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Interview-vérité deCoulibaly Delinpelna-Gervais:« Le rapport du Ndi sur le processus électoral m’a laissé sur ma faim »


Coulibaly Delinpelna-Gervais

Coulibaly Delinpelna-Gervais

Son approche, il a voulu la partager pour ne pas que, selon lui, le pire arrive encore en Côte d’Ivoire. Dans cette interview, réalisée mardi 18 mars 2014, le Préfet hors grade, Coulibaly Delinpelna-Gervais s’est prononcé sur bien de sujets. Le dernier rapport du National democratic institut (Ndi), le processus électoral, la question des exilés et des prisonniers libérés provisoirement, le Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph), la cherté de la vie…, sur toutes ces questions, l’ex-Porte-parole de Laurent Gbagbo et président du Cap unir pour la démocratie et le développement (Cap-Udd) s’est exprimé. Sans faux-fuyant ! 

Quels commentaires faites-vous du dernier rapport du Ndi relatif au processus électoral en Côte d’Ivoire?
Coulibaly Delinpelna-Gervais : Il nous revient que le gouvernement ivoirien a sollicité l’expertise du Ndi à l’effet d’évaluer le cadre juridique et politique des élections en Côte d’Ivoire, et de lui faire des recommandations en vue du règlement des éventuelles difficultés et faiblesses, qui seraient constatées. Dans le cadre de ce travail, le Ndi, après avoir rencontré la quasi-totalité des acteurs politiques ivoiriens ainsi que la Société civile, a produit un rapport dans lequel, il fait un état des lieux parfait et des recommandations techniquement très justes, mais il évite de tirer certaines conséquences politiques de constats qu’il a pourtant très bien fait. En un mot, les recommandations sont techniquement très bonnes, mais il y manque une bonne dose de politique. Or, la situation ivoirienne est, on ne peut plus, politique.
Qu’auriez-vous souhaité concrètement ?
C.D.G : Concrètement, j’aurais souhaité que le Ndi, après qu’il l’ait relevé comme il l’a fait dans son rapport, tienne compte du processus de réconciliation, qui piétine un peu, par la faute de tous, et que ce processus soit placé au centre des recommandations faites. Car il ne faut pas oublier la profondeur de la fracture sociale. Les Ivoiriens (les acteurs politiques, j’entends) se méfient les uns des autres. Le Ndi aurait dû par exemple, recommander au gouvernement ivoirien de travailler à l’équité du processus judiciaire post-crise électorale, afin de se donner les chances de créer des conditions préélectorales les meilleures possibles.
Voulez-vous dire que la justice n’est pas équitable en ce moment ?
C.D.G : Non ! Actuellement, il est clair que le constat que je fais -et le Ndi le relève aussi d’ailleurs dans son rapport, même s’il nous (opposants) l’attribue-, est que la justice n’est pas équitable, car l’on ne peut pas nous dire qu’au cours de la crise que nous avons vécue, il n’y a eu que des partisans du Président Laurent Gbagbo, qui aient commis des actes répréhensibles. Non ce n’est pas possible. Il y a eu certainement plusieurs de nos adversaires qui ont posé des actes, semblables à ceux que l’on reproche à mes camarades. Alors, pourquoi cette discrimination ? La commission d’enquête a pourtant terminé son travail depuis longtemps. Cela fait quand même trois ans, depuis le 11 avril 2011 ! Par ailleurs, on ne peut pas s’engager dans un processus électoral, dont on espère, le déroulement et sa chute apaisée, et maintenir une épée de Damoclès sur la tête d’une des parties, la quasi-totalité des protagonistes d’un camp ! A notre demande, dans le cadre des discussions que nous avons engagées avec le gouvernement, nous avons obtenu la mise en liberté provisoire de certains de nos camarades, et je voudrais ici renouveler mes remerciements au gouvernement. Mais, si cela était suffisant, dans le cadre de l’avancée de la normalisation de la vie socio-politique de notre pays, aujourd’hui cela s’avère insuffisant, puisque nous entrons dans un processus électoral où la majorité des personnalités concernées, seront des acteurs de premier plan.
