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[Côte d’Ivoire/Consensus] Ces organisations démocratiques qui ont peur de la démocratie !


Abidjan, 15-12-2023 (lepointsur.com) Ils sont démocrates, ils chantent la démocratie avec leurs ouailles, leurs « suiveurs », il y en a même qui ont « démocratie » dans leur dénomination, et pourtant…

Quand arrive l’heure des scrutins, quand arrive le moment de prouver leur titre de démocrates, ils fuient pour se réfugier derrière un consensus qui renforcerait la cohésion de leur parti.

“ Donc, jusqu’à présent, les partis politiques ne savent-ils pas que le consensus divise plus qu’il ne rassemble ? Ne savent-ils toujours pas que le consensus crée beaucoup de frustrations souvent indélébiles ? ’’

En 1984, les femmes devaient choisir entre Mmes Madeleine Tchicaya et Hortense Aka Anghui pour diriger leur association : AFI (Association des femmes ivoiriennes), le président Houphouet-Boigny intervient pour exiger un consensus afin que « les femmes ne soient pas divisées ». Dans ce consensus, son choix porte sur Hortense Aka Anghui, fille de son ancien compagnon, Gabriel Dadié, au détriment de Madeleine Tchicaya. Mme Tchicaya a été marquée à jamais par ce consensus.

Un jour des années 2000, l’élection des femmes du Fpi (Offpi) devait opposer Marie-Odette Lorougnon à Odette Sauyet. Pendant que les femmes s’apprêtaient à passer au vote, les instances dirigeantes ont trouvé que l’atmosphère était surchauffée et qu’il fallait un consensus pour « la cohésion » du Fpi, surtout pour « ne pas diviser les femmes ». Marie-Odette Lorougnon a été préférée, Odette Sauyet était très amère : elle s’est sentie frustrée. A-t-elle décolérée aujourd’hui ?

Quelques mois après, les femmes du Pdci-Rda étaient convoquées à leur tour pour élire la présidente de l’Ufpdci. Après les interventions fleuve, on évite de procéder au vote, on opte pour un consensus au profit de Mme Dao Coulibaly, fille de Mamadou Coulibaly, ancien président du Conseil économique et social.

Le 9 décembre 2023, le scrutin pour l’élection des jeunes du Rhdp (Uj-Rhdp) démarre selon les textes du parti. À l’issue du premier tour, aucun des candidats n’obtient la majorité absolue. Quand s’annonce le deuxième tour, le ministre de la Jeunesse appelle à changer le mode du scrutin : il demande un consensus pour ne pas diviser les jeunes. Koné Mamadou est choisi : les jeunes  » ne seront pas divisés « .

Le 16 décembre 2023, les militants du Pdci-Rda sont appelés aux urnes pour élire le successeur de Henri Konan Bédié décédé le 1eraoût 2023. Après l’enregistrement de 5 candidatures, le Comité électoral appelle à un consensus pour consolider la cohésion du parti en vue de la reconquête du pouvoir en 2025.

Certainement, les votes pour désigner, dans quelques jours, la présidente des femmes et le président des jeunes du Ppa-ci et celui des femmes du Rhdp seront aussi consensuels :  » il ne faut pas diviser les militants, il faut conserver la cohésion entre les militants « .

Donc, jusqu’à présent, les partis politiques ne savent-ils pas que le consensus divise plus qu’il ne rassemble ? Ne savent-ils toujours pas que le consensus crée beaucoup de frustrations souvent indélébiles ?

Par Pascal Kouassi

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