Egypte: 12 pro-Morsi condamnés à mort pour meurtre ou tentative
Le Caire – Douze partisans de l’ex-président islamiste Mohamed Morsi destitué par l’armée ont été condamnés à mort mercredi en Egypte pour le meurtre d’un général de police ou des violences lors d’un raid des forces de sécurité dans un fief islamiste au Caire en 2013.
Vingt-trois personnes –dont 11 sont en fuite– étaient jugées au Caire notamment pour «appartenance à une organisation jihadiste» et pour avoir participé à une riposte contre des commandos de policiers et militaires ayant investi un quartier de la capitale le 19 septembre 2013, dans le cadre de la sanglante répression visant les partisans de M. Morsi.
Un général de la police avait été tué par balle et d’autres policiers et soldats avaient essuyé des tirs.
Huit des condamnés à mort, dont celui qui était accusé du meurtre du général, sont détenus et quatre en fuite. Les 12 étaient également poursuivis pour «tentative de meurtre» sur les membres des forces de sécurité, selon un journaliste de l’AFP présent au tribunal qui les jugeait. Le verdict doit être confirmé ou infirmé le 6 août après l’avis du mufti d’Egypte, qui n’est pas contraignant.
Ces nouvelles peines capitale –des centaines ont déjà été prononcées contre des islamistes– surviennent dix jours après qu’Abdel Fattah al-Sissi, l’ex-chef de l’armée qui avait destitué et fait emprisonner M. Morsi le 3 juillet 2013, eut prêté son serment comme président. Il a été élu fin mai avec 96,9% des voix mais après avoir éliminé toute opposition de la scène politique, islamiste ou laïque et libérale.
– Aucune preuve, selon les avocats –
A l’énoncé des peines par le président de ce tribunal situé à l’intérieur de l’académie de police et de la prison de Tora, au Caire, les condamnés ont scandé «Allah u akbar» (Dieu est le plus grand) dans la cage grillagée qui servait de box des accusés.
Le 19 septembre 2013, en pleine vague extrêmement sanglante de répression contre les manifestants pro-Morsi menée par le pouvoir dirigé de facto par le général Sissi –promu maréchal plus tard–, un raid de policiers et soldats avait été mené à Kerdassa, un quartier populaire proche des pyramides de Guizeh, considéré comme un bastion des Frères musulmans, la confrérie islamiste de M. Morsi.
Le général Nabil Farrah, l’un des officiers supérieurs dirigeant l’opération, avait été tué d’une balle.
Parmi les condamnés à mort figurent aussi deux détenus reconnus coupables d’avoir «fondé et dirigé une organisation jihadiste takfirie en vue de s’attaquer à la police et l’armée ainsi qu’aux chrétiens», et cinq autres arrêtés, selon l’accusation, en possession d’armes et d’explosifs.
«C’est un verdict très dur qui ne reflète pas la réalité, il n’y a aucune preuve» contre les condamnés a déclaré à l’AFP l’un des avocats de la défense, Ali Abdel Fattah.
Depuis la destitution de M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte, plus de 1.400 de ses partisans ont été tués dans des manifestations, plus de 15.000 Frères musulmans ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés de «sans précédent dans l’Histoire» de l’Humanité par l’ONU.
Mais plus de 500 policiers et soldats ont péri dans le même temps dans des attentats et attaques revendiquées par des groupes d’insurgés jihadistes disant s’inspirer d’Al-Qaïda. Le régime de M. Sissi en accuse pourtant depuis le début les Frères musulmans, qui ont été décrétés «organisation terroriste».