Alors s’il est vrai que l’on veut des élections inclusives, il faut sortir de cette situation de mise en liberté provisoire et permettre aux exilés de rentrer. En un mot il faut solder.
Qu’est-ce qu’il faut solder ? 
C.D.G : Ou bien on les juge, s’ils doivent être condamnés, ils le sont, sinon, on les libère, ou alors on abandonne toutes ces poursuites, tant pour les ex-prisonniers que pour les exilés rentrés ou encore en exil. En un mot, il faut clarifier judiciairement tout cela, afin que nous soyons tous au même niveau de nos droits civiques, avant de nous engager dans le processus électoral.
Que craignez-vous ?
C.D.G : Que le maintien de mes camarades dans cette situation ne soit une épée de Damoclès, au-dessus de leurs têtes. J’ai peur que cette situation ne demeure un handicap pour eux et source de problèmes à venir pour la paix post-électorale.
Je demande que l’on les libère totalement !
Outre cette question des libérés provisoires, qu’est-ce que le Ndi devait faire, selon vous, et qu’il n’a pas fait ?
C.D.G : Toujours dans la même veine, il y a les mandats d’arrêts qui ont été lancés contre certains camarades en exil et qui font qu’ils hésitent à rentrer. Il faut faire quelque chose, dans l’intérêt bien compris de la réconciliation et partant de la Côte d’Ivoire.
Nous sortons, pour ne pas dire que nous vivons les effets d’une crise post-électorale qui nous a tous traumatisés. Evitons tout ce qui peut nous y conduire à nouveau.
Voulez-vous dire qu’il faut suspendre les mandats d’arrêt ? 
C.D.G : Les suspendre non ! Il faut les annuler purement et simplement dans l’intérêt de la paix dans notre pays. Il faut libérer tous les prisonniers politiques, dégeler les avoirs, restituer tous les biens confisqués. Il faut créer les conditions pré électorales favorables à des scrutins apaisés.
Mais, il y a eu quand même des avancées au niveau de la libération des prisonniers, celle des biens confisqués et du dégel des avoirs n’est-ce pas ? 
C.D.G : Oui, il y a eu des avancées, mais pas suffisamment, à mon goût. On ne devrait plus parler d’avancées, mais de problèmes réglés, car nous sommes à la veille de nouvelles échéances électorales. On ne peut quand même pas aller aux élections avec autant de passifs. Voyez-vous ; bien que nous soyons tombés d’accord et que le Gouvernement l’ait adopté en conseil des ministres, le statut des partis politiques d’opposition, et le financement des partis politiques sont lettres mortes et enterrées dans les tiroirs du gouvernement. Il faut que le gouvernement fasse quelque chose. Cela commence à devenir décourageant à la fin.
Pour vous, le Ndi aurait dû faire des propositions concrètes dans ce sens ?
C.D.G : Oui. Des propositions concrètes devaient être faites au gouvernement dans ce sens. Le Ndi devrait demander l’équité de la justice (surtout que l’on enlève cette épée de Damoclès sur la tête des acteurs politiques). Je n’oublie pas les victimes qui sont de tous les bords d’ailleurs. Que le gouvernement s’en occupe, mais cela ne devrait pas empêcher ce que je demande plus haut.
Est-ce que les conditions d’une élection transparente sont réunies pour 2015 ?
C.D.G : Pour que nous puissions aller à des élections transparentes en 2015, il y a encore beaucoup de choses à faire.
Lesquelles par exemple ?
C.D.G : Procéder à la révision des listes électorales, revoir le découpage électoral, les conditions d’éligibilité, reformer la Commission électorale indépendante (Cei), donner un statut aux partis politiques de l’opposition et les financer etc.
Tout le monde semble être d’accord pour que toutes ces conditions soient réunies. Mais, selon vous, où se trouve le blocage ?
C.D.G : La Côte d’Ivoire vit les effets d’une crise née d’une rébellion, et accentuée par une situation post-électorale violente. Pour aller aux dernières élections, la situation politique militaire de notre pays nous a amenés à mettre notre Constitution de côté, notamment en certaines de ses dispositions, surtout celles relatives aux conditions d’éligibilité, pour permettre à tous les protagonistes en présence, d’être candidats exceptionnellement. Et voici que ces derniers sont ceux qui sont aujourd’hui aux affaires. La Constitution n’ayant pas changé, alors, on fait quoi ?
