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[Gabon/Investiture du Président de la Transition, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguéma] Symbole de l’hypocrisie panafricaine


Abidjan, le 04-09-2023 (lepointsur.com) Dans l’enceinte majestueuse du palais présidentiel de Libreville, le Gabon a assisté ce lundi 04 septembre 2023 à un événement historique et controversé. Le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguéma, l’homme derrière le coup d’État qui a secoué la nation, a été officiellement investi en tant que chef de l’État. Cet événement a attiré l’attention du monde entier, avec la présence imposante du corps diplomatique, consulaire et d’un grand nombre d’organisations panafricaines. Cependant, derrière les sourires diplomatiques et les discours de solidarité panafricaine, se cache une réalité complexe et troublante.

Le Gabon, un petit pays d’Afrique centrale, a longtemps été considéré comme l’une des pépites pétrolières du continent. Ses vastes ressources naturelles, en particulier le pétrole, ont suscité l’intérêt des puissances mondiales et régionales. Cela explique en partie pourquoi le général de brigade Brice Nguéma, malgré son passé de putschiste, est devenu une figure incontournable de la politique gabonaise. Le jeu de la diplomatie pétrolière a transformé Libreville en un aimant pour les acteurs internationaux en quête de richesses et d’influence.

L’investiture du général Brice Clotaire Oligui Nguéma a également mis en lumière l’hypocrisie qui prévaut au sein des organisations panafricaines. Alors que de nombreux dirigeants africains ont condamné publiquement les coups d’État et les changements de régime inconstitutionnels, leur présence à cet événement suggère une tolérance tacite pour ceux qui contrôlent les ressources précieuses. Le panafricanisme, qui devrait promouvoir la démocratie, la justice et la transparence, semble souvent cédé devant les intérêts économiques.

Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres de là, le Niger attend son propre moment de gloire. Le pays, riche en ressources naturelles, notamment l’uranium, a souvent été sous l’influence de la « France-Afrique« , un réseau complexe de relations entre la France et ses anciennes colonies. Cependant, la situation est en train de changer. L’opinion publique au Niger s’est de plus en plus tournée contre la France-Afrique et a manifesté un intérêt croissant pour d’autres partenaires, notamment la Russie. La diplomatie nigérienne s’oriente lentement vers l’Est plutôt que vers l’Ouest.

Cela soulève des questions essentielles sur les choix politiques et économiques des pays africains. Faut-il sacrifier la démocratie et les droits de l’homme au nom de la stabilité et de la richesse ? Le panafricanisme doit-il être subordonné aux intérêts financiers ? L’investiture du général Brice Clotaire OliguiNguéma au Gabon et la position changeante du Niger dans le jeu de la diplomatie internationale mettent en évidence ces dilemmes complexes.

En fin de compte, l’Afrique est confrontée à des choix cruciaux alors que ses nations cherchent à équilibrer la recherche de la prospérité économique avec la promotion des valeurs démocratiques. Les événements au Gabon et au Niger ne sont que des exemples de la tension permanente entre les principes politiques et les impératifs économiques. L’avenir de l’Afrique dépendra en grande partie de la manière dont ces dilemmes seront résolus et des compromis qui seront faits au nom du progrès.

Médard KOFFI

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