Marche, insurrection, syndrome burkinabé la CNC face à son destin #Opposant
Abidjan, le 11-6-15 (lepointsur.com)-La jeunesse de l’opposition ivoirienne regroupée au sein de la Coalition nationale pour le changement a organisé des marches éclatées, à travers plusieurs villes de la Côté d’Ivoire pour amener, dit-elle, le régime d’Abidjan à une plus grande culture de démocratie. A l’analyse du contexte, des objectifs, de l’opportunité… desdites manifestations, l’on peut affirmer que la jeunesse de la CNC, à travers cette « révolution » caressait le secret espoir de s’essayer au syndrome burkinabé. Qui a emporté l’ex-président burkinabé, Blaise Compaoré, actuellement exilé en Côte d’Ivoire. Décryptage.
Marches éclatées de la coalition de l’opposition ivoirienne/Les leçons d’une « révolution » mal ficelée #CIV
« La marche des jeunes de l’opposition ivoirienne a enregistré quatre morts dont trois bébés, quinze blessés et treize arrestations à Abidjan ainsi que dans d’autres villes de l’intérieur (trois bébés sont décédés par inhalation au centre de santé de Gagnoa (Nord-ouest) de la Côte d’Ivoire) ». Ont annoncé MM Franck Anderson Kouassi et César Etou, tous deux membres du cabinet de la communication du Front populaire ivoirien (FPI), tendance Abdoudramane Sangaré au lendemain des marches éclatées de protestations, interdites selon les autorités ivoiriennes. Cette protestation, selon les initiateurs avait pour objectif de dénoncer la gestion du régime d’Abidjan, notamment la Commission électorale indépendante (CEI) qu’elle qualifie de « déséquilibrée ». Face à cette sortie, jugée tendancieuse par les autorités ivoiriennes, la réaction du gouvernement ne s’est pas fait attendre. Au sortir d’un Conseil des ministres, tenu le 10 juin 2015, le gouvernement a décidé de la poursuite des auteurs et initiateurs desdites manifestations devant les juridictions compétentes du pays. « Des enquêtes sont en cours pour déterminer la chaîne de responsabilité. Des poursuites seront engagées et des sanctions seront prises« , a annoncé M. Nabagné Koné, porte-parole du gouvernement. Selon le ministre en charge des TICS, « des manifestations organisées par des individus dans quelques huit localités du pays, ont occasionné des blessés et une perte en vie humaine (…)Il y a eu un décès à Guiglo, qui est la conséquence d’affrontement entre manifestants et transporteurs. Cette personne a été tuée par une arme blanche et il y a eu deux blessées civils », a t-il indiqué, soulignant que des arrestations ont été effectuées.
De la stratégie des manifestants
De sources, proches, des initiateurs de ces marches éclatées, l’exemple burkinabé qui a chassé l-ex-président Blaise Compaoré du pouvoir le 1er octobre 2014 a fait école en Afrique en général et en particulier dans la sous –région ouest-africaine. « Nous allons obliger Alassane Ouattara à quitter le pouvoir. C’est la seule façon pour nous, après avoir tout tenté de l’amener à commettre des erreurs. Nous allons lui coller des morts, comme cela a été le cas au Burkina Faso. La communauté internationale ne peut pas rester insensible à des pertes en vies humaines… » Nous a confié un des initiateurs desdites manifestations, sous le sceau de l’anonymat. D’ailleurs, en première page d’un tabloïd de la place, Dahi Nestor, l’un des initiateurs des marches éclatées a été on ne peut plus clair. « Ces tueries ne resteront pas impunies ». A martelé le responsable de la jeunesse du Front populaire ivoirien (FPI), tendance, Aboudramane Sangaré. Au demeurant, la stratégie consistait à pousser le régime d’Abidjan dans son dernier retranchement. Aussi, au regard du bilan des communicateurs de l’opposition qui tout en dénonçant les pertes en vies humaines et les arrestations, mettent un accent particulier sur la mort de 03 bébés par inhalation au gaz dans un centre de santé à Gagnoa, l’on peut analyser subtilement le but visé par les organisateurs des marches éclatées dans plusieurs localités du pays. Qui pouvait rester insensible face à la mort de bébés par inhalation de gaz ? A l’analyse, la mayonnaise n’a pas pris. Faute d’un mauvais panache qui a déjoué tous les pronostics. Dahi Nestor et ses camarades sont donc, on peut le dire dans de beaux draps.
