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Daloa/Sous-préfecture de Bédiala : Le village de Luénoufla en proie à un enclavement


lepointsur.com (Abidjan, le 27-7-2015) Luénoufla,  gros village ‘’Gouro’’ de plus 40000 habitants situé à 25 kilomètres du parc national de la Marahoué dans le département de Daloa sous-préfecture et de Bédiala souffre aujourd’hui d’un enclavement sans nom. Une situation qui empêche les populations d’acheminer leurs produits agricoles  à Abidjan.

LuénouflaLuénoufla, village essentiellement composé de populations composites est  situé dans une zone productrice de cacao, de café, d’Hévéa, d’anacarde. Outre les cultures industrielles, le village produit en grande quantité les cultures vivrières (manioc, banane, riz, légumes etc.). Mais, l’état de la route qui les lie au chef-lieu du département est quasiment impraticable. Certaines personnes même ont renoncé à tout espoir. Car, après chaque récolte, les habitants eux-mêmes sont obligés de transporter leurs produits sur des motos pour les convoyer à Daloa ou à Gonaté ville située à 30 km de Luénoufla.

Par ailleurs,  certains paysans ont décidé de vendre leurs produits à des acheteurs qui ne leur rendent visite qu’une fois dans le mois, ou même chaque trimestre. Une situation qui fait que les produits s’avarient dans les maisons. « Pour  un régime de banane qui coûte au moins à 1000f à Abidjan, nous sommes obligés de vendre ce régime à 200 F ici. Nous perdons assez. Or cette zone est une zone productrice  de cultures industrielles et vivrières. Nous faisons surtout un plaidoyer pour nos cultures vivrières qui pour la plupart pourrissent à cause du manque de camions qui ont d’ailleurs peur d’affronter cette voie. La coopérative des femmes du village se bat tant bien que mal pour produire le maximum de cultures vivrières. Mais, tous ces efforts sont anéantis par le problème d’évacuation à cause de l’état de dégradation avancé des routes. De nombreux transporteurs ont signé forfait », a fait savoir un habitant du village.

Qui a dit que la route ne précède pas le développement ?

Aujourd’hui, le seul mot qui est à la bouche des populations de Luénoufla est’’ le secours du président Alassane Ouattara’’. Car pour elles, si rien n’est fait pour eux lors de la prochaine visite du chef de l’Etat dans la Région du Haut-Sassandra, leur calvaire se transformera en un enfer. « Grâce à la détermination des braves paysans,  nous avons pu doter le village de quelques infrastructures modernes », a indiqué un autre habitant qui ne demande  que la mansuétude du chef de l’Etat.

Il est important de noter que ces infrastructures (le dispensaire, les écoles, les pompes hydrauliques, dépôt de produits pharmaceutiques, magasins, mosquées etc.) sont  en train d’en faire les frais.  Après la construction des écoles primaires publiques EPP Luénoufla 1, 2et 3, par manque de moyen financier dû à la mévente des produits agricoles à cause de l’état de dégradation des routes qui mènent vers le village, les populations ont préféré construire une école de fortune, l’EPP Luénoufla 4.

«Ici à l’EPP Luéoufla 4, les élèves suivent les cours sous ce  grand hangar de fortune construit par la communauté villageoise pour combler le déficit de salles de classes. Pendant la saison des pluies, tous les élèves de ces classes d’au moins de 32 élèves chacune sont contraints à rester à la maison en attendant la fin de la saison des pluies. Car à la moindre goutte de pluies nous ramassons les tables-bancs pour les  garder dans les autres bâtiments de l’école », a déclaré M. Antonio le directeur de la coopérative ‘’Keman’’ des femmes de Luénoufla. Le triste constat que l’on fait aussi dans ce village de plus de 40000 habitants, c’est que le village manque de collège de proximité.

