changent. Le deuxième élément, c’est la forte résistance des hommes  qui pensent que les femmes veulent prendre leur place. Ce qui n’est pas le cas. Les femmes étant les filles de ce pays, comme les hommes le sont également, elles ont des droits au même titre qu’eux. En tant qu’enfants comme eux, elles veulent la place qui leur revient. Et non la place de qui que ce soit. Le troisième élément, ce sont les pesanteurs socioculturelles.

Pensez-vous que le gouvernement favorise l’égalité du genre ?

La Côte d’Ivoire est l’un des rares pays qui a ratifié toutes les conventions internationales, régionales relatives à l’égalité entre l’homme et la femme. Elle est partie prenante de toutes les résolutions, de tous les textes, des déclarations relatives à l’égalité homme/femme. La Constitution proclame l’égalité entre l’homme et la femme dans tous les secteurs d’activité. Ce qui est déjà un acquis. L’ancien programme du Président de la République était favorable. Mais pourquoi, y-a-t-il problème au niveau de la mise en œuvre ? Nous disons simplement qu’il y a un manque de volonté politique. Le Président a financé énormément la réalisation du Compendium des Compétences. Bien que ce document lui a été remis le 03 mars 2015, lorsqu’il a fait le réaménagement technique de son gouvernement, il a nommé trois ministres qui étaient tous des hommes. Est-ce à dire qu’il n ya pas de femmes dignes pour  occuper ces postes ? Il incombe au Président de la République de faire changer les choses. S’il le veut, il le peut.

Etes-vous satisfaite des quatre années de pouvoir d’Alassane Ouattara, pour ce qui concerne sa politique à l’endroit des femmes ?

Lorsque le Front populaire ivoirien était au pouvoir, le gouvernement d’alors est allé vers les 30%. Mais là, le programme du Président Alassane Ouattara était alléchant, du point de vue femmes. Mais, dans la mise en œuvre, dans la pratique, il y a eu beaucoup, d’insuffisances. Il a parlé de parité. Il avait dit même que si nous n’allons pas vers la parité, nous irons au moins vers 30%. Le constat aujourd’hui, est que ni dans le gouvernement, ni dans les postes de décisions, cela soit une réalité. En effet, le Président Alassane Ouattara avait accordé une place de choix aux femmes, mais dans la pratique, rien n’est fait. Ça n’a jamais été réalisé. Ni dans le gouvernement, ni dans les ministères, encore moins, dans les postes de décisions. Nous avons par exemple -5% pour les maires, 2.9  pour les Conseils généraux, 9.4 pour l’Assemblée nationale.

Propos recueillis par Opportune Bath

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