Actualite, Grands Genres, Point Sur

[Interview/M. Anicet Guéla GNANZI (Présidnet de l’UDCY)] : « L’amnistie ne figure pas au nombre des 13 recommandations du dialogue politique en Côte d’Ivoire »


Toulepleu, le 29-08-2022 (lepointsur.com) La polémique sur l’amnistie continue toujours de faire rage depuis le refus du PPA-CI d’accepter la grâce accordée par le Président Alassane Ouattara à son prédécesseur Laurent Gbagbo et ses lieutenants le 6 août 2022, la veille des 62 ans de la Côte d’Ivoire. C’est dans le souci d’éclairer la lanterne de la communauté nationale et internationale et, mettre définitivement de facto un terme à ce débat politique ivoirien que l’UDCY sort encore de sa réserve. Ainsi dans cet entretien, son Président, Monsieur Anicet Guéla GNANZI, par ailleurs Conseil Économique, Environnemental et Social explique ici tout le déroulé du dialogue politique qui a eu lieu en Côte d’Ivoire. Outre ceci, il s’est penché sur les réalisations du Président Alassane Ouattara dans la Région du Cavally et ses différentes actions qui contribuent inexorablement et de façon salvatrice à améliorer le bien-être des Ivoiriens, de façon inclusive, dans un contexte mondial de crises internationales. Enfin, se fondant sur le triptyque « Dieu la Nation et la Citoyenneté » si cher à l’UDCY, le natif de Bangolo invite incessamment tous les Ivoiriens, à préserver un climat de paix et de cohésion, gage de développement durable de notre chère Nation, la Côte d’Ivoire. Entretien !

Bonjour monsieur le Président de l’UDCY. La grâce accordée à l’ex-Président Ivoirien Laurent Gbagbo et à certains militaires arrêtés à la faveur de la crise post-électorale de 2011 a fait l’objet d’une déclaration publique par le PPA-CI qui a évoqué par la voix de Monsieur Katinan Koné, le nom respect de la 5è phase du dialogue politique en Côte d’Ivoire. À l’en croire, en lieu et place de la grâce présidentielle devait être prise une loi d’amnistie. Toute chose qui vous a poussé à faire un démenti au nom de votre formation politique, l’UDCY. Quelle lumière de la situation pouvez-vous faire davantage pour éclairer la lanterne des uns et des autres ?

Je crois bien que je me suis largement déjà expliqué sur cette question. Mais la répétition étant pédagogique, je peux à nouveau, donner l’éclairage souhaité sur cette question d’amnistie qui fait encore couler beaucoup d’encres et de salives. En ma qualité de Président de l’UDCY j’ai participé aux travaux de la phase 5 du dialogue politique ivoirien au cours de laquelle nous avons débattu d’un certain nombre de sujets relatifs à la situation sociopolitique. Il faut rappeler qu’à l’ouverture des travaux, le Premier Ministre, Monsieur Patrick Achi a demandé aux participants notamment aux formations politiques et à la société civile ivoirienne de faire des propositions de sujets qui constituaient leurs préoccupations et qui seront débattues sans faux-fuyant. L’ensemble des 88 points évoqués à travers les termes de référence élaborés par chaque participant ont été répertoriés dans un document. Après recoupage de ces points, in fine, 33 ont été retenus et débattus dans la courtoisie, la bonne ambiance et un climat apaisé. A l’issue des échanges, de nombreuses questions soulevées ont donné lieu à des informations et des explications satisfaisantes de la part du Gouvernement. D’autres ont été considérées comme relevant des prérogatives des Institutions de l’Etat.

