CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 22-11-2017) Au cours d’une interview, le Porte-parole de la Commission des églises protestantes et évangéliques de Côte d’Ivoire est longuement revenu sur le différend qui oppose les chrétiens de cette commission à la Direction générale des Cultes. Le révérend Makosso Camille, puisque c’est de lui qu’il s’agit, pointe un doigt accusateur vers le Directeur général des Cultes qui a pris le soin de voiler le budget de l’organisation du pèlerinage en Israël.

Révérend Makosso Camille, vous êtes le Porte-parole de la Commission des églises protestantes et évangéliques de Côte d’Ivoire. Qu’est-ce que qui vous oppose au Directeur général des Cultes ?

Entre moi et le Directeur des Cultes, il n’existe aucun problème personnel. C’est un monsieur que je respecte. Lorsque l’ex-directrice des Cultes partait, nous savions par nos sources que c’était lui qui venait à la Direction des Cultes. Et, nous avons fondé beaucoup d’espoir sur une direction des cultes forte venant mettre de l’ordre dans le milieu religieux. Mais hélas, la déception est très grande ! Le dialogue aujourd’hui entre les religieux et la Direction des Cultes est inexistant. Nos propositions sont mises dans des tiroirs. Nous avons l’impression que c’est quand il y a des problèmes où des rencontres avec l’autorité que la Direction connaît nos noms. Aujourd’hui, le dossier du pèlerinage est un dossier qui rend plusieurs présidents de Fédérations très nerveux. Plusieurs d’entre eux nous ont saisi, afin de mener la lutte. Et ce, parce que nous sommes la seule fédération ayant 10.000 pasteurs en notre sein. Nous sommes fatigués de voir chaque année nos places bradées à des non ayants-droit. Nous sommes fatigués de voir que la Direction des Cultes nous cache le budget du pèlerinage, nous empêchant ainsi de remercier le Chef de l’Etat. Nous sommes choqués de savoir qu’en 2007 ce fut un budget de 2 milliards Fcfa décaissés pour l’Eglise en raison de 2 millions Fcfa par pèlerin et aujourd’hui 700 millions Fcfa, selon nos chiffres, sont jusqu’à ce jour non justifiés. Cela ne peut plus continuer. C’est pourquoi, nous disons trop c’est trop ! Les président de Fédérations veulent savoir pourquoi tout ce silence sur notre argent.

Concernant cette affaire de pèlerinage que reprochez-vous exactement à la Direction des Cultes ?

Nous reprochons à cette direction son amateurisme dans l’organisation. Depuis maintenant 5 ans, nous voyageons soit sous la pluie ou dans le froid. On n’a même pas l’honneur de nous consulter sur la période du pèlerinage. Ensuite, sur les répartitions des places comment des églises peuvent obtenir plus de places que des fédérations ? Comment des Fédérations inexistantes peuvent-elles obtenir des places ? Comment c’est seulement 250 places qui sont accordées aux Fédérations en lieu et place de 1.000 ? Pourquoi les agences de voyages sélectionnées sont souvent des agences de certains administrateurs de l’Etat ? Et d’ailleurs certaines de ces agences n’ont aucune expérience dans l’organisation des voyages ? Pourquoi dans un voyage totalement gratuit, l’on oblige les pèlerins à payer des bilans de santé et des assurances et l’on nous prive de nos 250.000 Fcfa d’argent de poche ? Tant de questions qui restent désespérément sans réponse et qui nous amènent à suspecter un détournement de notre argent durement acquis sous l’ex-régime.

Au cours d’un point de presse, il y a peu, vous avez affirmé que cette affaire dure depuis 05 ans. Quelles sont les démarches et les propositions que vous avez faites pour le règlement pacifique du conflit ?

Toutes les démarches dans le cadre de parler de l’organisation ou de demande d’audience dans le cadre de l’organisation du pèlerinage en Israël sont restées lettre morte à la Direction des Cultes. Nous avons fait des propositions écrites en 2016 où nous avons souhaité des échanges. Rien ! Nous avons remis au Directeur général des Cultes les conclusions de notre Assemblée générale au cours de laquelle les pasteurs ont souhaité connaître le budget et une meilleure organisation. Le DG des Cultes n’a jamais répondu à nos courriers dont nous avons les accusés de réceptions que je vous présente.

