« Guillaume Soro, toujours fort face à l’adversité »
Ça pourrait être le titre d’un livre retraçant le parcours brillant et semé d’embûches de la deuxième personnalité de l’Etat de Cote d’Ivoire. Un parcours fait d’adversités continuelles. Un parcours où l’homme a le plus souvent flirté avec la mort. Mais l’homme est un trompe la mort, pourrait-on le dire. A combien de tentatives de mort n’a t-il pas échappé? La toute récente et la plus médiatique est celle de l’attentat sur son avion le 29 Juin 2007 où, il a fallut la bénédiction des mânes de ses ancêtres, la chance, pour qu’il en sorte vivant. Mais avant cela, tout le monde connaît l’histoire de sa tentative d’assassinat par les jeunes patriotes en 2003 à la RTI lors d’une de ses visites, en sa qualité de Ministre de la communication, dans cet établissement public. Je vous épargne les nombreuses tentatives d’assassinat auquel il a échappé pendant la rébellion dont il était le chef incontesté. Mais, toutes ces épreuves l’ont rendu fort face à l’adversité. Pour démontrer cette dernière affirmation, faisons un retour en arrière sur sa vie scolaire et estudiantine. La première adversité qui s’est présentée à lui est celle de sa situation familiale. En effet Guillaume Soro est issue d’une famille modeste. Il n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche. En outre, il est le fils aîné de sa famille. En Afrique, tout le monde sait ce que cela représente. Cette position d’aîné au sein de la famille vous impose déjà des défis.
Une enfance faite de défis à relever
Le défi principal est celui de se battre, comme un beau diable, afin de s’occuper, un jour, de ses parents, de ses Frères et Sœurs. Si encore, on est issue d’une famille modeste, comme la sienne, le défi est encore plus grand. Aujourd’hui, on peut affirmer que Guillaume Soro a relevé ce défi car il est aujourd’hui le « patriarche « de sa famille nucléaire. Il a pris en charge ses frères et ses sœurs. Enfant d’une famille modeste, il est devenu aujourd’hui la deuxième personnalité de l’Etat de Cote d’Ivoire en occupant le poste, ô combien prestigieux ,de Président de l’Assemblée Nationale, après avoir occupé successivement le poste de Ministre d’Etat à 30 ans et celui de Premier Ministre. On pourrait dire qu’il a pris sa revanche sur la vie et il est devenu le premier de sa génération en matière d’ascension sociale. La deuxième adversité à laquelle il a été confronté à été celle de son choix de vie, dé son destin. En effet, il était prédisposé à devenir prêtre, suite à son passage au petit séminaire de Katiola. Mais, là-bas encore, il s’est battu, sans le savoir peut être, contre Dieu qui voulait faire de lui un de ses envoyés. Dieu a fini par céder en lui permettant de suivre la voie qu’il s’était choisi à l’époque, Celle du syndicalisme. En effet, au petit séminaire de Katiola, il s’est illustré par son non conformisme. Il n’a pas accepté, comme l’aurait fait tout petit religieux en formation, qu’on lui impose des plats de nouilles que lui et ses camarades n’aimaient plus. Là bas encore, il s’est illustré par son adversité avec l’administration de l’établissement en obligeant ses camarades à se mettre en grève, pour contester ces plats de nouilles qu’on leur imposait tous les jours et qui avaient fini par les exacerber. Cette action a fini par porter ses fruits. On ne leur a plus imposé les plats de nouilles ; et la sympathie de ses camarades pour lui s’est accrue. Il venait, là, de s’illustrer auprès de ses camarades comme un leader sur lequel ils pouvaient compter.