A l’issue des travaux, des recommandations ont été formulées. Elles sont au nombre de 13 et parmi elles, ne figure nulle part la question de l’amnistie.  Le dialogue politique a exprimé un souhait à la fin du rapport, celui de voir les présidents Ouattara, Bédié et Gbagbo avoir des rencontres périodiques de haut niveau. Certainement à cette occasion, ils pourraient bien débattre de cette question de l’amnistie et de bien d’autres que le dialogue n’a pu trancher. J’insiste donc pour dire que nous n’avons pas retenu la question de l’amnistie parmi les recommandations du dialogue politique. Nous étions donc surpris d’entendre par la voix de Monsieur Katinan Koné que ce point a été retenu au titre des recommandations du dialogue politique. Nous disons, oui, on n’en a parlé mais il n’a pas été retenu parmi les recommandations. A titre d’exemple : je vous informe que parmi les principales propositions débattues figure un point sur « la limitation de l’âge des candidats à l’élection présidentielle »; si je m’en tiens à la logique du PPA-CI, étant donné que ce point a été discuté au cours du Dialogue, alors peut-on affirmer qu’il fait partie des acquis même s’il ne figure pas parmi les 13 recommandations consignées dans le rapport final ?

Ce qu’il faut retenir, pour conclure, c’est que nous avons débattu de la prise d’une Loi d’amnistie, mais, au final elle n’a pas été retenue dans les recommandations. C’est cet éclairage qui a fait l’objet d’une communication dans la presse de l’UDCY. Et c’était là tout le sens de ma déclaration.

Merci Monsieur le Président. Nous comprenons donc à la lueur de votre explication que la question de l’amnistie relevait du pouvoir discrétionnaire du Président de la République, S.E.M Alassane Ouattara et non du dialogue politique. C’est pourquoi vous avez fait une invite au Président Alassane Ouattara d’accorder une audience à ses deux prédécesseurs, Messieurs Gbagbo et Bédié. Pensez-vous que le PPA-CI n’a pas su négocier à fond sur cette question qui lui tient tant à cœur ? 

Moi je ne fais pas la politique-fiction. Je dis ce qui est écrit et ce qui est disponible. Le rapport final du dialogue politique ivoirien est notre boussole et il est consultable. Si après lecture vous découvrez une seule fois le mot « Amnistie » dans les recommandations, alors, venez me prendre à défaut. Je n’étais pas présent à l’audience accordée par le Président Alassane Ouattara à ses deux prédécesseurs. Comment voulez-vous que je dise ce qu’ils ont évoqué lors de leur huis-clos? Ce que je sais, c’est qu’au sortir de ce conclave, le Président Gbagbo a lu une déclaration finale qui, elle aussi, ne fait nulle part mention du lexème « AMNISTIE ». Ce dont nous parlons c’est ce qui est. Et ce qui est, c’est le rapport final avec ses 13 recommandations qui n’ont pas traité de la question de l’amnistie. Toutefois, il faut noter que je ne suis pas contre l’idée de la prise d’une loi d’amnistie en faveur du Président Gbagbo et ses hommes. Je ne me prononce pas sur le fond de cette question mais plutôt sur sa forme. Je veux qu’on dise ce que nous avons co-signé et non autre chose que ce qui est écrit dans le rapport final de la phase 5 du dialogue politique.

La veille des 62 ans d’indépendance de notre Nation, le Président de la République, S.E.M Alassane Ouattara a posé un geste majeur à l’endroit des fonctionnaires, même si cela survient après plus de 10 ans de gouvernance et dans un contexte de crise mondiale.

Pour notre part, nous saluons les mesures salutaires prises par le président Ouattara et qui contribuent à améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs et à apaiser aussi le front social. Ce qu’il faut retenir, c’est que la plus belle femme ne peut donner que ce qu’elle a. Il est vrai que notre pays dispose d’importantes ressources mais elles ne sont pas inépuisables. Un Gouvernement responsable ne peut promettre que ce dont il peut assurer le paiement dans le temps et sans difficultés. Les annonces faites par le Chef de l’Etat sont le fruit des nombreuses négociations entre le Premier Ministre et les syndicats, dans ce contexte de crise économique mondiale exacerbée par la guerre Russie-Ukraine. Aussi, ce geste qui constitue un important sacrifice sur le budget de l’Etat, mérite-t-il d’être salué à sa juste valeur. Il faut ainsi adresser nos remerciements au Président de la République et c’est ce qui est logique. Nous sommes convaincus que si la situation du pays s’améliore encore, le Chef de l’Etat qui est un homme très sensible aux préoccupations des populations fera encore un autre geste salvateur.

