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Nigéria-Malnutrition, esclavage, violences sexuelles…/Les victimes de Boko Haram témoignent


Une des victimes (Ph:Dr)

Une des victimes (Ph:Dr)

Abidjan, le 11-5-15 (lepointsur.com)-L’armée nigériane a libéré le 29 avril 2015, plusieurs centaines de femmes des camps de l’organisation terroriste de source militaire. Malnutrition, esclavage, violences sexuelles… leur détention a été traumatisante.

Elles sont près de 700 à avoir été sauvées des mains de Boko Haram, le 29 avril 2015, au Nigeria, lors d’une offensive de l’armée contre l’organisation terroriste. Aujourd’hui, certaines d’entre elles témoignent des conditions de leur détention dans la forêt de Sambisa, dans le nord du pays.

Après avoir passé des jours entiers sur la route dans des camionnettes, près de 300 d’entre elles et leurs enfants ont été placés dimanche soir dans un camp de réfugiés, situé dans l’est du pays. On ne sait pas encore si certaines d’entre elles faisaient partie des 200 lycéennes enlevées l’an dernier. Elles ont reçu de la nourriture afin de reprendre des forces, et des soins ont été apportés aux blessés, une trentaine de personnes sur le total.

Ces ex-otages ont été traumatisés par leurs conditions de détention et commencent à révéler ce que fut leur calvaire. Dans la forêt où elles ont été détenues, les femmes ont avant tout enduré la faim et la maladie. «Chaque jour, nous avons assisté à la mort de l’une d’entre nous, nous attendions notre tour», témoigne Umaru. Une autre explique qu’elles ont été seulement nourries avec des grains de maïs «impropre à la consommation humaine». Une troisième explique que les soldats de Boko Haram ont fait d’elles «des esclaves». «De nombreuses femmes sont mortes dans cet endroit. Nous avons été témoins de scènes que jamais nous ne pensions voir un jour.» Parmi ces scènes, notamment, les meurtres de leurs conjoints et de leurs fils les plus âgés.

«Chaque jour, nous avons assisté à la mort de l’une d’entre nous, nous attendions notre tour»

D’autres ont subi des sévices sexuels. Certaines ont dû affronter des pressions pour se marier avec des combattants. «Ils nous ont demandé d’épouser des membres de Boko Haram mais nous leur avons dit qu’il n’en était pas question parce que nous étions déjà mariées», a dit une jeune femme. « Ils nous ont répondu qu’ils nous vendraient alors comme esclaves le moment venu.» Une autre raconte avoir échappé au mariage uniquement parce qu’elle était enceinte.

Une libération traumatisante

La libération, ne fut pas une chose facile pour toutes. «Quand les militaires ont donné l’assaut du camp, explique Binta Abdullahi, 18 ans, nos ravisseurs nous ont dit de nous réfugier sous les arbres et buissons pour échapper aux bombardements de l’armée.» La jeune femme avait été enlevée un an auparavant dans son village. «Des femmes qui s’étaient cachées sous les arbres ont été écrasées par des chars qui avançaient sans savoir qu’elles étaient là». Une autre, Umaru, 24 ans, explique que certains membres de Boko Haram ont commencé à lapider certaines femmes, afin de les forcer à les suivre dans une autre cachette. «Nous avons refusé car nous étions sûres que les soldats allaient nous sauver.»

Pour sortir de la zone contrôlée par Boko Haram, les plus faibles ont été placées dans les véhicules des militaires, les autres marchaient derrière pour éviter les mines placées par l’organisation islamiste. Plusieurs femmes et soldats sont morts dans des explosions.

Le 14 avril 2014, 276 lycéennes avaient été capturées dans leur école à Chibok, dans le nord-est du pays, par les hommes armés de Boko Haram. Dans les sept jours qui ont suivi, 57 d’entre elles avaient réussi à s’échapper. Cet enlèvement et la diffusion d’une vidéo d’Abubakar Shekau, le chef du groupe terroriste, menaçant de les traiter comme des «esclaves», avaient soulevé une vague d’indignation mondiale… Et mis en lumière les nombreux rapts perpétrés au Nigeria. Au total, quelque 2.000 femmes et jeunes filles ont été enlevées par le groupe islamiste depuis le début de l’année dernière, selon Amnesty International.

Kpan Charles (Source : lefigaro.fr)

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