Politique

Manipulation de la jeunesse, problème foncier, la bonne gouvernance/ Ce que Mamadou Koulibaly propose


La table de séance (Ph: Dr)

La table de séance (Ph: Dr)

Des jeunes réunis au sein d’une organisation de la société civile dénommée, le Réseau Ivoirien pour la Démocratie (RID) présidée par Daigré Hyacinthe ont invité, samedi 12 avril 2014, au Baron Bar de Yopougon le président de la Liberté et la Démocratie pour la République (LIDER), Pr. Mamadou Koulibaly pour prononcer une conférence publique sur le thème : « Le rôle de la jeunesse dans le processus de réconciliation et de démocratisation de la Côte d’Ivoire ».

De sa vision sur l’avenir de la Côte d’Ivoire et parlant de la jeunesse en particulier, Pr. Mamadou Koulibaly a indiqué que la jeunesse faisant office de majorité silencieuse sont les plus nombreux. « Concernant le recensement, nous allons d’estimation en projection, c’est la raison pour laquelle depuis quatre ans, j’ai demandé qu’on fasse un recensement. Les jeunes sont les plus nombreux dans ce pays. Ils sont entre zéro-un an et quarante ans, et représentent entre 70 à 75% de la population. Mais, en même tant qu’ils sont les plus nombreux ce sont ceux qui sont les plus largués », a soutenu le président de LIDER, ajoutant par ailleurs « quand dans un pays vous avez des populations d’une caractéristique en grand nombre démocratiquement, ce qu’elles veulent c’est ce que les gens font. Mais dans notre cas, les jeunes sont nombreux mais trop faibles pour se faire entendre ». Au-delà, ce sont donc, les papas et les grands-papas qui décident sans projeter les enfants dans l’organisation de l’avenir avec eux. Une jeunesse pour qui, aucun avenir n’est prévu, mais à qui on dit qu’ils sont l’avenir du pays. Par contre, dans les pays développés comme en Europe et particulièrement en Allemagne où les jeunes ne sont pas les plus nombreux, ceux qui sont au parlement font des projections de 30 ans sur l’environnement de leur pays.

En fait en Afrique, et particulièrement en Côte d’Ivoire, quelle est le rôle d’une jeunesse qui n’est pas prise en compte au départ dès la naissance ? Qui est mal éduquée, qui n’est pas en bonne santé, et qui a une formation sans trop savoir ce qu’on va en faire plus, qui retrouve du chômage au bout circuit et puis à côté, on le prend dans un étau idéologique comme étant l’avenir du pays. « Que peut faire cette jeunesse dans le processus de réconciliation et de démocratisation ?», s’est interrogé le conférencier.

Les causes profondes de la crise

Pour Mamadou certains dossiers élémentaires ont été très mal gérés, depuis l’indépendance. La première de ces questions, c’est la question de la citoyenneté. A l’écouter dès que la question est posée, les élites (écrivains, prof. d’universités, hommes politiques…) font recours à l’ethnicité. « Ne sont ivoiriens les peuples qui étaient en Côte d’Ivoire au moment où les colons ont tracé les frontières de la Côte d’Ivoire. Ceux qui ne descendent pas de ces tribus là ne peuvent pas être considérés comme des Ivoiriens.» Or, à l’en croire les colons avaient mis toutes ces balises pour diviser et pouvoir mieux régner. Mais, la premières grosse erreur fut de décider dès l’indépendance de dire que comme le colon a divisé comme ça, il faut  « construire des nations sur les divisions des colons« . C’était le début de la catastrophe. Il aurait fallu une technique très très fine, très bien vu, mais malheureusement les pères fondateurs n’ont pas voulu chercher et se sont dit,  » on prend ça comme ça et les jeunes générations vont régler cela plus tard« . Ce que selon lui, a entraîné en Côte d’Ivoire « le repli identitaire ».

Le second problème, c’est le problème foncier. Le colon avait dégagé les populations de leur terre et les ont fait travailler comme esclaves sur leurs-propres parcelles. Après leur départ, que de rendre les terres aux populations, les l’Etat a dit, « comme ces terres étaient pour le colon et il est parti, ces terres-là vont devenir maintenant pour nous. Et on a décrété que la terre appartient à l’Etat ». « C’est là que le cafouillage s’est installé ». La loi de 98 est un « faux au problème ».

La troisième question de fond qui emmène les Ivoiriens à la réconciliation c’est celle de « la bonne gouvernance ». Pour lui, il faut se réconcilier contre le régime présidentiel instauré depuis l’indépendance par Félix Houphouët-Boigny. « Dans nos pays africains, le Président de la République a tous les pouvoirs. Quand c’est pour vous, vous vous sentez bien. Mais, quand le pouvoir change de mains c’est en ce moment-là que vous voyez comment le Président est puissant, il est capable de tout faire. Il nomme et dégomme,» a révélé Pr. Mamadou Koulibaly. Il n’y a pas de contre-pouvoir « c’est dangereux ».

 Concernant le volet ethnique, le conférencier a révélé que si « on continue dans l’ethnicité, le tribalisme…c’est la mort de chacun d’entre nous » prenant comme exemple le génocide rwandais où les hutus ont tué plus de mille morts en trois mois. « C’est pourquoi, je me suis opposé à la fiche de recensement sur laquelle on demande aux gens leur ethnie ». « Jusqu’à demain, je continuerai à demander à Mabri et au Président Ouattara que  vous n’avez pas à demander aux gens leur ethnie parce qu’ils ne connaissent pas leur groupe ethnique ». « Dire que quelqu’un est chômeur, oui, cela peut être utile ; dire que quelqu’un habite dans une ville, dans un campement, oui ça peut être utile…Mais s’il est tagbana, sénoufo, yacouba etc. cela à quelle utilité ? », s’est-il interrogé et de répondre : « Une fois le recensement terminé, des Prof . des Départements d’Economie, de Sociologie, Technologie, d’Anthropologie, d’Histoire et autres   prennent les fichiers de recensement et font des bases de données». C’est ce que le politique utilise pour donner la « majorité sociologique ». « Si les jeunes continuent dans cette tradition des plus anciennes c’est la catastrophe ».

Quant au foncier, il soutiendra que la loi est « foncièrement mauvaise ». « Il faut reprendre la loi pour faire le cadastrage des champs. De la même façon qu’un village peut être loti, de cette même façon, un champ peut l’être, » a-t-il proposé.

Sur le dernier volet, Mamadou Koulibaly souhaite qu’après la crise, « les victimes aient justice ». Prenant pour exemple la récente crise, il n’a pas manqué d’attirer l’attention des uns et des autres sur le danger réel qui menace la Côte d’Ivoire sur la criminalité restée impunie. « Si vous voyez notre histoire, le nombre de criminelles augmente chaque année. Si aujourd’hui, on proclame l’amnistie, tous ceux qui ont subi des crimes se lèveront pour aller régler des comptes. Il faut sortir de cette logique du présidentialisme et rentrer dans une logique parlementarisme,» a conseillé le conférencier.

Bien avant, le président du Réseau Ivoirien pour la Démocratie (RID), Daigré Hyacinthe a salué et remercié le Prof. Mamadou Koulibaly et sa délégation de leur présence effective.

                                                                Kpan Charles

 

 

 

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