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Côte d’Ivoire/Drame à Bouaké : Toute la vérité sur cette folle journée #Bouaké


Bouaké, 23-05-2017 (lepointsur.com) A peine le deuil de leur camarade Diawara Youssouf achevé, que les ex-combattants de la cellule 39 ont remis le couvert le mardi 23 mai 2017 à Bouaké. La veillée d’armes organisée sur la chaussée du corridor Sud, dans la nuit du lundi  22 au mardi 23 mai 2017, a été dispersée à coups de gaz lacrymogène et d’armes à feu par les forces régulières.

Le bilan de l’émeute a fait au moins 3 morts  et  une quinzaine de blessés dans le rang des démobilisés et 3 dans celui des forces régulières. Qui ont été aussitôt évacués au Centre hospitalier universitaire de Bouaké.

Le récit d’une folle journée

Tout a commencé ce mardi, à 7 heures du matin. En effet, de fortes détonations  de gaz lacrymogène et d’armes à feu  se font entendre du côté du corridor Sud. Nous nous rendons alors sur les lieux pour toucher du doigt la réalité.

Sur place, nous apercevons  une forte présence de la Brigade Anti Emeute, de la Compagnie Républicaine de Sécurité, du Groupement Mobile d’Intervention, du Centre de Commandement et de Décisions Opérationnelles et de militaires venus expressément disperser les manifestants. Ayant buté sur l’accès dudit corridor, nous mettons le cap sur  le Centre Hospitalier Universitaire où des dizaines de blessés sont admis.

Parents et amis des victimes sont consternés. Nous pouvons identifier les rescapés du drame à travers leurs vêtements imbibés de sang. Aux environs de  13 heures, une source médicale  nous annonce un bilan de 4 morts et une quinzaine de blessés. Avant d’indiquer que le nombre des blessés n’est pas exhaustif. Puis d’ajouter : « De peur de subir la répression des gendarmes présents dans l’établissement, plusieurs blessés ont  refusé  d’y recevoir des soins.»

Un responsable des démobilisés raconte les faits  

Rencontré quelques heures après la répression, Diomandé Mégbè, Porte-parole des ex-combattants de la cellule 39 relate les circonstances du drame. « Après l’enterrement de notre camarade hier lundi, au cimetière, nous avons convenu de nous retrouver au corridor Sud pour un sit-in. Ce qui a été suivi par l’ensemble de nos camarades. Nous avons passé la nuit avec les forces de l’ordre à cet endroit. Au petit matin, nous avons reçu la visite de certains militaires qui nous ont demandé de libérer le corridor au risque de nous gazer. Ce que nous avons refusé. Nous  souhaitions  avoir un interlocuteur, soit le Ministre de la Défense, soit le chef d’Etat major, voire  le Président de la République. Ils nous ont alors fait savoir que notre doléance sera transmise à qui de droit. Face à notre refus de libérer le site,  les forces de sécurité  ont commencé  à préparer  leurs armes. Je leur ai demandé ceci : donc vous voulez vraiment nous gazer ? Ils ont répondu qu’ils nous ont assez avertis et que nous refusons d’écouter. Je leur ai dit de me laisser  juste le temps d’aller parler à mes camarades.  Mais avant que je ne donne dos, ils ont commencé à nous lancer des gaz lacrymogènes pour nous disperser. Quelques temps après, nous sommes revenus sur notre position. Et c’est à cet instant là, qu’ils ont à nouveau  ouvert  le feu. Certains parmi eux, ont même lancé des grenades. Nos camarades ont riposté en la récupérant pour relancer l’assaut dans le camp adverse. C’est dans cette tentative que la grenade a explosé dans leurs mains faisant des victimes notamment des morts », a-t-il témoigné.

Affecté par ce drame, Diomandé Mégbè dit être tout de même  disposé à poursuivre le dialogue avec les autorités, pour une sortie définitive de crise.

Il soutient avoir reçu un coup de fil d’un membre du Directeur de cabinet du ministre de la Défense les exhortant à surseoir à tout mouvement d’humeur et à s’inscrire résolument sur la voie du dialogue.

A en croire Diomandé Mégbè, le collaborateur du Ministre Alain Richard Donwahi  a promis une rencontre avec eux, dès la fin du Conseil des ministres. Soulignons  que ces événements ont encore une fois paralysé la ville de Bouaké. Occasionnant la fermeture de toutes les banques.

Des démobilisés  toujours en cavale…

La répression des ex-combattants démobilisés a créé l’émoi au sein de la cellule 39. Traqués par les forces régulières, des manifestants auraient  quitté la ville pour des villages environnants.

Simon Debamela, correspondant

 

 

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