Politique

[Gabon] Le président exige la démission des ministres élus députés après les législatives


Au Gabon, le Brice Clotaire Oligui Nguema ordonne la démission de tous les ministres élus députés après les législatives du 27 octobre 2025, s’appuyant sur l’article 73 de la Constitution pour réaffirmer la séparation des pouvoirs.

Abidjan, le 04 novembre 2025 (lepointsur.com) – Au lendemain des législatives qui se sont déroulées le 27 octobre 2025 au Gabon, une décision forte est tombée du sommet de l’État. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema a ordonné que tous les ministres élus députés démissionnent de leur fonction au sein du gouvernement. Cette mesure, annoncée le lundi 3 novembre par le ministre de la Réforme des institutions, François Ndong Obiang, s’appuie sur l’article 73 de la Constitution adoptée lors du référendum du 16 novembre 2024.

Une règle constitutionnelle rappelée

L’article 73 stipule que « les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l’exercice d’un mandat parlementaire ».

 Jusqu’à présent, la pratique politique gabonaise avait souvent toléré que des ministres élus à l’Assemblée nationale conservent leurs postes au sein de l’exécutif, sans que la règle d’incompatibilité ne leur soit systématiquement imposée. Mais cette fois, le gouvernement remet les compteurs à zéro.

Une application rapide et contraignante

Le ministre François Ndong Obiang a précisé que la démission devrait intervenir « dès la publication officielle des résultats » et impérativement « avant l’installation du nouveau Bureau de l’Assemblée nationale », prévue le 17 novembre 2025.

 En clair, les ministres concernés ont moins de deux semaines pour faire le pas, sous peine de se retrouver en situation de conflit vis-à-vis de la Constitution.

Enjeux et signification politique

La décision revêt plusieurs dimensions :

● Renforcer la séparation des pouvoirs : l’exécutif entend éviter que des ministres siègent également comme députés et contrôlent du même coup l’Assemblée.

● Donner l’image d’un État refondé : dans un contexte de transition post-coup d’État d’août 2023 et d’adoption de la nouvelle Constitution, cette mesure s’inscrit dans une logique de moralisation et de modernisation des institutions.

● Un message au sein de la majorité : certains ministres, dont la ministre de la Défense, Brigitte Onkanowa, et le ministre des Transports, Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, proches du président, ont été mentionnés parmi les élus députés.

 Cela montre que l’injonction ne fait pas de cadeau, même aux figures influentes.

Les défis pour l’exécutif

Toutefois, cette décision n’est pas sans enjeux :

● Elle oblige l’exécutif à une remodélisation rapide de son gouvernement, ce qui peut fragiliser la continuité de l’action publique.

● Elle peut soulever des résistances dans les rangs des ministres concernés, qui pourraient regretter d’être « désavoués » après avoir investi lors des législatives.

● Enfin, il faudra veiller à ce que cette mesure ne soit pas perçue comme un simple outil politicien mais bien comme un engagement réel au respect de la Constitution.

Au Gabon, l’appel à la démission des ministres élus députés constitue un tournant institutionnel. En appliquant strictement l’article 73 de la Constitution, le président Brice Clotaire Oligui Nguema non seulement impose la légalité, mais trace aussi un horizon politique clair : celui d’un gouvernement distinct du Parlement, conforme à une architecture institutionnelle plus moderne. Reste à voir si cette rigueur affichée saura s’accompagner d’un véritable renforcement de la démocratie et de l’État de droit au Gabon.

Médard K.

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