Le maire sortant de Lakota, Samy Merhy (candidat indépendant), n’a pas laissé une seconde d’observation à son adversaire de la coalition politique du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), Kouyaté Aboulaye, le dimanche 16 décembre 2018, lors de la reprise du vote. Il l’a battu avec plus de 900 voix.

La campagne du maire sortant s’est achevée par sa victoire dans les urnes

La campagne du maire sortant s’est achevée par sa victoire écrasante dans les urnes. Les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI) à l’issue du scrutin du 16 décembre 2018, donne Samy Merhy vainqueur avec 4711 voix, soit 55,27% contre Kouyaté Aboulaye 3717 voix, soit 43,61%. Ce, avec un taux de participation de 28,21% pour 8779 votants sur 22 978 inscrits sur la liste électorale. M. Merhy a donc battu son adversaire de 994 voix de différence.

C’est la mort dans l’âme que le superviseur du Rhdp, Sidiki Konaté qui a sillonné la majorité des bureaux de vote, lors des élections municipales partielles dans la commune de Lakota a reconnu la défaite de M. Kouyaté. « Lakota/ Résultats des élections municipales. Le candidat du RHDP a malheureusement perdu. Merci à toute cette brave population qui a cru au candidat Kouyaté et qui s’est engagée profondément dans cette campagne très très difficile. Merci à Dieu pour ces moments de partage, de mobilisation et de rêve ‘brisé’. Bravo cher frère Kouyaté pour ta force morale. Tu demeures avec ton électorat le vrai socle du RDR et du RHDP dans la commune du Lakota malgré…En Dieu nous croyons ». Tel est le propos du superviseur du Rhdp sur sa page Facebook officielle.

« Moi, je tenais à mettre KO mon adversaire dans les urnes. Grâce aux populations qui m’ont toujours fait confiance, nous avons mené ensemble un combat noble jusqu’à la victoire finale », a indiqué pour sa part, le candidat élu à sa propre succession Samy Merhy

On serait à un combat de boxe, qu’on qualifierait cette reprise de second round. Le coup a été fatal pour M. Kouyaté. Malgré la coalition politique au pouvoir acquise à sa cause qui a déployé de hautes personnalités et les moyens matériels contre celui que les populations de Lakota appellent affectueusement, ‘’Le Champion’’, le candidat du Rhdp est tombé.

En fait, tous les problèmes des candidats du Rhdp sont connus. Ils tirent leurs origines dans cette quête d’honneur. Tous ces ministres qui ont abandonné le boulot pour lequel l’argent du contribuable les paie pour aller s’investir dans une « petite élection locale » et faire plaisir au chef.

Certains doivent être tenus pour responsables de trouble à l’ordre public. Comment peuvent-ils tenir un langage comme : « Le candidat du Rhdp est avec Alassane, il le rencontre tous les jours, donc vos problèmes seront réglés, s’il est élu.»

C’est ridicule parce que la majorité des élus locaux qui ont été votés sur cette base, au sortir de la crise sans aucun projet de société en utilisant le nom d’Alassane et de Bédié (en son temps). À ces élections plusieurs d’entre eux ont été battus. C’est un disque qui est rayé, en plus ce n’est pas un langage rassembleur. C’est un langage de division. Que ce soit Alassane Ouattara ou un autre, il l’élu du peuple, il doit faire face au développement de toutes les autres régions à travers les maires et les conseils régionaux.

Lakota présentait un visage de peur

Pour la sécurité, rien n’a été laissé au hasard. Plusieurs unités des forces de l’ordre ont été déployées sur le terrain pour pallier d’éventuelles violences d’où qu’elles devraient venir. Car, le 13 octobre 2018, cette partie de la Côte d’Ivoire a présenté un visage violent avec des saisies d’armes à feu, des gourdins et des armes blanches. Conséquence : un mort, plusieurs blessés, des urnes cassés et des véhicules de transport du maire sortant, incendiés. Il a dû son salut par sa garde rapprochée qui l’a exfiltré de la Commune.

Le samedi soir Sourou Koné, le vice-président de la Commission électorale indépendante (CEI), chargé des opérations électorales indiquait au journal télévisé de 20 heures (heure locale) de la Radiodiffusion télévision ivoirienne ( RTI, service public) que l’institution allait porter plainte contre tous les fauteurs de troubles.

« Nous aurions voulu que sur l’ensemble du territoire, ces élections se passent dans la convivialité. Malheureusement, nous avons eu un deuil à Lakota. Mais, la CEI saura prendre ses responsabilités. Nous déposerons des plaintes partout où il y a eu des casses. Nous ne pouvons pas accepter que des citoyens se fassent justice car quand il y a des élections, il y a des voies légales de recours », a rassuré M. Koné.

La suite a coulé de source. La chambre administrative de la Cour suprême a rendu son verdict , le vendredi 23 novembre suite aux recours de plusieurs maires dont celui de M. Merhy. Au regard des preuves, les élections ont été invalidées et reprises à Lakota.

Rien n’était gagné d’avance pour M. Merhy qui était en face d’une grosse machine politique, seul contre ses alliés d’hier. La peur avait gagné une population qu’il fallait sensibiliser, mobiliser avec des mots allant dans le sens de la paix et de l’union, ainsi que la promotion des réalisations effectuées.

« Je ne sais pas si je vais sortir le dimanche, parce que pour de simples élections municipales, des gens tuent froidement et blessent à Lakota », s’inquiétait dame Gnali Pauline à Dahiri.

Au nom du conseil municipal de Lakota, le candidat indépendant avait saisi la CEI locale au sujet d’un grave conflit d’intérêts. « En effet, Monsieur Abdoulaye Kouyaté, chef de cabinet de Madame la ministre de l’’Éducation nationale, délégué départemental du RDR et actuel député de Lakota, est également candidat à l’élection municipale pour un cumul avec ses fonctions sus-énumérées… En sa qualité de chef de cabinet de la ministre de l’Éducation nationale, il est donc le supérieur hiérarchique des enseignants que la CEI a coutume d’investir comme présidents et assesseurs de nos bureaux de vote », interpellait-il.

Malgré les intimidations, les menaces le scrutin du 16 décembre s’est bien déroulé à Lakota où ‘’Le Champion’’ a fait une démonstration de force des grands jours.

Kpan Charles

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