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France: le camp de migrants de Grande-Synthe ravagé par un incendie


Le camp de migrants de Grande-Synthe, proche de Dunkerque dans le nord de la France, qui comptait 1500 personnes, principalement des Kurdes irakiens, a été réduit à un amas de cendres lundi soir par un incendie

Un important incendie s’est déclaré lundi soir 10 avril dans le camp de migrants de la Linière, à Grande-Synthe (agglomération de Dunkerque, Nord). Les flammes ont réduit en cendres ce camp, le seul du genre en France, et fait au moins une dizaine de blessés. Fin mars, près de 1 500 migrants y étaient abrités.

La taule des toits, le système de chauffage, et ici ou là des vélos entièrement calcinés. La cuisine communautaire et le point d’information sont encore debout, mais pour le reste, plus rien ou presque ne subsiste des trois quarts des chalets construits il y a un peu plus d’un an par Médecins sans frontières à Grande-Synthe, et dont les flammes se sont emparées lundi soir.

Le préfet du Nord Michel Lalande s’est rendu sur les lieux. C’est la « fin » du camp de la Linère, selon lui. « Je ne vois pas très bien comment on va pouvoir remettre le camp sur pied compte tenu déjà de ce qu’il va falloir enlever comme gravas. Et des infrastructures ont été touchées, comme l’électricité », explique-t-il. «Je pense que les cabanes en bois, ce n’est sans doute pas la meilleure idée qu’on ait jamais eue pour faire un camp humanitaire. »

Une soixantaine de pompiers ont été mobilisés et une compagnie de CRS est arrivée en renfort. Selon le Centre opérationnel d’incendie et de secours (Codis) du Nord, l’incendie, qui concerne une vingtaine de chalets en bois pouvant accueillir jusqu’à quatre personnes, a fait une dizaine de blessés au moins. Aucun bilan complet et précis n’est encore disponible.

Pour les représentants de l’Etat, la solution, ce sont les CAO

Les flammes étaient visibles à plusieurs kilomètres à la ronde, tandis que de très nombreux pompiers se pressaient autour du camp pour maîtriser le sinistre qui ravageait au moins la moitié de sa surface. En urgence, il a fallu ouvrir des gymnases et salles municipales, où plus de 400 des 1 400 migrants du camp ont trouvé refuge pour la nuit. Une réunion de crise est prévue autour du préfet et du maire de Grande-Synthe pour décider de la suite.

« On héberge aujourd’hui toutes les personnes qui sont susceptibles de vouloir être logées. On peut héberger quelques centaines de personnes pour l’instant, en attendant la réunion avec le préfet et le sous-préfet pour évaluer les dégâts », explique un représentant de la ville de Grande-Synthe. Mais les représentants de l’Etat répètent que la solution selon eux, ce sont les centres d’accueil et d’orientation partout en France.

« Il y a de la place dans les CAO pour ceux qui veulent y aller. Depuis des semaines, tous les jours, il y a des maraudes de l’Office français de l’immigration qui se déploient. Et tous les moyens sont mobilisés depuis de très nombreuses semaines pour apporter une offre de prise en charge que, malheureusement, beaucoup trop ne voulaient pas accepter », rappelle le préfet.

Les associations s’attendent à une vague d’expulsions

Tout a commencé avec une rixe opposant des Afghans à des Kurdes, qui a d’abord fait dans l’après-midi six blessés à l’arme blanche selon le préfet Lalande. Les forces de l’ordre sont intervenues, puis la bagarre a repris en milieu de soirée avec les premiers feux, et plus les policiers et pompiers avançaient, plus des chalets en bois prenaient feu, relate le préfet. La mairie, l’Etat et les témoins évoquent une origine criminelle.

Ouvert en mars 2016, cet ensemble construit par Médecins sans frontières (MSF) et la ville comptait 1 500 migrants, principalement des Kurdes irakiens. Selon plusieurs témoignages, la discorde serait venue de l’augmentation du nombre d’Afghans après le démantèlement de la « jungle » de Calais fin octobre 2016. Les Afghans étaient mécontents d’être parqués dans les cuisines collectives tandis que les Kurdes dormaient dans des chalets dont le nombre n’a pas été accru.

Le camp de la Linière, réputé pour être tenu par des passeurs kurdes irakiens, avait été le théâtre de plusieurs incidents sérieux ces derniers mois, nécessitant de faire appel à la police. Un répit de six mois avait été obtenu il y a quelques semaines par la ville, le temps que l’Etat trouve des solutions pour chacun des réfugiés. Les associations s’attendent à une vague d’expulsions, notamment pour les réfugiés qui ont déjà laissé leur trace dans un autre pays européen.

RFI

 

 

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