Doit-on comprendre que vous rejoignez le président du Fpi, Affi N’Guessan qui a demandé au pouvoir de s’asseoir et de trouver une solution ?
C.D.G : Je ne sais pas qui rejoint qui, mais oui, en effet, il faut s’asseoir et discuter. Et c’est ce que je n’ai cessé de dire, ce qui m’a valu que l’on me taxe de traître, je vous le rappelle. Je ne sais pas qui suit qui dans la recherche du dialogue ! Qui rejoint qui ?
Êtes-vous d’accord lorsque le président du Fpi dit qu’Alassane Ouattara n’est pas éligible ?
C.D.G : Si on s’en tient aux textes en vigueur, oui ! Mais vous reconnaîtrez avec moi, qu’il va être très difficile d’empêcher celui qui est au pouvoir d’être candidat, à sa propre succession, surtout quand c’est nous qui avons tout fait pendant que nous étions au pouvoir pour lui permettre d’être candidat. Non ! Asseyons-nous autour d’une table et discutons, mais tous ensemble. La solution pour moi est dans le consensus. Il y a déjà un cadre de discussion qui existe. Dans ce cadre, vous avez le gouvernement et les partis politiques de l’opposition, à l’exception du Fpi. Je propose que nous conservions ce cadre. Que l’on y intègre le Fpi et les partis membres du Rhdp, à savoir le Rdr, le Pdci, l’Udpci et le Mfa. L’on peut changer le nom de ce cadre et lui donner un autre nom, ce n’est pas cela le plus important. Je disais donc que dans ce cadre, l’on pourra alors aborder toutes les questions relatives à la normalisation de la vie socio politique de la Côte d’Ivoire, au processus électoral dans son entièreté (révision des listes électorales, découpage électoral, conditions d’éligibilité, réforme de la Cei, etc.). Chaque fois que l’on tombe d’accord sur un chapitre, l’on le conclut sur papier et tous les protagonistes (différents acteurs) y apposent leur signature, prenant ainsi la communauté nationale et internationale à témoin et nous nous attelons tous à mettre cela en œuvre. Asseyons-nous, discutons et réglons tous ces problèmes de manière consensuelle. C’est possible et nous le pouvons !
Cette réunion doit se tenir quand ?
C.D.G : Maintenant ! Sans délais. Cela aurait dû déjà être fait, depuis 2013. Bientôt il sera trop tard !
Qui doit prendre l’initiative ?
C.D.G : C’est le gouvernement bien sûr. Cela fait partie de ses prérogatives.
Est-ce qu’il ne s’agit pas là des États généraux de la République demandés par le Fpi?
C.D.G : Non ! Bien sûr que non ! Les Etats généraux de la République, tels que présentés par le Fpi, ce n’est pas ce que je viens de décrire. C’est tout autre chose basée essentiellement sur la justice transitionnelle. Je demande que l’on utilise, ce qui se faisait déjà d’ailleurs depuis bientôt deux (2) ans, (depuis le colloque de Grand-Bassam). Je demande que l’on regroupe tous les nombreux centres de discussion en un seul, et que l’on limite la discussion dans le temps. C’est tout ! Je suis convaincu que si l’on s’y met maintenant, nous pourrons sauver les meubles. Après, il sera trop tard. Il nous reste à peine dix-neuf (19) mois. Je rappelle que pour les élections précédentes, nous avons mis dix(10) ans à les préparer, et vous avez vu le résultat ? N’attendons plus, agissons pendant qu’il en est encore temps.
Ne va-t-on pas vers un report des élections présidentielles de 2015?
C.D.G : Je ne le souhaite pas ! J’ai entendu certaines personnes évoquer cette éventualité, je ne le souhaite pas. Ce serait ouvrir encore la boite de pandore, avec son cortège de gouvernements d’union, ou de large ouverture, et ses corollaires de Premiers ministres avec pouvoirs élargis, et je ne sais quoi encore !
Non ! Nous sommes fatigués de ces scénarios qui ne règlent rien, bien au contraire. Non, pas ça ! Plus jamais ça !