Monsieur le Président, les relations bilatérales entre le Mali et la Côte d’Ivoire notre Nation sont quelque peu enrhumées par la situation de nos 49 soldats retenus au Mali. Quelle analyse faites-vous de la situation ?

En général, je m’abstiens de me prononcer sur les questions militaires. Je le dis parce que la grande muette a ses codes, ses règles et sa manière très particulière de fonctionner, et même, de régler les différends. Comme bon nombre de mes compatriotes, je n’imaginais pas que cette affaire que je croyais banale, prendrait une telle tournure. J’espérais que tout irait vite et que nos soldats seraient vite libérés. Mais à mesure que le temps s’écoule, les choses semblent se compliquer. Je voudrais donc faire une prière. Que tout ce qui peut pacifiquement être fait pour la libération de nos enfants et frères détenus au Mali soit rapidement mis en œuvre. C’est pourquoi je salue la voie de la négociation privilégiée, à ce jour, par toutes les parties prenantes dans le cadre du règlement de cette crise. Je prie fortement que cette crise ne vienne plomber les relations séculaires d’amitié existant, fort heureusement, entre nos deux peuples.

Quelles étaient les raisons de votre présence à Toulepleu au moment où le RHDP rendait un vibrant hommage au Président de la République Alassane Ouattara?

C’était un plaisir pour moi d’être à Toulepleu pour participer à l’hommage rendu par les élus et cadres au Président Alassane Ouattara qui, comme nous le voyons tous à travers tout le pays, fait beaucoup pour le bien-être des Ivoiriens. Toulepleu, par exemple, était très enclavé durant de longues années. Aujourd’hui, le nécessaire est en train d’y être fait. Ainsi, de Duékoué à Toulepleu, en passant par Guiglo, Taï et Blolequin, le bitume, les ponts, les adductions en eau potable et l’électrification rurale sont, désormais, une réalité. Cette cérémonie n’est rien d’autre qu’un hommage mérité, une reconnaissance à un bâtisseur hors norme. Et c’est pourquoi j’y ai pris part, je le répète, avec un immense plaisir. Je suis ressortissant de Bangolo, donc du Guémon, certes, mais je n’ai pas voulu me faire conter cette belle fête d’hommage au Président de la République pour tous ses bienfaits pour les populations de la Région du Cavally. Mais, de toutes les façons, si vous avez bien observé, vous avez dû noter que ce sont, en réalité, tous les élus et cadres du District Autonome des Montagnes, tous bords politiques confondus, qui étaient présents à cette cérémonie, avec à leur tête le Ministre, Gouverneur, Albert Flindé. Je profite de l’occasion pour remercier la Ministre Anne Désirée Ouloto, présidente du Conseil Régional du Cavally de nous avoir associé à cette belle célébration. Le développement n’a ni couleur, ni parti politique.

Nous sommes au terme de notre entretien, avez-vous un message particulier ?

Je voudrais dire à tous mes concitoyens qu’il est important que nous embarquions dans le train de la réconciliation. Il y a un temps pour se quereller et un autre pour s’asseoir et discuter. Donnons-nous la main. Ensemble, travaillons pour le développement de notre cher pays. C’est ce que nous recommandons à l’UDCY, nous qui fondons notre idéal sur le triptyque : Dieu, la Nation et le Citoyen. Dieu, l’Être Suprême grâce à qui nous sommes sur terre. Lui qui a décidé de l’endroit où nous devrions naître, ce lieu qui se trouve être notre Nation, la Côte d’ivoire. Notre mission à tous consiste donc à œuvrer, dans l’union, à la développer et en faire une Nation prospère et solidaire pour le bonheur de tous les Citoyens. Enfin, je voudrais, au nom de l’UDCY lancer un appel à tous les Ivoiriens, de tout bord politique que ce soit, à faire prévaloir l’intérêt général au-dessus de tout autre pour la sauvegarde de la Nation.

Propos recueillis et retranscrits par Laine Gonkanou, Correspondant Régional

Commentaires

commentaires