Du piège tendu aux manifestants
Combien étaient-ils, les citoyens lambda et observateurs de la scène politique ivoirienne qui étaient informés de l’interdiction des marches projetées par la jeunesse de la CNC ? Bien malin qui pourrait répondre avec exactitude. Toujours, est-il que mus par le désir ardent d’en découdre avec le pouvoir en place, les jeunes de l’opposition sont tombés dans la trappe érigée à cet effet par les tenants actuels du pouvoir idéologiques d’Etat. Tels des mateurs, ils ont tous été pris comme des rats. Et pourtant, conscient que la demande d’autorisation de manifestation adressée au ministère de la sécurité et de l’intérieur a essuyé une fin de non recevoir, l’opposition ivoirienne qui est déjà dans le viseur du régime d’Abidjan à quelques mois du scrutin de la présidentielle de 2015, devait prendre la pleine mesure du danger que représente une telle manifestation, aux allures insurrectionnelles. En dépit de ce signal fort, les jeunes de la coalition ont décidé de braver l’autorité. La suite est connue. Les initiateurs selon le porte-parole du gouvernement sont activement recherchés pour être entendus. N’est pas là, un autre camouflet qui au regard de la division au sein du FPI (opposition représentative) et des sons discordants au sein de la Coalition nationale pour le changement (CNC) semble être à la recherche de ses repères ? En témoigne cette sortie du porte-parole de la CNC, président de LIDER, et candidat déclaré à la présidentielle de 2015 qui qualifie ces marches de « mouvement d’éléments insurrectionnels non maîtrisés ». Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que les marches éclatées n’ont pas atteint les objectifs escomptés, encore moins résolu définitivement le problème, lié au débat de la compétence ou non de la Commission électoral indépendante (Cei) à organiser des élections transparentes, crédibles et inclusives en 2015.
Eugène Kangah B.
Légende : après l’échec des marches non autorisées, Dahi Nestor et ses camarades sont activement recherchés pour être entendus.
Encadré
Vous avez dit révolution…
Insurrection, ce monème a été utilisé par le porte-parole du gouvernement, M. Koné Bruno au sortir du Conseil des ministres du 10 juin 2015. Suite aux conséquences des marches éclatées du 09 juin 2015, projetées par la jeunesse de l’opposition, regroupée au sein de la Coalition nationale pour le changement, le gouvernement ivoirien a tapé du poing sur la table. Pour dénoncer avec la dernière énergie, le manque de refus de l’opposition de respecter les institutions de la République et les lois en vigueur en Côte d’Ivoire. En effet, sans détours, le porte-parole du gouvernement a qualifié « d’inappropriées et de non autorisées » lesdites marches qui n’avaient pour seul objectif que de créer une « insurrection » pour déstabiliser le pouvoir en place. D’ailleurs, de l’avis de certains cercles, proches du pouvoir, la jeunesse de l’opposition ivoirienne a voulu s’essayer au « syndrome burkinabé ». En effet, l’on se souvient que le 31 octobre 2015, le peuple burkinabé pour empêcher l’ex-président Blaise Compararoé de modifier la Constitution pour briguer un autre mandat présidentiel a appelé à l’insurrection, voire à une véritable révolution. La violente répression du pouvoir, ayant entrainé des pertes en vies humaines, celui qui a occupé le fauteuil présidentiel burkinabé durant 27 ans a été obligé de quitter le pouvoir par la petite porte pour se retrouver en exil, où il séjourne depuis lors. Ce qui précède, conforte ceux des observateurs de la scène politique ivoirienne qui soutiennent que Dahi Nestor et ses camarades ont initié ces marches pour contraindre Alassane Ouattara à la démission et imposer une transition qui aurait pour rôle d’organiser les élections comme c’est le cas au Burkina Faso dans leur position. Oubliant, que la Côte d’Ivoire n’est pas le Burkina Faso, l’opposition n’a désormais que ses yeux pour pleurer, après la décision des autorités ivoiriennes de poursuivre pénalement les initiateurs desdites marches éclatées du 9 juin dernier.
EKB
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