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#CIV Polémique autour de la limitation des terres à Ouréguékaha/ Plus de mille âmes entre doute et espoir


Abidjan, mardi 2-6-15 (lepointsur.com)-La descente musclée des hommes du capitaine, Amankou  des Eaux et forêts de Katiola , mercredi 4 juin 2014, avec des éléments de la gendarmerie pour détruire des champs de maïs, d’arachides, d’anacardiers etc. sur les parcelles de terre des populations  de pluq mille âmes de Ouréguékaha, village situé  à 36 km de Katiola et à 26 km de Niakaramadougou (Niakara) sur l’axe Katiola-Niakara  est une hantise pour les  paysans. Ce jeudi 21 mai 2015, au moment de l’arrivée de notre équipe de reportage, les villageois sont encore sous le choc.

Reportage : Plus d’un an, après la descente musclée des agents des Eaux et forêts dans leurs plantations/ Environ mille âmes luttent pour leur pitance quotidienne à Ouréguékaha

Quelques victimes ayant témoigné à notre passage à Ouréguékaha (S.K)

Quelques victimes ayant témoigné à notre passage à Ouréguékaha (S.K)

Les yeux hagards, les  regards interrogatifs, les voix tremblotantes comme si c’était hier, les  quelques villageois de  mille âmes que compte le village de Ouréguékaha, à 36 km de Katiola et à 26 km de Niakaramadougou (Niakara) sur l’axe Katiola-Niakara qui ont été victimes de la barbarie des hommes du capitaine Amongoua des Eaux et forêts de Katiola d’alors, ont du mal à expliquer ce qui leur est arrivé. Il est plus de 8 h GMT, ce jeudi 21 mai 2015, quand certains paysans acceptent de se prêter à nos questions, avant de prendre la piste qui mène à leurs plantations, la peur au ventre pour planter quelques cultures pérennes afin de garantir la pitance quotidienne et la survie de leurs familles. « Nous avons du mal à expliquer ce qui nous est arrivé, quand des  hommes en tenue sont venus détruire nos récoltes et brûler nos cases en juin 2014. C’est la peur au ventre que nous nous rendons au champ afin de cultiver du maïs, du riz etc. pour nourrir nos familles, » indique Coulibaly Nangbogo, l’une des victimes du passage musclé des éléments des Eaux et forêts.

Une vue de case incendiée (Photo d'archives)

Une vue de cases incendiées (Photo d’archives)

Cette assertion est soutenue par Touré Emmanuel qui a assisté passif à la destruction de 5 hectares de ses champs composés de cultures pérennes et de rentes et des sévices subis par ses pairs. « Nous avons été battus, nos cases incendiées, nos poulets ont été tués et certains emportés, ainsi que des sacs d’ignames, par les agents de la Sodefor. Certains ont même été soumis à des séances de pompes avant de ramper, » se souvient-il. Un an après, c’est toujours la désolation totale chez les populations qui ne peuvent plus cultiver les champs dans lesquels, ils travaillent depuis des décennies. Le comble, c’est que les populations ne pouvaient plus faire de projections quant à la rentrée des classes 2015-2016. L’Etat va-t-il détruire les plantations de cultures pérennes existantes ou vont-elles les garder comme droit acquis ? Telle est la question  majeure que se posent les populations et  dont les conséquences se font sentir au quotidien, depuis la descente musclée des hommes du capitaine Amongoua  des Eaux et forêts de Katiola d’alors, mercredi 4 juin 2014, avec des éléments de la gendarmerie pour détruire les champs de maïs, d’arachides, d’anacardiers etc. des paysans.

