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Dr Christophe Kouamé (président Civis-ci) : « Des électeurs ne savaient même pas qu’un référendum sur la Constitution aura lieu ce dimanche 30 octobre. »


Abidjan-28-10-16 (lepointsur.com) Sauf cataclysme, le scrutin référendaire se déroulera le 30 octobre 2016. Le camp de la majorité a investi le terrain depuis environ une semaine pour appeler les populations à voter massivement « oui » le texte soumis à référendum. De son côté, l’opposition a mené des actions sporadiques pour appeler  qui à voter « non » qui à boycotter le scrutin. Sur le terrain, en dépit des assurances des houphouestistes, quelques difficultés persistent. La société civile ivoirienne, notamment CIVIS-CI a décidé de jouer sa partition en allant vers les populations pour une campagne de sensibilisation.

 

Le message pour le "oui" du chef de l'Etat Alassane Ouattara semble n'avoir pas encore été bien perçu par une frange de la populations. Ph. Dr

Le message pour le « oui » du chef de l’Etat Alassane Ouattara semble n’avoir pas encore été bien perçu par une frange de la populations. Ph. Dr

Pour  26 localités visitées, avec  quelque 520 agents déployés et des centaines de livrets et dépliants distribués  l’association Civis-Ci (Citoyens & Participation) sillonne la Côte d’Ivoire pour expliquer aux populations les enjeux du référendum sur la nouvelle Constitution avant le vote.  Morceaux choisis de l’entretien accordé à Jeune Afrique par  Christophe Kouamé, le président de ladite association.

Dans une ambiance où l’incompréhension des populations le dispute à la  politisation des débats, il fait le décryptage des réalités du terrain qui se traduisent par la paupérisation qui va crescendo et qui préoccupe les populations qui pour certaines ne comprennent pas encore l’opportunité d’engager encore des dépenses pour une nouvelle constitution qu’elles jugent budgétivores. « Les populations en voie de paupérisation ne comprennent pas toujours l’intérêt de cette réforme. Pour elles, l’urgence est avant tout de faire en sorte qu’elles puissent manger tous les jours. Certaines ne comprennent pas non plus l’intérêt de créer un Sénat, de créer un poste de vice-président  parce que pensent-elles,  cela coûtera de l’argent, des fonds qui pourraient être investis pour lutter contre la pauvreté. D’autres électeurs rencontrés ne savaient même pas qu’un référendum sur la Constitution aura lieu ce dimanche 30 octobre. » La politisation des débats sur le terrain  est une des réalités sur le terrain avant le 30 octobre. Entre ceux qui appellent à voter « oui » et ceux du « non », synonyme du boycott voulu par l’opposition politique ivoirienne, les populations sont perplexes. Pour autant, le président de CIVI-CI pense t-il que pour un pays qui est encore divisé, le débat est très orienté politiquement. Toute chose qui n’est pas faite pour arranger les choses.

.« Nous sommes dans un pays encore divisé, le débat autour du référendum commence à être trop orienté. On dit aux populations d’aller voter « oui » pour la paix, et donc certains pensent que s’ils votent « non », ils voteront contre la stabilité, contre la paix, ce qui complique notre travail de pédagogie sur le terrain. La politisation du scrutin est trop importante et certains perdent de vue le véritable enjeu. Nos équipes ont par exemple rencontré certains électeurs qui se sont plaints d’être manipulés par les politiques pour voter « oui », « non », ou pour ne pas aller voter, et cela, sans explications. Ceux-là nous ont remerciés de les informer. En revanche, à Abobo ou Cocody, nos agents sensibilisateurs ont été pris à parti : certains meneurs opposés au référendum ont refusé que nous menions des campagnes de sensibilisation sur ce que prévoit le texte. » Face à cette situation, l’alternative qui s’offre à Dr Christophe Kouamé et ses collaborateurs c’est  de mener des campagnes de sensibilisation.

« Notre premier objectif est donc de mener des campagnes de sensibilisation dans les localités où il y a eu des conflits dans le passé afin d’avoir un référendum apaisé. Nous nous déplaçons pour faire comprendre aux citoyens qu’ils doivent exercer leur droit de vote. Notre slogan résume notre démarche : « le peuple a le dernier mot ». Une campagne de sensibilisation qui selon lui est malheureusement handicapé par un temps trop court.

« Depuis des semaines, nous avons dénoncé un délai trop court, un processus fait au pas de course, sans chronogramme (sic) politique. Si la Constitution est le contrat social qui doit régir la société ivoirienne, alors ce délai d’un peu plus de deux semaines entre l’adoption du projet par l’Assemblée nationale et le vote est un délai bien trop court pour une pleine compréhension des enjeux de cette réforme. » Entre incompréhension des populations et politisation des débats, se poursuit la campagne référendaire qui sera sanctionnée par le vote le 30 octobre 2016.

EKB

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