Ouassenan, hier Ouessenan toujours sur son chemin…
Toujours dans cet établissement, il s’est permis, lors d’une visite d’un illustre fils de la région, en la personne de Ouassenan Koné, de l’affronter avec une question concernant la mort de Thomas Sankara. C’était un sujet tabou à l’époque. Qui est-il cet impertinent garçon pour lui poser une telle question? S’est demandé Ouassenan. Imaginez la gêne de l’administration et l’admiration de ses camarades face à cette question osée. Quelques années après, Guillaume Soro rejoint Abidjan, après son Bac, où il s’investit, à fond, dans la lutte syndicale au sein et à la tête de la FESCI. L’adversité principale à laquelle il sera confronté sera celle du pouvoir d’alors dirigé par le Président Henri KONAN BEDIE dont il est aujourd’hui le fils bien aimé. Cette adversité a eu pour prétexte la dissolution de la FESCI prononcée par le pouvoir KONAN BEDIE, après une longue grève déclenchée par ce mouvement syndical. C’est dans la lutte pour le rétablissement de cette structure ,dont il était le Secrétaire Général ,que Guillaume Soro s’illustrera comme un vaillant combattant, un vaillant syndicaliste. Cette lutte contre le pouvoir en place s’est illustrée par des courses poursuites entre Guillaume Soro et les policiers commis à son arrestation, pendant que des bus brulaient sur son passage. Courses poursuites et adversités diverses qui ont amené le pouvoir KONAN BEDIE à négocier un cessez le feu avec Guillaume Soro et à réhabiliter la FESCI. Ce qui a valu à ce leader syndical hors pair le prix de l’homme de l’année 1997 par le journal « Ivoir Soir ». L’adversité à laquelle il sera confrontée ,tout juste après ce cessez-le-feu avec le régime KONAN BEDIE, sera celle de certains de ses amis de lutte lors de son départ de la tête de la FESCI en 1998. La guerre pour sa succession fait rage. Les machettes s’invitent dans le débat. Les hommes de Guillaume Soro sont confrontés aux hommes de Blé Goudé qui ont fini par l’emporter avec l’appui du FPI. Mais cet échec, des hommes de Guillaume Soro, fera de Blé Goudé un Secrétaire Général illégitime et des hommes de Guillaume Soro des victimes d’une tricherie et de l’ivoirité utilisés par leurs adversaires. Au lieu de les affaiblir, cet échec les rendra plus forts car les hommes de BLE GOUDE savaient qu’ils auraient en face d’eux des hommes coriaces. L’année 2000 sera marquée par un retour en force de Guillaume Soro avec le coup d’Etat de Décembre 1999 ;et surtout les élections présidentielles qui ont opposé Laurent Gbagbo au Général Robert Guéi. Là, encore, il a défié le pouvoir d’alors à travers les manifestations de rue du RDR pour faire reprendre les élections. Et las de voir ses frères tomber comme des mouches, sous les balles assassines des barbouzes de Gbagbo Laurent ,il a décidé de quitter le pays pour revenir en force et faire tomber ce régime liberticide qui naissait. Et en Septembre 2002,il s’attaqua, comme il l’a promis, au régime de Laurent Gbagbo, à travers une rébellion. Au cours de cette rébellion que d’adversités! Mais comme à ses habitudes, il est resté toujours fort face à l’adversité. En effet face à l’adversité qui l’a opposé au Sergent-chef Ibrahim COULIBALY, plus connu sous le pseudonyme de « IB ».Guillaume Soro sort vainqueur de ce duel fratricide. La première adversité a été la bataille pour le contrôle de la zone dite rebelle. Face à IB, un militaire, lui, le civil, a réussi à prendre le dessus avec une équipe de soldats restés fidèles et loyaux. La deuxième adversité a été la bataille entre lui et Laurent Gbagbo pour le contrôle de la zone CNO. Laurent GBAGBO ayant fait bombarder les zones CNO par des avions de guerre qui tueront des soldats français à Bouaké. Là, encore, grâce aux mânes de ses ancêtres, il en est sorti vainqueur. La troisième adversité a été la bataille entre lui et Gbagbo pour le contrôle de l’organisation des élections présidentielles de 2010. Comme toujours, il en est sorti vainqueur. Laurent Gbagbo, après un bras de fer avec lui, a fini par céder sur plusieurs points. En effet, Guillaume Soro a réussi à imposer à Gbagbo les audiences foraines, la composition actuelle de la CEI avec la très forte présence de l’opposition, l’opérateur SAGEM pour la confection des cartes nationales d’identité. Guillaume Soro, avec sa rébellion, a réussi à contraindre Gbagbo à accepter la candidature des présidents Henri Konan Bedié et Alassane Ouattara qui avaient été exclus des candidats à l’élection présidentielle de 2000.
Soro égal à lui-même
Face à la volonté de Gbagbo de ne pas aller aux élections de 2010,Guillaume Soro, avec la méthodologie qu’on lui connait ,à réussi a le convaincre à aller à ces élections. Arriva 2010,avec ses deux tours d’élection présidentielle. Là encore, Guillaume Soro affronta une adversité sans pareil. En effet, Laurent Gbagbo, refusant d’admettre sa défaite décida de braquer la victoire de Ouattara. Une fois encore, Guillaume Soro fut obligé d’affronter, avec ses hommes ,ceux de Gbagbo. Dans une guerre presqu’épique, ses hommes remportèrent la bataille et capturèrent Gbagbo. Aujourd’hui, du haut de son perchoir à l’Assemblée Nationale, on pourrait dire qu’il prend un peu de repos, celui du guerrier qu’il a été pendant très longtemps. Un repos bien mérité. Un repos réparateur. Il sait que le destin lui réserve d’autres adversités encore plus intenses. Des adversités qui l’amèneront à affronter plusieurs groupes à la fois. Il lui faudra plus de stratégies et plus de hargne. C’est pourquoi, il profite de cette petite trêve pour se reposer au maximum quoiqu’en réalité, un guerrier ne sait pas se reposer. Il sait que l’adversité qui l’attend demain sera encore plus grande. Et comme toujours il saura la vaincre.
Mamadou TRAORE
NB : Les inters-titres sont de la rédaction