Et pourtant, Luénoufla est un centre d’examen au CEPE et à  l’entrée en sixième. Le nombre  d’élèves augmente d’année en année. « Nous sollicitons l’aide de la ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement technique. Le village a besoin d’un collège afin que nos enfants puissent fréquenter auprès de leurs parents.  Le village est grand. Nos enfants fréquentent loin de nous. Que les autorités  gouvernementales nous viennent vite en aide », a exhorté un autre villageois.

Seulement deux pompes hydrauliques servent tout le village  

Incroyable mais vrai. Le village de Luénoufla est plus grand que beaucoup de villes du pays. Tous les visiteurs se posent la question de savoir pourquoi ce village est resté longtemps sans infrastructures modernes tels qu’un château d’eau, un collège etc. Le constat est patent à Luénoufla. Incontestablement les populations vivent  un vrai calvaire. Dans les temps jadis, le village possédait 5 pompes hydrauliques. Aujourd’hui, seulement deux de ces pompes fonctionnent.  Une est réservée pour les fonctionnaires du village (instituteurs, infirmiers, vétérinaires, agents de la gendarmerie nationale, agent  des eaux et forêts etc.)  Et l’autre pompe est réservée à tout ce village de plus de 50.000 habitants.

Imaginez-vous le nombre de personnes qui affluent vers ce seul point d’eau pour s’approvisionner en eau. Les petites escarmouches autour de ce seul point d’eau ont endommagé la pompe. Le samedi 4   juillet dernier, nous avons trouvé sur place des mamans en train de tirer l’eau à l’aide d’une corde. La pompe n’existe plus. On peut dire que c’est un gros puits qui sert tout ce gros village. Indéniablement, les populations sont exposées aux maladies hydriques  telles que le choléra, la diarrhée, la dysenterie etc.

« C’est ce gros puits qui alimente en eau tout le village. Nous sommes obligés tous les jours d’attendre dans de longs rangs de 17 heures jusqu’à 7 heures du matin le lendemain pour espérer avoir une bassine d’eau pour la préparation et la toilette. Nous dormons à la  belle étoile ici tous les jours », a ajouté Dame Koné Karidja, Présidente de la Coopérative des femmes du village. La ville s’agrandit, mais les infrastructures sont insuffisantes. Le grand marché est géré par le Conseil régional. Par ailleurs, la Construction de la grande mosquée du village tarde parce qu’il n’y a personne pour financer les travaux.

Cette mosquée de 40 mètres sur 30 mètres ne demande qu’un financement. « C’est avec nos maigres moyens et l’aide d’un opérateur économique du nom de M. Tiboué Bi que nous avons débuté la construction de la mosquée. Nous sommes à bout de souffle. Nous souhaitons que le Président Alassane Ouattara vienne nous rendre visite lors de sa prochaine visite à Daloa », a indiqué l’Imam Fofana. Quant au dispensaire, l’évacuation des malades vers Daloa est un véritable casse-tête. « Par manque d’ambulance, nous sommes obligés d’évacuer des malades sur des motos ou dans des tracteurs.  Pour les cas critiques surtout au cours de l’accouchement, certaines femmes meurent en route. Sinon, nous n’avons pas de problème de  médicaments. On nous ravitaille. Il n’y a pas aussi de pharmacie pour ce gros village. L’état de la route qui nous relie au chef-lieu est inquiétant », a déclaré l’Infirmier chef du village.

« Luénoufla est un bon exemple de réconciliation. Nous n’avons pas connu de crise postélectorale ici à cause de l’entente qui prévaut entre les populations qui cohabitent en parfaite harmonie. L’enrôlement sur le listing électoral se déroule bien. Nous apprécions les actions du chef de l’Etat. Ce village compte plus de 40000 habitants. Les uns et les autres sont prêts à offrir leur voix au Président de la République pour son engagement et  pour le bien-être des populations ivoiriennes. Pour sa prochaine visite à Daloa, nous allons lui réserver un accueil chaleureux car Luénoufla est prêt à lui offrir un  large suffrage au premier tour de l’élection présidentielle d’octobre 2015 », a soutenu le chef de terre.

Enquête réalisée par Fofana Zoumana, La Matinale

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