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[Côte d’Ivoire/Election présidentielle 2020] Vers la fin des troubles sociopolitiques ?


Abidjan, 22-10-2020 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo. #Electiontour Le pouvoir ivoirien a fait un pas en acceptant la recomposition de la commission électorale indépendante. Et surtout en envisageant la rencontre entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Le dialogue que nous appelons de tous nos vœux est possible dans ce pays.

Tout est possible en Côte d’Ivoire

Une ligne a bougé. Le gouvernement a cédé sur la composition de la commission électorale indépendante. « La restructuration de la CEI avec une personnalité supplémentaire pour l’opposition et un poste de vice-président pour le PDCI-RDA ainsi que la recomposition des CEI locales ». Cet arrangement était dans les bacs depuis le voyage-éclair du président Henri Konan Bédié à Accra le 13 octobre 2020. Le 16 octobre 2020, le candidat du RHDP en campagne à Bouaké, avait été formel: « Je voudrais que les gens arrêtent de rêver. Il n’y aura pas de changement de CEI. Il n’y aura pas de changement du conseil constitutionnel. Il n’y aura pas de changement de la date de la constitution. Il n’y aura pas de transition ». Une semaine plus tard, le gouvernement donne des gages. La CEI ne change pas comme l’exigeait l’opposition (elle demandait même sa dissolution) mais la composition, oui. Le nombre de commissaires passe avec la décision du gouvernement, de 15 à 17 membres. Le pouvoir aura désormais 3 représentants, l’opposition, 5, la société civile, 6 et l’administration, avec le président de la CEI, 3.

Pour ce qui concerne les commissions locales, la coalition au pouvoir détient 529 postes de présidents contre 20 pour l’opposition composée des groupements politiques de l’Alliance des forces démocratiques (AFD), du Groupement des partenaires politiques pour la Paix (GP-Paix), l’Alliance des Ivoiriens pour la démocratie-Union des masses populaires (AID-UMPP) et de la Ligue des mouvements pour le progrès (LMP).

Quant à la vice-présidence de ces commissions électorales locales, l20 postes contre 524 pour l’opposition et 05 postes pour l’administration territoriale.

L’arrêt de la CADHP

Sans en donner l’air, le gouvernement est en train d’appliquer l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) relatif à la recomposition de la CEI. « La Cour a noté le déséquilibre manifeste du nombre de présidents de Commissions électorales locales proposés par le parti au pouvoir. En outre, elle a souligné l’absence d’un mécanisme garantissant que le processus de nomination des membres de l’organe électoral par les partis politiques, notamment les partis d’opposition et les OSC, soit piloté par ces entités ».

Le refus de l’opposition de discuter avec le gouvernement

L’opposition, invitée par le gouvernement ce mercredi 21 octobre 2020 avait décliné l’offre. « Dans l’attente de la médiation engagée par la CEDEAO dont le cadre de discussion est en finalisation, nous déclinons notre participation à toute rencontre avec le gouvernement se rapportant à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 ». En l’absence des candidats Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’guessan, mais en présence des représentants de la CEDEAO, le gouvernement a fait un geste d’apaisement. Maintenant, tout le monde regarde du côté de l’opposition. Pas de réaction officielle. Cependant selon des sources autorisées, elle attend d’être saisie officiellement par la CEDEAO de la décision du gouvernement avant d’aviser.

“ Un cas de force majeur en appelle un autre. Le président sortant, Alassane Ouattara a évoqué un cas de force majeur pour revenir sur sa décision de ne pas se porter candidat. L’opposition peut bien lui opposer le cas de force majeur pour l’intérieur du pays pour mettre sur la table, la demande du report de l’élection présidentielle et sauver le pays des tensions politiques.’’