Le témoignage des femmes qui aident leurs époux pour subvenir aux besoins quotidiens de la famille par la vente des cultures vivrières, tels que l’oignon, le piment, les arachides, le maïs etc. achève de convaincre que la galère et la misère sont en train de prendre forme, bien plus de  s’installer déjà dans ce gros village. « Tout est devenu difficile. On ne peut pas aller dans nos champs pour cultiver et faire face aux charges de la cuisine ainsi que ceux de nos enfants à qui on doit remettre des pièces de monnaie  pour se rendre à l’école, » argumente Mme. Ouattara Biba, qui ne comprend rien du découpage administratif qui fait qu’à ce jour,  les limites des terres villageoises et celles dites protégées posent problème.

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L’une des plantations de maïs détruites (Photo d’archives)

En effet, loin d’être des clandestins, les populations du village de Ouréguékaha sont conscientes qu’ils ont un problème de

Une vue des victimes (Ph: Archives)

Une vue des victimes du mercredi 4 juin 2014 (Photo d’archives)

règlement d’un contentieux avec l’Etat de Côte d’Ivoire depuis la relocalisation de leur village sur l’actuel site à la faveur de la fête tournante de l’indépendance de 1979, parce que ce même Etat va reprendre ses droits sur les terres protégées. De  fait, c’est à la faveur de cette fête à Katiola, que le village a vu le jour en se rapprochant de la route sur proposition des cadres de la région, notamment les Généraux Ouassénan Koné et feu Thomas d’Aquin. Sans le savoir, les populations délocalisaient leur village d’une zone déclassée à une autre reconnue par les autorités administratives et politiques comme étant de la forêt classée du Kobo. Un parc et réserve d’une superficie de 16.000 ha où les populations vont ériger plus tard différentes sortes de cultures, un sujet qui continue d’alimenter les débats et de susciter des craintes à tous les niveaux.

16000 ha de forêt au centre du litige

Face à cet épineux problème administratif, et suite à l’annonce du gouvernement de « déguerpir » les populations des forêts classées, le président de la Mutuelle pour le développement de Ouréguékaha (Mudo), Atioumounan Touré et certains cadres du village de Ouréguékaha vont entreprendre des démarches auprès de l’administration ivoirienne. Au terme de plusieurs rencontres avec les autorités politiques et administratives, la Mudo va faire une proposition à la Direction du centre de gestion de la Sodefor de Bouaké par courrier, en date  du 9 juin 2013. « J’ai l’honneur de vous transmettre à travers le rapport ci-joint la proposition de solutions des populations relative au règlement définitif du contentieux né de la relocalisation de Ouréguékaha dans la forêt classée du Kobo, » indique la correspondance signée de M. Atioumounan Touré.

Le chef du village,Touré Tiémoko et adjoint au chef, Urbain Pégbanhan Touré à gauche de notre reporter (Ph:S.K=

Le chef du village,Touré Tiémoko et son oadjoint au chef, Urbain Pégbanhan Touré à gauche de notre reporter (Ph:S.K)

En effet, la Mudo propose comme règlement définitif du contentieux, « le déclassement d’une partie de la forêt classée du Kobo au profit des populations de Ouréguékaha, en contrepartie, la partie du territoire dudit village situé au nord de la rivière nabion est mise à la disposition de la Sodefor pour en faire une forêt classée. Cela reviendra à modifier les limites de la forêt classée du Haut Bandama. Les limites de la zone à déclasser et celle cédée en contrepartie seront négociées d’un commun accord. »

En réponse au courrier sus-mentionné, en date du 8 juillet 2014, le Directeur général de la Sodefor Mamadou Sangaré a pris bonne note de la requête. « Je voudrais vous assurer que je prends acte de vos préoccupations. Cependant, dans l’optique de trouver une solution durable à la situation de votre village, je propose la réalisation préalable de l’état des lieux de la forêt avec l’appui de votre mutuelle et la participation des populations locales. A la fin de l’étude, une analyse éclairée des résultats me permettra de donner une suite définitive à votre requêteindique en substance le courrier du Directeur général de la Sodefor.