C’est un cri du cœur que vous lancez ?
C.D.G : C’est un cri du cœur ! Je regarde mon peuple, il a trop souffert, et j’ai la triste impression que nous sommes en train de lui préparer la même chose, le même calvaire. Nous n’avons donc pas tiré les leçons de ce que nous venons de faire vivre à notre peuple ? Non ! Mettons-nous au travail dès maintenant. Pendant que les passions électorales ne sont pas encore exacerbées et que les démons du pouvoir sont encore endormis et profitons des avantages du consensus, encore possible.
Je prie DIEU par exemple pour que le président Alassane Ouattara ne nomme surtout pas un président de la Cei de manière unilatérale. Ce serait le début de certaines choses qui sont à craindre (récusation de l’intéressé, suspicion sur sa personne etc.). Je souhaite qu’il profite de la mise en place du cadre de discussion que nous mettrons en place pour faire choisir un président consensuel. Nous aurions alors fait un grand pas vers une période post-électorale apaisée.
Cette nomination doit-elle intervenir quand, selon vous ?
C.D.G : Je pense que c’est dès maintenant qu’il faut mettre en place la Commission Electorale Indépendante (Cei). A ce propos, le Ndi a fait des propositions que je ne partage pas. Il propose que la Cei soit composée de membres issus de la société civile (y compris les associations professionnelles et les organismes religieux), des partis politiques (équilibre entre pouvoir et opposition) , des agences gouvernementales. Je trouve cette proposition trop déséquilibrée, in fine. Qui choisit les représentants de la société civile et quelle société civile ? De quelles agences gouvernementales s’agit-t-il ? De toutes les façons, les agences gouvernementales proviennent du gouvernement, alors ….. Non trop déséquilibrée !
Comment réagissez-vous au recensement général de la population que le gouvernement a lancé malgré l’opposition du Fpi?
C.D.G : L’opposition du Front populaire ivoirien (Fpi) à ce Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph), est la conséquence de la méfiance que les uns ont des autres. Les acteurs politiques ne se font pas confiance. Il y a une suspicion. Je pense que les uns ont peur de l’usage politique que les autres pourraient faire de ce recensement. En tout état de cause, je pense qu’il ne faut pas tout politiser. Il est important que ce recensement se fasse. Nous devons trouver d’autres cadres pour régler les problèmes tels que l’on pose actuellement pour ne pas boycotter l’opération. Le dialogue que je propose aidera à régler ce genre de suspicion à l’avenir.
Faut-il donc rassurer le Fpi?
C.D.G : Pas seulement le Fpi, mais tout le monde.
Faut-il arrêter cette opération de recensement de la population ?
C.D.G : Non ! Il faut la poursuivre, mais dans le même temps il faut engager les discussions, afin de démarrer le plus rapidement possible, la révision des listes électorales. Il y a tellement de travail à faire à ce niveau-là qu’il vaut mieux s’y mettre tout de suite.
Qu’en est-il de la réforme sécuritaire ?
C.D.G : Voici un autre gros chantier.
Au niveau de la sécurité, je pense que la réforme n’a pas pu être faite en profondeur. Il ne faut pas que l’apparente situation de calme sécuritaire nous induise en erreur. Concernant cette question, moi je m’interroge…

Est-ce qu’il est tard pour faire cette réforme ?
C.D.G : Non, mais à condition de s’y atteler sérieusement dès maintenant. Moi je m’inquiète pour la sécurisation du processus électoral.
Comment va-t-on y procéder ? Avec quels éléments ? Les Dozos ? Les Frci? Ou bien la Police avec les policiers sans armes, ou encore la gendarmerie qui n’est d’ailleurs pas mieux logée ? Ou alors compte-t-on demander aux forces internationales (Onuci-Licorne) de le faire pour nous ? Dans ce cas, il faut le dire dès maintenant.
Que proposez-vous au juste?
C.D.G : Je pense qu’il faut que nous en discutions. Il ne nous reste pas plus de dix-neuf (19) mois et notre gendarmerie, notre police et même nos forces armées nationales n’ont pas encore recouvré la totalité de leurs prérogatives.