Trois cas de figure se présentent à l’opposition

À 9 jours de la présidentielle du 31 octobre 2020, quel profit peut être tiré de ce coup de sombrero politique du pouvoir ? Il a décidé selon son calendrier propre. Mettant du coup l’opposition dans l’embarras. Aux yeux de la communauté internationale, Alassane Ouattara donne un signal d’ouverture. Par cet acte et surtout sa disponibilité à rencontrer le président du PDCI-RDA, il veut montrer qu’il n’est pas fermé au dialogue et n’est pas opposé à la participation de ses adversaires politiques au scrutin. Puis, il tente ainsi d’appâter les opposants, les diviser même.

Trois cas de figure se présentent ainsi à l’Alliance non idéologique.

1- L’opposition demeure intransigeante

2- Elle décide de faire contre mauvaise fortune, bon cœur

3- Le parti au pouvoir, sous la pression internationale, accepte le report de la présidentielle dans les limites constitutionnelles.

Dans le premier cas, elle décevrait bien la CEDEAO et la communauté internationale. Dans le deuxième cas, elle se mettrait ses partisans les plus intransigeants à dos. Dans le troisième cas, elle réussirait le coup parfait pour se réorganiser et se donner les moyens de se battre à armes égales avec le pouvoir. Un cas de force majeur en appelle un autre. Le président sortant, Alassane Ouattara a évoqué un cas de force majeur pour revenir sur sa décision de ne pas se porter candidat. L’opposition peut bien lui opposer le cas de force majeur pour l’intérieur du pays pour mettre sur la table, la demande du report de l’élection présidentielle et sauver le pays des tensions politiques.

Tout est désormais possible dans ce pays. Il ne faut rien exclure. Et puis, il faut encourager et saluer toutes les initiatives qui favorisent le dialogue entre Ivoiriens.

Encadré/Tensions Politiques: « Allons à Dabou »

“On fait la politique pour vivre. Pour développer le pays. Améliorer les conditions de vie des populations.’’

La tension a baissé d’un cran à Dabou. Les villages sont restés sur le qui-vive toute la nuit. Les comités d’auto-défense ont veillé. Mais la nuit a été plus calme. Le gouvernement a décrété un couvre-feu. Les forces de l’ordre présentes dans la ville. La journée était encore tendue hier, les guerriers sont sortis, la colère était perceptible mais les choses se calment. On va maintenant procéder aux décomptes macabres. Évidemment, après 48 h de violences, le bilan est très lourd. En termes de personnes décédées, de blessés et des destructions de biens et pillages des maisons. Les autorités auront le temps de donner les chiffres exacts. Pour l’heure, il faut espérer le retour au calme se confirme totalement, les cœurs s’apaisent et les médiations en cours, aboutissent. Et que les populations retrouvent la quiétude.

“On va maintenant procéder aux décomptes macabres. Évidemment, après 48 h de violences, le bilan est très lourd.’’

À Jour J-9 du premier tour de la présidentielle 2020, tout reste possible. La preuve, le gouvernement a accepté la recomposition de la commission électorale indépendante. Alors que tout semblait indiqué un impossible accord sur le sujet, au regard des prises des positions publiques des leaders politiques. Maintenant, le mécanisme est enclenché sous l’égide de la communauté régionale et il est possible que les différents points de divergences fassent rapidement l’objet d’accord. Chaque partie doit maintenant avoir conscience de sa responsabilité et avancer à visage découvert. Dans l’intérêt du pays, il faut laisser la porte du dialogue constamment ouverte. On fait la politique pour vivre. Pour développer le pays. Améliorer les conditions de vie des populations.

Il faut faire attention aux discours des hommes politiques. Ils ressemblent très souvent à ceux des entraîneurs des équipes de Sport avant les matches : rassurants, sereins, souvent même, minimisant les forces de l’adversaire. La réalité du terrain s’impose aux techniciens.

Le candidat du RHDP poursuit sa campagne. Il sera dans la capitale de l’Indénié ce jeudi 22 octobre. Pas de meeting : rencontre avec le Roi, rencontre avec les chefs coutumiers et les guides religieux et les cadres du Grand Est. Programme du candidat Kouadio Konan Bertin, non parvenu.

Ecrit par le journaliste indépendant, Fernand Dédeh

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