Plus d’un après les échanges de courriers et la descente musclée des agents des Eaux et forêts dans les plantations des paysans de Ouréguékaha, les populations sont dans l’attente de la clarification de la situation de leurs plantations. Qui doit approcher l’autre pour «  la réalisation préalable de l’état des lieux de la forêt » pour qu’ensuite  « à la fin de l’étude, une analyse éclairée des résultats » permette au Dg de la Sodefor «  de donner une suite définitive » à la « requête » de la Mudo ? Seule la réponse à cette interrogation permettra d’accélérer le dossier et situer les paysans quant au règlement du contentieux dans la forêt classée du Kobo d’une superficie du 16000 ha qui divise la Sodefor et les populations de Ouréguékaha. Le site actuel de ce village est à 36 km de Katiola et à 26 km de Niakaramadougou (Niakara) sur l’axe Katiola-Niakara.

L’historique d’une affaire politico-administrative…

L’ancien village de Ouréguékaha était situé sur l’axe non bitumé  Katiola-Niakara à 41 km de Katiola et à 21 km de Niakara. A cette époque, le village disposait d’une école primaire de trois classes, deux logements d’instituteurs, une église, un puits et un forage équipé de pompe à motricité humaine. « Seulement, voilà qu’on annonce en 1975, la visite du Président Félix Houphouët-Boigny dans le nord, la nouvelle route bitumée qui doit relier Bouaké et Korhogo, » confie le chef du village, l’octogénaire, Touré Tiémoko ; expliquant par ailleurs que « la nouvelle route passera à 13 km de l’ancien village ». »Quelques années après, les travaux de construction du tronçon Katiola-Niakara ont démarré effectivement, » indique avec beaucoup de regret l’octogénaire.

« Face à cette réalité, l’importante et lourde décision de regrouper les villages de Ouréguékaha, Kafiné, Séguélé, Sirgbokaha et Pétionnara est prise par les cadres de la région en collaboration avec les autorités politiques et administratives de l’époque avec à leur tête, les Généraux Thomas d’Aquin et Ouassénan Koné, le député Fangama Pierre-Claver, le préfet de Katiola et le sous-préfet de Niakara. Une fois la décision communiquée aux différents villages, seuls Ouéréguékaha et Séguélé ont adhéré à l’idée. Il a été également  arrêté la décision de regrouper les deux villages sur un site au bord de la nouvelle route. Là encore, une partie de Séguélé s’est désolidarisée et a préféré Ouanandiékaha, » renchérit l’adjoint au chef, Urbain Pégbanhan Touré en attendant qu’une issue définitive soit trouvée à la polémique.

Une vue des poteaux électriques à côté desquels l'uns des villageois manifeste sa joie. (Ph:S.K)

Une vue des poteaux électriques à côté desquels l’uns des villageois manifeste sa joie. (Ph:S.K)

La forêt de Kobo dans laquelle se trouve Ouréguékaha est une agglomération qui fait l’objet d’importants investissements de la part de l’Etat, des filles et fils de la région. Elle a été classée depuis 1939 par Arrêté général N°1014 SE du 27 mars 1939. Son aménagement a commencé par l’abattage des arbres puis les travaux qui ont été conduits par le génie militaire. Ensuite l’ouverture des voies a été faite avant de construire deux forages, à la suite de la mise en place de ses premiers équipements, une école primaire de six classes et six logements d’instituteurs ont été construits. Aujourd’hui Ouéréguékaha a une population de 1680 habitants  selon le recensement et possède deux écoles primaires, un système d’hydraulique villageoise améliorée, cinq forages, un marché. Plongée dans le noir depuis sa création, nous avons pu constater l’arrivée des premiers poteaux électriques dans ce village qui s’apparente de loin à une Sous-préfecture. Un projet accueilli avec beaucoup de joie par la population comme l’atteste le monsieur sur l’image qui a insisté être dans notre objectif avec les poteaux électriques.

 

 Sériba Koné envoyé spécial à Ouréguékaha

 

 

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