Au cours d’une récente intervention, vous affirmiez prendre l’engagement de vous occuper dorénavant du cas Blé Goudé. Avez-vous eu l’occasion de le rencontrer ? Si oui, où et dans quelles conditions ?
C.D.G : Tout le monde sait que je me préoccupe de manière très particulière du sort de mes camarades qui sont détenus, et cela, depuis mon retour d’exil. Certains m’ont même reproché cela, estimant que, par cette attitude, je ne faisais pas de la politique, mais de l’humanitaire. Je l’assume et je continue de m’en préoccuper, ne leur en déplaise, car je ne suis pas peu fier des résultats engrangés et de la joie qu’ils ont pu procurer aux intéressés et à leurs proches. Concernant Blé Goudé, j’ai pris l’engagement devant ses camardes, membres de sa famille politique, de faire tout ce que je pourrai, à travers mes discussions avec le gouvernement, pour obtenir sa libération, à l’instar de tous les autres. J’ai entrepris les démarches, ce n’est pas facile, mais j’ai insisté, persisté, « empêché les gens de respirer » pour parler comme quelqu’un, et j’ai pu obtenir de rencontrer Charles Blé Goudé. Et je l’ai vu et nous nous sommes entretenus.
Quand l’avez-vous vu et où?
C.D.G : Le lieu n’a pas d’importance, mais par contre, je peux vous en communiquer la date : c’était le 14 février 2014. Je m’en souviens parce que c’était « La Saint Valentin« . Et il m’a même chahuté en disant « Cher aîné, c’est la Saint Valentin et moi je suis tout seul ici pendant que les autres font la fête ». Je lui ai répondu : « Mais moi je suis là avec toi et je ne fête pas moi non plus ». « Merci d’être venu me voir », a-t-il ajouté. Cela m’a fait beaucoup de peine, pour ce jeune homme qui aurait dû être aux côtés de sa femme et de ses enfants, en ces moments-là.
Qu’est-ce qu’il vous a dit de ses conditions de détention ?
C.D.G : Ce qu’il a dit aussi à ses avocats, et à tous ceux qui comme moi, ont eu la chance de le voir. Il souhaite que l’on améliore un tant soit peu, ses conditions de détention.
Finalement, Blé Goudé a été transféré à la Cpi. Quels commentaires, cela vous inspire ? (Nous avons actualisé cette partie parce qu’au moment où l’interview se faisait, le gouvernement n’avait pas encore décidé du transfèrement de Blé Goudé à la Cpi, Ndlr).
C.D.G : Cette situation m’attriste d’abord pour Charles Blé Goudé pour qui nous avons commencé à faire un travail. Il est jeune. C’est malheureux ce qui lui arrive. Ensuite, je suis triste pour toute la jeunesse qui se reconnaissait en lui. Je suis aussi triste pour la Côte d’Ivoire, la justice et les magistrats. Si j’en étais un, je me sentirais frustré de n’avoir pu juger Blé Goudé ici. Je suis triste pour la réconciliation qui prend un plomb dans l’aile. Je garde cependant espoir que les Ivoiriens vont dépasser cela. Que mes camarades et moi, allions tirer de ce nouveau coup, les forces nécessaires pour la poursuite du combat en vue de l’obtention de la liberté, de la démocratie et la justice, qui sont les maîtres-mots de l’engagement du président Laurent Gbagbo. A l’épouse de Blé Goudé et à sa famille biologique, je dis que nous allons nous battre pour qu’il revienne de la Haye. Laurent Gbagbo et Blé Goudé vont revenir plus forts que jamais.

Qu’est ce qui n’a pas marché pour que Blé Goudé soit transféré à la Cpi ?
