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La Côte d’Ivoire, le défi du pardon à l’épreuve du repenti!


CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 9-6-2017) Les crises successives qu’a connues la Côte d’Ivoire depuis le décès du père fondateur en 1993 ont fini par diviser les populations. Le clou de ces crises a été la crise postélectorale de 2010 qui a fait selon un bilan officiel plus de 3000 morts. Si certains accusent l’ex-président Laurent Gbagbo d’avoir voulu s’accrocher au pouvoir, plusieurs pointent du doigt la rébellion et ses soutiens. Dans une ambiance aussi délétère, se pose désormais la question de la succession en 2020. Le thème central de la campagne sera sans aucun la réconciliation.

Si au début de la mandature du président Alassane Ouattara, en 2011, la réconciliation devait respecter l’exigence de la justice, aujourd’hui des voix se lèvent pour prôner le pardon qui devra sceller la réconciliation. L’ex-ministre des Sports et député de Fresco, Alain Lobognon, se fait l’écho de cette mouvance inspirée par le président de l’Assemblée Nationale Guillaume Soro. « Osons le pardon et la réconciliation », avait lancé ce dernier.

Le pardon et la réconciliation sont deux actions louables et souhaitables au vu des conséquences des crises successives sur les populations ivoiriennes. Les différents acteurs de ces crises ont pour la plupart demandé pardon au peuple pour leur rôle supposé ou avéré; mais le constat est que personne n’a réellement endossé la mort des milliers d’ivoiriens. Mieux, plusieurs se sont dits prêts à reprendre les armes si les mêmes « causes » se représentaient. Alors faut-il vraiment envisager le pardon uniquement sous l’angle du pardon ou faut-il aller plus en profondeur pour exiger des acteurs politiques des dernières décennies le « repentir ». Le repentir comme nous l’enseigne la Bible et le Coran est l’acte de regret et de renonciation aux actes jugés immoraux, condition pour recevoir le pardon divin. Pardon divin qui scelle la réconciliation avec le créateur. Peut-on légitimement parler de pardon et de réconciliation sans sincère repentir? Ne faut-il pas craindre que ce slogan ne soit que vains mots pour une fois de plus conduire le peuple vers un destin tumultueux, une fois les objectifs non atteints?

Nous pensons objectivement que les Ivoiriens en général et les politiques en particulier doivent repenser la problématique de la réconciliation. Il faut la dissocier des ambitions personnelles politiques pour l’inscrire durablement dans le mode de vie des Ivoiriens. Il faut inviter les acteurs politiques ivoiriens à reconnaître dans les détails leurs responsabilités dans la crise ivoirienne. Chacun, tout bord politique confondu, devra se repentir devant la nation de son rôle dans la souffrance des Ivoiriens. Cette campagne de repentir pourra prendre plusieurs formes. Sans repentir sincère, le pardon ne pourra pas conduire à la réconciliation tant espérée.

« Osons le repentir pour que le pardon et la réconciliation s’ancrent profondément dans la vie des Ivoiriens qui n’ont que trop souffert de l’égoïsme des hommes politiques ».

Une contribution d’Ahmed A. Traoré

Président du Club Ivoirien Nouveau

 

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