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[Côte d’Ivoire Reportage] Vers de nouvelles technologies chirurgicales à l’institut de Cardiologie d’Abidjan (vidéo)


Grâce au plateau technique adapté de l’Institut de cardiologie d’Abidjan (ICA) et à la qualité des ressources humaines, ce service peut, désormais faire, face aux nouvelles technologies chirurgicales. Reportage…

Depuis quelques jours, Dr Akougbé Lamine, pharmacien, responsable d’étude clinique en France pour le laboratoire COOK Medical, conduit le projet d’une mission humanitaire qui prendra en compte six malades économiquement faibles à l’Institut Cardiologie d’Abidjan (ICA) du CHU de Treichville, pour des opérations endovasculaires pointues. Le vendredi 3 mai 2019, nous avons constaté que depuis jeudi 2 mai, trois patients avaient été opérés avec succès, pour des opérations qui continueront jusqu’au 13 du mois.

Suite à un accident de circulation le 7 mars 2018, après lequel une opération du cœur s’imposait au sexagénaire Krouman Konkou (son nom d’emprunt) ne subira pas l’ancienne chirurgie conventionnelle qui durait 4 à 5 heures d’opération (selon la complication de la pathologie). Il ne restera pas, non plus, dans le coma pendant un mois avant de retrouver une vie normale entre 6 mois à 1 an, selon Prof Anderson Amani de l’ICA. Mieux, il ne fera pas une dépense d’environ 30 millions FCFA dans un hôpital en France.

Un jour après son opération, Krouman Konkou ‘’se sent déjà mieux’’

Il fait partie des six patients de la mission humanitaire médicale dont trois ont subi une opération endovasculaire pointue, comme cela se pratique en France (Europe), et déjà en Afrique du Sud et au Maroc (en Afrique). 

De sa chambre d’hospitalisation N°216, 24 heures après son opération, vendredi 3 mai dans l’après-midi, Krouman Konkou parle d’une voix robotique à cause de la prothèse, mais se sent déjà mieux. « Je me sens très bien, jusqu’à présent je ne sens aucun effet », a affirmé le patient. Une opération réalisée gracieusement avec les prothèses offertes par le laboratoire Cook Médical dont le coût ‘’minimum’’ est de 4.5 millions FCFA.

À ce jour, explique le responsable d’étude clinique en France pour le laboratoire COOK Medical, les nouvelles techniques de chirurgie mini invasive qui existent depuis plus de 25 ans aux États-Unis et en Europe, le chirurgien fait une incision de 4 à 5 cm au pli de l’Aisne et à partir de l’artère fémorale en insérant l’endoprothèse jusqu’au niveau de l’aorte. « Par un système de parapluie, on déploie la prothèse afin que le sang circule uniquement au niveau de cette prothèse et cela permet de diminuer l’anévrisme du patient.  Cette technique chirurgicale dure 1h en moyenne et le patient, le même jour est réveillé et peut rentrer à son domicile en une semaine. »

Tout comme le sexagénaire, deux autres patients ont eu la chance d’être opérés gracieusement, et trois autres sont en attentes d’être opérés dans les mêmes conditions. « Cette mission est plus que la venue d’un messie pour nous », s’est réjoui le patient.

Un plateau technique adapté. Pour la première fois en Côte d’Ivoire, grâce au plateau technique adapté de l’ICA et la qualité des ressources humaines dans ce service, selon Dr Afif Ghassani, chef de service du Groupe hospitalier régional, Mulhouse Sud-Alsace (France), l’équipe de l’ICA conduite par Prof Anderson Amani et lui ont réalisé la technique d’endoprothèse sur trois patients qui vont très bien.

Dr Afif Ghassani tenant entre ses mains une prothèse

Bien que travaillant en France, Dr Ghassani qui est né en Côte d’Ivoire, veut faire bénéficier ce transfert de compétence sanitaire à son pays de naissance. Et aussi faire éviter le coût élevé des soins ainsi que les longues heures d’opération et le coma qui s’ensuit. « Actuellement, en Afrique de l’Ouest, le seul moyen de traiter ces patients est de partir en France, en Afrique du Sud ou au Maroc,  pour bénéficier de cette chirurgie où le coût moyen du kit est de 30 millions FCFA », révèle-t-il.

Pour Prof Anderson Amani, c’est une opportunité à saisir par l’État de Côte d’Ivoire qui a fait d’énormes investissements pour l’équipement de son plateau sanitaire nécessaire pour ce genre d’intervention. « Les laboratoires qui fabriquent ces prothèses et qui n’avaient pas l’habitude de travailler avec la Côte d’Ivoire peuvent nous faire confiance », indique-t-il. Il assure, par ailleurs que cette collaboration ne doit pas s’arrêter à ces patients, mais elle doit être continuelle, afin de traiter bon nombre de patients dans les établissements de l’Institut de Cardiologie en Côte d’Ivoire.

Dans une vidéo qu’il a mise à notre disposition, Dr Akougbé Lamine explique le traitement d’une dissection aortique par endoprothèse. Le film commence par la mise en place d’une endoprothèse aortique qui est effectuée dans une salle d’angiographie comportant un arceau, une table électronique et des écrans. L’opération est faite par les professeurs Ghassani Afif et Anderson H Amani : « Dans la vidéo, on voit le sang oxygéné qui circule sur toute la paroi de l’artère, et lorsqu’il y a une déchirure de cette aorte (due à l’hypertension artérielle ou un accident de la route) le sang va également circuler au niveau de cette déchirure et faire augmenter la dilatation. Cette dilatation peut rompre et créer une hémorragie interne et le décès du patient. Avec cette technique d’endoprothèse que l’on insère au niveau de l’artère fémorale on déploie cette prothèse qui va recréer l’anatomie de l’aorte et permettre au sang de circuler uniquement au niveau de l’aorte et exclure l’anévrisme.»

Les dernières statistiques de l’OMS du 4 mars 2017, parlent de pandémie et indiquent qu’il peut y avoir une augmentation de l’incidence des AVC, passant de 16 millions en 2005 à 23 millions en 2030. Selon ces mêmes statistiques, les maladies cardiovasculaires (l’hypertension artérielle, le tabac, l’obésité et le diabète) sont responsables de 17.3 millions de décès dans le monde.

Cette nouvelle technologie chirurgicale est une opportunité à saisir, même si à la longue, les prothèses ne seront pas livrées gracieusement aux patients.

Sériba Koné

kone.seriba67@gmail.com

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