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[Pêche illicite, non déclarée et non règlementée] La Côte d’Ivoire et le Libéria unissent leurs forces contre ce fléau


Abidjan, 08-11-2022 (lepointsur.com) La Côte d’Ivoire et le Libéria ont procédé ce mercredi 2 novembre 2022, à Abidjan-Plateau, à la signature d’un Mémorandum entre les deux pays portant « sur la coopération en matière d’inspection et d’activités connexes pour lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) ».

La pêche illicite, non déclarée et non règlementée est l’une des problématiques dont font face les autorités ivoiriennes et libériennes. Ce fléau génère en effet une surpêche et fait peser de nombreuses menaces sur la viabilité des stocks de poissons, des pertes d’emplois et de ressources financières importantes dans ces deux nations.

« Ces pertes sont estimées à plus deux milliards de dollars pour les pays du Golfe de Guinée. C’est un fléau mondial face auquel nos pays sont les principales victimes à cause de la faiblesse des systèmes de suivi, de contrôle et de surveillance mis en place, mais également de la faiblesse de la coopération entre Etats riverains », a expliqué le ministre des Ressources animales et Halieutiques, Sidi Tiémoko Touré, qui s’est dit particulièrement heureux que depuis l’entrée en vigueur de l’Accord 2009 de la FAO relatif aux Mesures du ressort de l’Etat du Port (AMREP) en 2016, la Côte d’Ivoire et le Liberia ont tous deux ratifié cet important accord en 2019. Il s’est également réjouit de constater que les deux nations sont membres de deux organisations, régionale (COMHAFAT : Conférence Ministérielle sur la Coopération Halieutiques entre les Etats Africains Riverains de l’Océan Atlantique) et sous-régionale (CPCO : Comité des Pêches du Centre Ouest du Golfe de Guinée) qui dans leur préambule intègrent la lutte contre la pêche INN.

Conscients que la lutte contre la pêche INN ne peut se faire à l’échelle d’un Etat, la république de Côte d’ivoire et la République du Libéria ont alors décidé de renforcer leur coopération en matière de lutte contre la pêche INN et favoriser la contribution significative des ressources halieutiques des deux pays à l’autosuffisance alimentaire, à la création des emplois et à la lutte contre la pauvreté.

Convaincu que ce mémorandum ouvrira de nouveaux champs de collaboration en matière d’harmonisation des mesures de gestion, notamment la fermeture saisonnière annuelle des pêches, M. Sidi Touré a, par ailleurs, souhaité que la Côte d’Ivoire et le Libéria introduisent une requête auprès de la COMHAFAT pour réaliser une campagne commune de recherche scientifiques pour l’évaluation des stocks halieutique. « Cette plateforme de collaboration facilitera l’échange d’expériences en matière de Suivi Contrôle Surveillance (SCS) des pêches. Je prends l’engagement de veiller personnellement à sa mise en œuvre. Aussi, la Côte d’Ivoire souhaite s’imprégner des expériences et avantages du cadre de collaboration entre le Libéria et l’ONG Sea Shepherd qui conduisent des patrouilles d’observations conjointes dans les eaux du Libéria pour lutter contre la pêche INN », a-t-il souhaité.

A la tête d’une forte délégation, madame Emma Metieh Glassco, ministre des pêches et de l’Aquaculture du Libéria, s’est félicitée de la signature de ce Mémorandum entre les deux nations. Pour elle, cette signature est un grand pas en avant vers le renforcement d’une relation plus forte entre les deux parties et la région de l’Union du fleuve Mano, en matière de gestion des pêches. « C’est en effet une histoire remarquable dans la lutte contre la pêche illicite, non réglementée et non déclarée (INN) et le renforcement de nos efforts concertés institutionnels pour mettre en œuvre nos régimes juridiques respectifs et nos instruments internationaux », a-t-elle dit.

(La photo de famille ayant sanctionné la cérémonie de signature du Mémorandum entre les deux pays)

Signé ce jour entre la République de Côte d’Ivoire et la République du Libéria, cet accord, faut-il le souligner, a pour objectif de prévenir, de décourager et d’éliminer la pêche INN par la mise en œuvre de mesures efficaces du ressort de l’État du port, et d’assurer ainsi la conservation à long terme et l’utilisation durable des ressources marines vivantes et des écosystèmes marins. Ce protocole d’entente est également un outil permettant aux deux pays de mettre en œuvre efficacement le PSMA, ainsi que les lois, réglementations et conventions nationales respectives auxquelles ils font partis en ce qui concerne l’harmonisation des régimes d’inspection des deux pays. A savoir, les exercices d’inspection conjointe des navires de pêche et des navires liés à la pêche, l’échange d’informations sur le suivi, le contrôle et la surveillance, la désignation des ports maritimes de chaque pays, et l’utilisation des ports.

En outre, ce protocole d’accord favorisera et facilitera la coopération dans le domaine de l’inspection des pêches et des activités connexes afin d’assurer une administration et un contrôle efficaces de la pêche battant pavillon et des navires liés à la pêche de la Côte d’Ivoire et du Libéria. « Vous conviendrez avec moi que la pêche INN est une menace pour la sécurité alimentaire dans la région et un sérieux obstacle à la croissance économique pour nos habitants pauvres des zones côtières rurales. Nos actions d’aujourd’hui enverront un nouveau message indiquant que nous sommes prêts à agir. Je suis très heureux, honorable ministre, que vous aussi ayez compris la nécessité d’agir. Sur cette note, je suggérerai que nous utilisions cet accord comme première étape pour renforcer notre collaboration en tant que pays membres de l’Union du fleuve Mano et développer un programme d’actions conjointes dans la lutte contre la pêche INN. Le Libéria est prêt à se joindre à cette cause. Nous sommes convaincus qu’en tant que Région, nous pouvons servir de modèle pour la gestion durable des pêches », a conclu Emma Metieh Glassco, ministre des pêches et de l’Aquaculture du Libéria.

Georges Kouamé

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