C.D.G : Permettez-moi de déplorer ceci. Du côté de nos frères qui sont actuellement au pouvoir, je leur demande d’entendre les cris du peuple ivoirien qui n’aspire qu’à vivre en paix et dans la convivialité. Qu’ils nous écoutent, nous qui acceptons de discuter avec eux envers et contre tout, et qu’ils fassent avancer véritablement le processus de réconciliation pour le bonheur de tous. Qu’ils mettent en minorité, leurs extrémistes. Du côté de nos frères qui sont dans l’opposition avec nous, soyons réalistes. Nous ne sommes plus au pouvoir. Reconnaissons-le et ayons l’attitude qu’il faut en vue de la normalisation de la vie socio-politique en Côte d’Ivoire afin de nous donner une chance de reconquérir démocratiquement le pouvoir. Il faut éviter ce qui vient d’arriver. Soyons politiques et faisons de la politique. Nos partisans ont trop souffert et continuent de souffrir encore. Pensons un peu à eux. L’alternance que nous appelons de tous nos vœux, et la libération de Laurent Gbagbo et aujourd’hui de Simone et de Charles Blé Goudé, sont à ce prix.
Pourquoi n’avez-vous pas encore rencontré Laurent Gbagbo à la Cpi alors que depuis plus de deux ans, il est détenu à La Haye? Qu’est ce qui coince ?
C.D.G : Rien ne coince. Nous nous verrons en temps opportun.
A-t-il une chance de s’en sortir quand on sait que toutes les demandes de mise en liberté provisoire que son conseil a introduites, ont été rejetées ?
C.D.G : Je suis optimiste de nature. Et, je suis une voie depuis le début qu’on peut ne pas comprendre. Je suis convaincu que si nous réussissons à apaiser la situation socio politique en Côte d’Ivoire, si nous démontrons que la libération de Gbagbo Laurent ne peut pas perturber la vie en Côte d’Ivoire, si nous faisons de la politique normalement, en attendant son arrivée, l’on va le libérer.
Que répondez-vous à Cissé Bacongo qui a dit, récemment, à Koumassi, que quand on va à La Haye, on n’en revient plus ?
C.D.G : C’est justement l’exception Gbagbo Laurent qui va confirmer la règle. Il reviendra de la Haye et très bientôt.
Sur le plan économique, le gouvernement estime qu’il y a une grande reprise là où des populations se plaignent de ne pas manger à leur faim. Quelle appréciation faites-vous de ce débat?
C.D.G : Je pense que c’est bien de réaliser de grands chantiers. J’estime qu’en même temps que l’on fait cela, il faut penser au panier de la ménagère. Le quotidien des Ivoiriens n’est pas facile. Quand vous allez sur le marché, vous ne pouvez plus rien acheter. Tout coûte cher. En plus de cela, il n’y a pas de création d’emplois. On nous annonce des emplois. Mais, moi je n’ai encore rien vu.
Pour vous, l’objectif du million d’emploi que le chef de l’Etat a promis n’est donc pas encore atteint…
C.D.G : L’objectif n’est pas atteint. Tout le monde le sait.
Voulez-vous dire qu’il y a un échec au niveau de sa politique de l’emploi ?
C.D.G : Je dis que je n’ai pas encore vu les résultats. Vous savez, je ne parlerai pas d’échec, mais pour le moment, on n’a pas encore vu le million d’emplois. En attendant, je demande au gouvernement de faire en sorte que le panier de la ménagère soit un peu plus rempli. Est-ce qu’on ne pourrait pas travailler pour notre autosuffisance alimentaire ?
C’est une proposition que vous faites ?
C.D.G : Je fais une proposition. Que le Gouvernement essaie de développer un peu la culture des produits vivriers. Si l’on en produit en grande quantité, cela peut jouer sur leur prix d’achat. Par ailleurs, j’apprécie la croissance bientôt à deux chiffres et le travail fait par le gouvernement du Premier ministre Duncan, mais je suis convaincu que cela aurait pu être mieux ressenti par les populations si la gouvernance était plus participative, et la richesse mieux repartie.
Comment réagissez-vous aux accusations de dame Tebla qui dit que vous lui devez 7,5 millions de F Cfa.
C.D.G : Le Directeur de cabinet du Président du Cap-Udd, mon parti, a réagi. Il a donné notre position. Je ne vais rien ajouter en attendant que la justice tranche. Je m’exprimerai après le verdict du tribunal. Soyons patients.
En parlant de machination politique, votre Directeur de cabinet voulait-il faire allusion à qui ?
C.D.G : Je parlerais après. Il a donné les éléments. Appréciez. Moi, je m’exprimerais quand la Justice se sera prononcée.

Réalisée par SYLLA Arouna (Soir Info)

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