A ce jour, sentez-vous les choses bouger dans le bon sens ?

Nous savons que le Président de la République a interrogé plusieurs de ses conseillers sur cette affaire et suit le dossier de très près. Nous savons aussi que plusieurs personnes nous appellent pour nous demander de nous taire et de gérer cette affaire sous la table. Nous savons que c’est un dossier brûlant. Notre objectif n’est pas de nous opposer au Directeur des Cultes, mais de permettre, par cette lutte, que notre pèlerinage au même titre que le Hadj soit correctement organisé à la lumière des médias. Les lignes bougent, mais nous avons 6 autres conférences de presse et nous ne reculeront pas. Selon nos sources, lors d’une rencontre que le Dg des Cultes a tenu avec quelques pasteurs, celui-ci a indiqué que c’est le Ministre de l’Intérieur qui lui interdirait de donner le montant global alloué au pèlerinage. Cela est d’une gravité sans précédent dans l’histoire de l’administration. Car connaissant la moralité du nouveau ministre qui n’a pas encore tous les dossiers en main, nous le voyons très mal prendre une telle pente aussi dangereuse. Nous avons sollicité une audience avec Monsieur le Ministre qui est en très bonne voie, car dans ce pays le dialogue entre les ministères et les syndicats est la clé pour régler les grands conflits.

Si le ministre refuse de vous recevoir, quel sera votre ultime recours ?

Ne soyons pas pessimistes. Je crois que dans les jours à venir, cette rencontre aura lieu. Parce que nous avons obtenu des gages de plusieurs proches du Président de la République indiquant qu’il suit de très près cette affaire. Parce qu’il refuse que son gouvernement voit une colère se lever au sein des religieux qui sont pour lui les véritables acteurs de la paix dans ce pays par leurs prières et leurs prêches tous les vendredis et dimanche. Ce que les présidents de Fédérations demandent, et dont je suis leur Porte-parole dans cette affaire n’est pas sorcier. 1- Connaître le budget du pèlerinage. 2- Entamer avec le Ministre de l’Intérieur des négociations pour une parfaite organisation de notre pèlerinage. 3- Le retrait des listes parallèles provenant des amis de la Direction des Cultes, car le pèlerinage n’est pas du copinage, mais du spirituel. Nous avons travaillé durant 2 ans pour obtenir ce budget et nous refusons que des fonctionnaires, payés avec l’argent du peuple, viennent semer une fracture entre les Evangéliques et l’Etat de Côte d’Ivoire. Pendant la crise j’ai pris le risque suprême qu’aucun religieux n’a jamais pris dans ce pays en m’affichant publiquement sur la chaine TCI où tous les pasteurs traitaient le Président de la République d’anti évangélique. Nous avons travaillé durant 05 ans pour ramener le calme au sein de l’Eglise et les évangéliques ont prié pour ce pouvoir comme ils l’ont fait pour tous les autres. Je refuse alors que la Direction des Cultes vienne radicaliser certains en présentant une mauvaise image du pouvoir qui fait un grand travail.

N’avez-vous pas peur, car plusieurs indiscrétions affirment que vous êtes sujet de menaces ?

Tant que je croirai en la politique du Président de la République qui est la bonne gouvernance, la justice, le vivre ensemble, je n’aurai pas peur pour ma vie. Certains pasteurs à la solde de la Direction des Cultes m’envoient des SMS pour tenter de m’intimider. Mais quand vous êtes à la tête de plus de 10.000 pasteurs, des apprentis pasteurs qui vivent grâce aux places qu’ils reçoivent de la Direction générale de Cultes ne peuvent vous intimider. Je vous ai dit que nous menons le combat de 7 millions de fidèles et l’ensemble des pasteurs nous soutiennent et j’entame, dès le lundi 27 novembre 2017, une tournée de mobilisation et d’information, car plusieurs communes souhaitent une manifestation devant la Direction des Cultes. Je vais les écouter et leur apporter un message de paix et d’apaisement comptant sur la volonté du ministre à régler définitivement la question du pèlerinage.

Réalisée par Idrissa Konaté

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